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chasing down everything i'm feeling

Jax Beauchamp
Jax Beauchamp


diary : chasing down everything i'm feeling - Page 2 189a071deb6f47b2496a8932f131737c3dcce087
pseudo : Olivia
credits : matthias schoenaerts | rizwans (avatar), awona (code sign), harlivygifs (gif profil), recsbylotte & sacreddonkey (gifs signature), dhruv, moonlight (lyrics)
love life : in a relationship with brandon rose
warnings : violence psychologique/physique (de la part d'un parent), séjour en prison
rp : entre 800 et 1000+, réponses dans l'ordre d'arrivée, aussi régulières que possibles
one year of ftf
1er sujet posté !
Humain
Imparfaitement parfaits !
Est amoureux.se
La famille, c'est important
Cancer
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passe son temps au lac
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two beer or not two beer

   
tw: violence domestique d'un parent (implicite)

Alors qu’il le dévisageait, attendant sa réaction, sa réponse, Jax songea à toutes ces fois où il avait choisi la fuite, fixant le plafond ou un point au loin, même si toute son attention était tournée vers Bran. Il avait toujours été extrêmement conscient de la présence du jeune homme, même à distance, même quand des dizaines de personnes ou des flammes les séparaient. C’était comme un sixième sens, un frisson qui lui glissait sur la peau, une brûlure sous les côtes, une pression sur les poumons. Il était alors plus facile de regarder Bran lorsque celui-ci regardait ailleurs, concentré sur autre chose. Jax avait alors tout le loisir d’admirer la beauté du gosse de riche, de deviner le goutte-à-goutte de son coeur fondant en secret, mais il était également arrivé qu’il assiste avec impuissance à sa contrariété, lorsque le garagiste n’avait pas eu les mots qu’il fallait, ni la réaction attendue. L’ainé des Beauchamp avait alors l’impression de marcher sur des éclats de verre, une douleur vive lui infligeant des estafilades invisibles, qui saignaient lentement et longuement. Ils avaient toujours su mieux communiquer en silence, comme s’ils ne parlaient pas la même langue lorsqu’ils avaient recours aux mots — à moins que ç’ait juste été lui qui était incapable de s’exprimer comme il fallait. Alors, étaient-ce les dix-huit dernières années d’absence, de séparation, qui lui permettaient d’affronter aujourd’hui le regard de Bran ? Ou avait-il trop peur que le rêve s’évanouisse s’il détournait les yeux, s’il retombait dans ses vieux travers ? Que Bran se volatilise, que leurs retrouvailles n’aient été qu’un mirage ? Ou voulait-il pouvoir attraper la main de Bran avant qu’il file si, une fois de plus, ses paroles maladroites avaient raté leur but ? À moins, simplement, qu’il se sente incapable de ne pas profiter de chaque seconde à regarder l’homme qui lui avait si cruellement manqué, toutes ces années ?
— Don’t be. Tu étais… étourdissant.
Si une onde de chaleur se répandit dans sa grande carcasse fourbue en devinant le rire silencieux de Bran, celle-ci s’éteignit comme une bougie soufflée lorsque sa question arrêta les gestes doux de son amant et Jax déglutit, les mots coincés dans la gorge. Il aurait voulu lui dire qu’il plaisantait, que c’était son éternelle et légendaire maladresse qui le forçait à dire des conneries, qu’il ne pensait rien de ce qu’il disait — qu’il n’avait jamais réellement pensé les choses qui avaient blessé Bran. Il voulut lui attraper la main, la serrer, mais celle-ci lui échappa, préférant lui administrer une remontrance indolore.
— Right. C’est exactement ça. Tu m’as totalement percé à jour, c’était mon but depuis le début. Je reviens.
Bran se leva, quitta le lit et l’espace abandonné, malgré la chaleur du corps qui y persistait, lui sembla froid lorsque Jax passa la main sur le drap. La silhouette du danseur disparut dans le couloir et Jax lâcha un soupir résigné, fermant les yeux, se maudissant d’être aussi empoté dès qu’il s’agissait de livrer un peu du bonheur qui lui chatouillait le coeur. Le cuisinier se massa le visage, s’efforçant de chasser le malaise qui menaçait de ternir leurs retrouvailles, et baissa les mains en entendant les pas revenir vers la chambre. Bran reparut, une serviette humide à la main et Jax se redressa, les yeux à nouveau rivés au visage de son invité, le gorge nouée, une boule dans le ventre, tentant d’évaluer les dégâts occasionnés, mais Bran se contenta de s’asseoir sur le bord du lit pour lui passer la serviette sur le ventre, avec cette douceur que le jeune homme dissimulait si bien, insoupçonnable pour qui n’avait pas franchi le stade de l’amitié ou de l’intimité.
— Je suis désolé…, souffla Jax, la voix si basse qu’elle en était presque inaudible.
Il se rallongea lorsque Bran vint se blottir contre lui, la main sur la rose tatouée. Jax ne bougea que pour pouvoir passer son bras autour des épaules de Bran et caresser doucement son omoplate. Son menton frotta doucement contre les cheveux du danseur, comme un mouvement fantôme ressuscité d’un temps lointain, un été caniculaire, où il avait souvent cru être au paradis.
— Je suis venu parce que…
La cadence cardiaque de Jax s’emballa bien malgré elle, tandis qu’il attendait la suite avec impatience et appréhension. L’ainé des Beauchamp s’efforça de contrôler sa respiration mais son esprit était parasité par le silence, tandis que ses yeux clairs fixaient le plafond, toute son attention rivée à l’homme qu’il enlaçait, conscient de chaque zone de son corps pressée contre le sien, des doigts qui effleuraient délicatement sa peau, des vibrations de sa voix qui traversaient les parois de leurs cages thoraciques pour se répandre en lui.
J’avais besoin de te voir. J’aurais trouvé n’importe quel prétexte. Tu n’es pas le seul à perdre la tête. Le noeud se resserra, son coeur s’emballa. Bran décelait-il son trouble ? Son oreille entendait-elle les battements irréguliers, ou bien sa main percevait-elle les pulsations sous la rose ? Jax ouvrit les lèvres mais aucun mot n’en sortit — à la place, il aspira l’air, comme si respirer était devenu une épreuve, et son torse se gonfla, gardant l’oxygène prisonnier. Son corps avait-il donc oublié les réflexes les plus primaires ? Ne se remémorait-il plus le fonctionnement de la respiration ?
— Parfois, j’ai l’impression de ne jamais avoir refait surface, après le ponton. Je suis tombé et je ne suis jamais revenu de toi.
Jax ferma les paupières, pinça les lèvres, comme si cela allait endiguer la vague de tristesse qui menaçait de l’emporter. Il ne les rouvrit qu’en sentant le regard de Bran, toujours muet, absorbant les aveux, et il se perdit dans les yeux du garçon qu’il avait passé sa vie à attendre, sans savoir que c’était lui, la première fois, et ensuite douloureusement conscient qu’il n’y en aurait pas d’autre, que ça serait toujours @Brandon Rose, ici ou ailleurs, présent ou absent, tatoué sur sa peau abimée et encré dans son coeur meurtri.
— Je ne savais même pas si tu accepterais de me voir.
Le cri de protestation qu’il aurait voulu libérer se borna à un grondement vaincu et Jax se tourna légèrement sur le côté, passant son bras libre autour des hanches de Bran pour l’étreindre plus étroitement.
— Pas que ça m’ait arrêté par le passé…
Bran parlait et Jax n’avait que les gestes pour répondre, l’étau de ses bras se refermant, ses lèvres pressées contre le front du gosse de riche.
— Mais tu m’as ouvert la porte.
Il n’aurait pas pu faire autrement. Il avait passé sa vie à ériger de murailles impénétrables qui s’étaient muées en papier mâché dès que Brandon Rose s’en était approché. Un coup d’épée de sa langue effilée et il avait fendu la piètre défense, révélant la fragilité que Jax cherchait tant à cacher. Parce qu’il savait qu’il avait le coeur trop tendre, malgré son visage fermé, ses silences butés. Parce qu’il n’avait jamais su tenir tête à son père, même pour protéger sa soeur. Il en était venu à redouter toute forme de tendresse et d’attachement, persuadé qu’on ne viendrait que pour le saccager davantage, le déposséder du peu de dignité qui lui restait. Sauf que Bran avait planté un jardin de roses par la brèche qu’il avait ouverte. Elles s’étaient multipliées, odorantes, magnifiques, jusqu’à combler chaque interstice de son être. Non, il n’aurait pas pu faire autrement qu’ouvrir la porte à Bran — que ce soit celle de son appartement spartiate ou celle de son coeur qui n’avait jamais fait le deuil de son amour de jeunesse.
Bran se redressa et Jax desserra son étreinte, sans pour autant le lâcher, les mains toujours posées sur sa peau, l’une sur l’épaule, l’autre sur la hanche.
— A l’époque, je rêvais de voir ta chambre.
Des images fracturées, des sortes de flashes aveuglants, passèrent devant les yeux de Jax et pendant quelques secondes, à la manière d’un effet d’optique dans un film, son ancienne chambre se superposa à celle-ci. La vieille commode où il rangeait ses vêtements remplaça la garde-robe placée contre le mur. Le papier peint usé d’une chambre de gamin couvrit les murs blancs de la pièce épurée. Le lit deux places rétrécit, ils n’auraient jamais pu tenir ensemble dans son lit d’adolescent. Loin d’éprouver un sentiment de nostalgie à l’évocation de cette chambre que Bran avait rêvé de visiter, c’est une vague nauséeuse que Jax sentit remonter le long de son oesophage.
— Il suffisait d’être patient, je suppose…
Le cuisinier força un sourire sur ses lèvres, tandis que son esprit s’efforçait de se défaire des souvenirs comme des fils d’une toile d’araignée, et seule la douce attaque de baisers de Bran le délivra de ce puits dans lequel il ne voulait pas sombrer.
— Je voulais exister dans ta vie, comme tu existais dans la mienne. C’est tout ce que je voulais. Ce que je veux. Si tu veux bien de moi.
Jax ne réalisa qu’il fixait le couloir plongé dans la pénombre que lorsque la main de Bran glissa sur son visage, l’incita à tourner la tête vers lui, le ramenant au présent, à la réalité.
It was his turn to talk.
Le silence le lui indiqua. L’attente muette d’une réponse qu’il aurait dû donner dix huit ans plus tôt — alors, tout aurait pu être si différent.
Mais par où commencer ? Jax avait eu presque deux décennies pour songer à ce qu’il dirait à Bran si la chance lui était donnée de réparer le passé. Il avait envisagé mille et un discours mais ils semblaient tous s’être envolés, soufflés par la présence de l’héritier Rose dans son lit.
— Tu n’aurais pas pu exister dans ma chambre, souffla-t-il au bout d’un moment, et sa voix lui donna la sensation d’être celle du garçon de vingt-quatre ans qu’il avait été. Chez moi, je n’existais pas.
Incapable de rester allongé, d’enlacer Bran comme si ce qu’il lui avouait ne l’écorchait pas vif, Jax se redressa en position assise, les bras serrés contre lui, le dos voûté. Il parvint toutefois à regarder Bran, là où, autrefois, il lui aurait tourné le dos s’il avait eu le courage de lui livrer ces vérités que le garçon n’était alors pas prêt à entendre, il en était persuadé.
— Ma chambre, c’était juste une pièce où je dormais. Ou j’attendais que l’orage passe. J’avais toujours le papier peint du gamin de la famille qui avait habité là avant nous. Vingt-quatre ans et une frise de voitures de course qui courait sur tous les murs, t’imagines ? Aucun de mes meubles n’était accordé à un autre. Mon lit grinçait à chaque fois que je me retournais. La fenêtre de ma chambre donnait sur l’immeuble d’en face. Non, Bran, tu n’aurais pas voulu voir ma chambre et je voulais encore moins que tu la voies.
Se montrait-il trop brutal ? Ne pouvait-il se contenter de lui assurer que, bien sûr, il le voulait dans sa vie, qu’il n’avait jamais rien voulu d’autre de son existence ?
Non. S’il fallait qu’il évoque sa vie d’avant, il fallait que ça soit maintenant, encore enveloppé de la chaleur de leur étreinte, de leurs retrouvailles toutes fraiches.
— Mais ça ne veut pas dire que tu n’existais pas dans ma vie. Parce que ma vie, elle commençait hors de ces murs. Elle était autour des feux de joie, sur le ponton, dans ta chambre. Il n’y avait que là que j’avais la sensation d’exister, d’être quelqu’un. Avec toi.
Son regard éperdu ne quittait plus Bran et il posa la main sur le genou du danseur, comme pour s’assurer qu’il continuait à avoir toute son attention, ou tout simplement pour s’assurer de sa réalité.
— Tu existais dans ma vie et je regrette d’avoir été incapable de te le montrer à l’époque. Je pensais à toi à longueur de journées. Le temps ne me paraissait jamais aussi interminable que quand on passait deux jours sans se voir. Je vivais pour nos moments à deux, au calme, dans ta chambre. J’y serais resté ma vie entière si j’avais pu.
Bran ne le croirait peut-être pas : n’avait-il pas passé des jours à le chasser, à nier l’évidence, juste pour ne pas être le boulet qui l’empêchait de quitter Dupree ? Ne s’était-il pas évertué à taire ses sentiments, à ravaler ses émotions, pour ne pas faire espérer le danseur qui ne verrait jamais les étoiles s’il restait avec lui ?
Jax pinça les lèvres.
— Je n’ai jamais vraiment fermé la porte, Bran. Même quand j’essayais de te persuader du contraire. Ça fait dix-huit ans que je t’emporte partout où je vais.
Sa voix s’éteignit et il inspira à nouveau comme si l’air peinait à atteindre ses poumons, détournant brièvement les yeux.
— Tu sais ce que je regrette le plus ? C’est de ne pas avoir été assez rapide, ce jour-là.
Une douleur sourde lui perça le corps et pendant un instant, Jax crut qu’il ne parviendrait pas à poursuivre. Il força pourtant ses lèvres à s’ouvrir, sa voix à s’élever.
— Je voulais juste récupérer quelques affaires pour Skylar. Déguerpir avant qu’il revienne. Je savais qu’elle pourrait rester chez toi et je serais allé squatter chez l’un de mes potes. Ça devait être la dernière fois que je mettais les pieds là-bas.
Il n’avait pas besoin d’énoncer la suite, ils la connaissaient tous les deux : son père était revenu plus tôt que prévu, il avait trouvé son fils occupé à fourrer des affaires dans un sac, n’avait eu aucun mal à deviner le projet de Jax. Il y avait eu des cris, des coups mais Jax était déterminé, près à lutter, à s’échapper.
Jusqu’à ce que Bran vienne marteler à la porte.
— Tu ne t’en rends pas compte mais tu m’as sauvé. Tu m’as appris à aimer, même si je n’étais pas doué. Tu m’as montré qu’il y avait une porte de sortie, que je pouvais être libre si je ne me contentais pas de subir ma vie. Tu m’as montré que je pouvais être heureux. Et te savoir heureux sur scène, ça me suffisait.
Il se dévidait mais cela lui faisait du bien, comme s’il ouvrait les coutures de son coeur et se délestait de tout ce qui l’encombrait.
— Tout ça pour dire que bien sûr que j’accepterais de te voir. Ma porte te sera toujours ouverte. Nous sommes liés par Skylar et par ce qu’il s’est passé cet été-là. Mais je ne vais pas mentir, je suis ravi de la tournure qu’a pris ta visite…
Pouvait-il prétendre qu’elle était inattendue ? Peut-être.
À moins que cela ait tourné dans un coin de sa tête depuis le soir pluvieux où Bran avait débarqué à la Waterfront Kitchen.
Un coin qu’il n’avait pas osé explorer, de peur de se faire souffrir inutilement.
You’re such an idiot, Jax Beauchamp.
It’s Brandon Rose, remember ?

_________________
Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
Brandon Rose
Brandon Rose


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pseudo : rizwans, elle.
credits : tveit — kidd (av), cs (self, sacreddonkey, recsbylotte), img pr (catbishonen).
fae house : 3/4 comet.
disposition : unstable telekinesis. it's getting worse.
love life : in a relationship w/ the love of his life.
warnings : classisme, blessures, relations familiales conflictuelles, mention de tca (passés).
rp : 800/1000+ mots, 1rp toutes les 2/3 semaines (jamais plus vite, sauf miracle).
Bright
Entre deux mondes...
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every day is wine day
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Si tu veux bien de moi.

Le coeur de Bran battait à tout rompre. Il le sentait tenter de se libérer de sa prison d’os et de fleurs pour mieux être recueilli par les mains de Jax. C’était là que son coeur voulait vivre, battre et aimer. C’était là qu’il avait rêvé d’être, sans se l’avouer, pendant dix-huit ans, cherchant dans d’autres bras ce qui n’existait qu’ici, dans l’intimité emmêlée des draps et des corps, dans la chambre de Jax. Mais les sentiments de Bran n’avaient pas besoin de circonstances particulières pour exister. Qu’ils se soient trouvés dans le couloir d’un palace ou dans les méandres d’une ville inconnue, que leur rencontre fut le fruit du hasard ou orchestrée par des forces mouvantes, Bran savait intimement que leurs yeux se seraient trouvés, que leurs mains se seraient effleurées, que leurs coeurs se seraient répondus. Dupree n’avait été qu’un coup de chance, un alignement des planètes qui avait précipité leur collision à un moment de leurs vies où tout semblait s’étirer dans toutes les directions. Ils avaient existé au centre de ce labyrinthe ; et comme chaque sortie ne semblait leur offrir que la séparation, comme il était jeune et fougueux et impatient, Bran avait refusé de voir la réalité en face.
Mais ce soir, c’était différent.
Chaque sortie leur promettait l’ivresse et la danse, la lumière et la fête.
Take my hand, please. Just take my hand. Want me, like I want you.

Il regardait Jax comme si ce dernier détenait la réponse à l’univers, et peut-être était-ce le cas, puisque son monde se résumait soudain à lui. Bran se sentait suspendu à ses lèvres, n’osant respirer qu’au rythme de l’aîné des Beauchamp. Il y eut un silence, durant lequel Bran crut que son coeur se noyait.
Tu n’aurais pas pu exister dans ma chambre.

Oh. Ok, then.
Sonné, Bran resta silencieux. Sa main tomba du visage de Jax comme une pierre et il recula de quelques centimètres, blessé en plein coeur.
Chez moi, je n’existais pas.
Jax lui échappa des mains et Bran ne parvint pas à le rattraper, juste à s’asseoir à son tour, le corps à moitié couvert par les draps encore chauds de leur étreinte. Un frisson glissa le long de ses bras, glacé et désagréable. Même le regard de Jax ne parvint pas à le réchauffer. Ma chambre, c’était juste une pièce où je dormais. Ou j’attendais que l’orage passe. Il cilla légèrement, reconnaissant dans les mots de son amant ceux, plus crus, de Sky. Pourquoi avait-il espéré que le récit serait différent, cette fois-ci ? Elle lui avait opposé le même discours, toujours sous l’influence de l’alcool, au plus noir de la nuit, toujours lorsque la fête se finissait et que ni le bruit ni la musique ne pouvaient engloutir ses souvenirs, et quelque part, Bran avait lâchement espéré qu’elle déforme la réalité. They both suffered so much, et il n’avait rien pu faire, malgré son argent, malgré le pouvoir illusoire qu’il pensait détenir. « Mais c’était ta chambre. » protesta-t-il d’une petite voix, entêté malgré tout. C’était ta chambre et j’aurais voulu la voir, pour te connaître, t’aimer, te comprendre ; il comprenait ce que Jax avait voulu lui cacher, pour les préserver tous les deux, mais la lame dans le coeur de Bran s’enfonçait encore un peu plus à l’idée que son amant ait dû faire face seul à ces heures violentes. Quels orages le jeune Jax avait-il dû essuyés seul ? Combien de fois s’était-il caché entre les couvertures, faisant semblant de dormir, pour échapper à la fureur paternelle ? Et combien de fois cela n’avait-il servi à rien ?
Toujours silencieux, Bran serra les poings. Malgré les mises en garde de Jax, malgré sa volonté de mettre de la distance entre eux, il s’en voulait de ne pas avoir été là, avec Jax, dans son lit d’enfant, pour le protéger. Il aurait voulu que quelqu’un soit là pour lui dire que tout irait bien.
Que sa vie ne serait pas toujours une succession de coups et de cris, qu’il y aurait un jour de la musique et des rires, des feux de joie et des caresses secrètes dans la pénombre.
Mais ça ne veut pas dire que tu n’existais pas dans ma vie.
Plus que la main de Jax sur son genou, ce fut ses mots qui le recouvrit d’un voile tiède, comme la caresse d’un vent venu d’ailleurs. Il eut l’impression de sentir à nouveau la caresse du soleil sur sa peau, le contact humide et chaud du bois dans son dos, la main de Jax qui se glissait dans la sienne. Il n’y avait qu’à convoquer ces images pour qu’il ressente à nouveau cette liberté dans ses veines, cet élan passionnel qui lui donnait des ailes et faisait fleurir des roses entre ses os.
He was happy. At least, I made him happy, just for a little while.

Jax avait été heureux avec lui, même lorsque leur relation n’avait été faite que d’interstices et de moments volés à d’autres heures, et la pression qui tenait son coeur en étau se dénoua. J’y serais resté ma vie entière si j’avais pu. Ça fait dix-huit ans que je t’emporte partout où je vais. Avant même qu’il ne puisse y réfléchir, Bran posa la main sur le poignet de Jax en réponse muette. I’m here now. Il était là et il n’allait nulle part. La présence de Jax l’ancrait à Dupree, le ramenait ici quoiqu’il fasse, l’attirait irrésistiblement. C’était leur chance et il allait la saisir.
Mais presque aussitôt, une ombre passa sur le visage de son amant, fugace, mais si sombre que Bran se tendit, une ombre qui était apparue, parfois, lors de leurs moments à deux, lorsqu’il insistait et que Jax lui opposait une résistance rageuse, une ombre qui semblait pourvue de griffes, qui remontait le long de son cou, qui serrait, serrait, serrait…
Sa prise autour du poignet de Jax se resserra et il se prépara pour l’impact.
Tu sais ce que je regrette le plus ? C’est de ne pas avoir été assez rapide, ce jour-là.

Ce jour-là…

Bran cilla. Malgré tout, il maintint le contact avec Jax, se rapprocha même de quelques centimètres. Leurs épaules s’effleurèrent.
— Jax, commença-t-il, d’une voix basse, presque brisée, sans savoir s’il voulait intimer le silence ou l’encourager à continuer. 
Il redoutait la vérité comme l’ignorance, la souffrance comme le silence. L’angoisse familière lui nouait le ventre, glaçait ses tempes, ce jour-là, ce jour-là, ce jour-là, la litanie obsédant chaque recoin de son esprit. Et pourtant, il savait qu’il devait écouter, malgré l’angoisse, malgré la colère, aussi, qui bouillonnait et affluait à la surface, malgré les regrets, l’envie d’attraper Jax par les épaules et de lui demander why didn’t you tell me?, et enfin, malgré la culpabilité qui se déversait en lui comme une cascade. 

Ils avaient failli y arriver.
Ils avaient failli se rejoindre. 

Si seulement il s’était retenu de venir frapper à la porte, si seulement il avait su attendre, si seulement…

Sa vue se brouilla, et Bran baissa les yeux un instant.
Tu ne t’en rends pas compte, mais tu m’as sauvé. Tu m’as appris à aimer.
Il releva la tête si vite qu’il faillit se dévisser le cou, le coeur menaçant de sauter hors de sa poitrine.
So you did love me?
Te savoir heureux sur scène, ça me suffisait.
Malgré ses efforts, Bran sentit une larme rouler sur sa joue, et il l’essuya rageusement, comme un gamin dont l’orgueil ne lui permettait pas une telle démonstration de faiblesse. Ça lui suffisait ? «  Ça ne me suffit pas, à moi. » murmura-t-il, implacable. Non, ça n’était pas assez que Jax soit heureux par procuration. Ça n’était pas assez de savoir que l’homme qu’il aimait, le garçon dont il était tombé amoureux et dont il n’était jamais revenu, avait vécu sa vie entre quatre murs, en pointillés, en rasant les murs. Ça ne lui suffisait pas. Ça ne serait jamais assez.
Il voulait plus. Pour eux, mais surtout pour Jax.
Il releva les yeux, écouta les derniers mots de Jax, et la tempête qui couvait s’électrisa, pleine d’orage et de bruit. Les tactiques de l’aîné des Beauchamp pour le maintenir à distance n’avaient pas tellement changé, et il reconnut l’une d’entre elles comme si c’était hier. Oh, il était ravi ? Ravi ?! « C’est vraiment ce que tu penses ? Que c’est Sky qui nous lie ? Que c’est juste cet été-là ? » fit-il, après un silence, la mâchoire contractée, le regard en plein ouragan Il ne voulait pas ignorer les aveux de Jax - ne le pouvait pas - mais cette ultime confession l’avait foudroyé en plein coeur. « You still don’t get it, do you? » siffla Bran entre ses dents. Soudain et sans admettre de résistance, il enfourcha les cuisses de Jax et se retrouva face à lui, son ventre pressé contre le sien, ses mains passant derrière son cou. Egoïstement, il ne voulait pas que Jax puisse fuir ni ses yeux ni son étreinte. Il verrouilla leurs regards, ses yeux plus sombres qu’un ciel d’orage et pourtant zébrés de lumière. « Tu n’es pas que le frère de Skylar. Tu n’es pas que le fils de ton père. Tu n’es pas une arrière-pensée ni une pièce rapportée. Ni pour moi, ni pour personne. » asséna Bran, féroce. Combien de fois fallait-il devoir lui répéter pour que Jax s’en convainque ? Ah, il avait envie de l’attraper par les épaules, de le secouer jusqu’à ce qu’il en soit persuadé, d’effacer tous les coups et tous les mots qui avaient bien pu le persuader du contraire. Il voulait recouvrir l’âme et la peau de Jax de sa marque, faire cicatriser les blessures invisibles qui parcouraient son corps, aspirer le poison qui troublait l’essence même de son existence. Il aurait voulu prendre sa douleur et sa peine, et les échanger contre son coeur, si c’était ce dont il avait besoin. Bran le lui donnait, sans compromis, sans contrat. « Tu es quelqu’un. Tu es un homme, à part entière. » Bran prit le visage de Jax en coupe et le regarda droit dans les yeux, son regard intense, sa voix farouche, n’admettant aucune réplique. Il considéra Jax un instant, la douceur sérieuse de ses yeux, la familiarité de ses traits. L’une de ses mains glissa le long de la mâchoire de Jax, en caressa la ligne masculine, puis vint effleurer sa bouche. « Mon homme. » murmura-t-il, la fermeté de sa voix aussi douce que du miel. Comment aurait-il pu décrire autrement ce que Jax avait été - était toujours - pour lui, malgré les années qui s’étaient étiolées comme des pétales fanés ? Son amant, audacieux et ardent. Son secret, orageux et lointain. Son amoureux, tendre et fragile. Il avait existé dans toute sa complexité dans le coeur de Bran, toujours entier, jamais à demi. Était-il trop tôt pour exiger un droit de reconquête ? Allait-il faire fuir Jax en avouant si ouvertement ce qu’il espérait - ce qu’il ressentait, tout simplement ?
L’orage dans ses yeux se calma et Bran se mordit la lèvre.
Non. Il avait suffisamment perdu de temps à prétendre qu’il préférait se perdre.
— Mon Jax, confessa-t-il, tout bas, alors que ses pouces glissèrent pour caresser les tempes douces et chaudes, et que son front se penchait pour toucher celui de son amant.
Il resta ainsi pendant un temps, une seconde, une minute, l’éternité, toutes les unités de mesure se confondant alors que sa peau retrouvait celle de Jax, qu’il l’enlaçait avec une tendresse farouche et implacable. « Je ne supporte pas l’idée que tu aies dû souffrir seul, si longtemps. » souffla-t-il finalement. Il se tut à nouveau pour mieux écouter le coeur de Jax qui battait contre le sien, ce coeur si tendre et sérieux, si constant, qu’il était facile de provoquer et de tourmenter, et dont il voulait explorer à nouveau chaque veine. « Ce jour-là, je n’ai pas réfléchi, je— J’avais le coeur en lambeaux, je voulais juste te voir, essayer de te convaincre une dernière fois de venir avec moi. J’y croyais tellement. » Et quelque part, il y croyait encore. Il y avait toujours cru. Peut-être y aurait-il eu d’autres obstacles, d’autres revers, mais au moins, ils auraient été les leurs. Peut-être auraient-ils explosé en plein vol, se prenant la réalité de plein fouet, mais au moins, au moins, Jax aurait été libre. Libre de rester, libre de partir, libre de lui briser le coeur de mille et une façons ou de l’aimer aussi longtemps qu’il le voulait. Une vague infinie de regrets le submergea et Bran s’agrippa à Jax, glissant son visage dans son cou pour dissimuler « Si j’avais su, je ne serai jamais venu, je— Je t’aurais attendu. Pardonne-moi. » balbutia-t-il, sa voix étouffant sous les remords. Pourquoi ne lui avait-il pas fait parvenir le message ? Pourquoi avait-il fallu que leurs absences de mots se mettent en travers d’eux ? « Je t’aurais attendu aussi longtemps qu’il l’aurait fallu, j’aurais dû juste t’attendre. » continua-t-il. Ses mains glissèrent entre les omoplates de Jax et il rapprocha davantage leurs corps, si c’était encore possible. L’orage qui sévissait en lui s’évapora pour se transformer en pluie tiède et purificatrice ; elle glissait sur sa peau, effaçait les regrets, révélait l’espoir tatoué à même sa peau. Bran prit une grande inspiration, rouvrit les yeux et se redressa légèrement. Ses yeux rouges trahissaient son émotion, mais il tint bon, féroce et âpre, vibrant et amoureux comme au premier jour. « Et je t’attendrai encore. J’enfoncerai toutes les portes, tu m’entends ? Même les portes ouvertes. » You better hear me. Because I’m not letting go, this time. Il encadra le visage de Jax de ses mains et lui vola un baiser maladroit et avide, se décollant à peine de lui, leurs nez s’effleurant dans un geste malhabile. Tant pis. Bran prenait toutes les imperfections, les entredeux, les battements loupés. Son coeur allait exploser. « Toujours ravi de ma visite ? » demanda-t-il, dans un rire essoufflé et timide qui se perdit entre eux, ses lèvres effleurant à nouveau celles de Jax.
You idiot.

I'll always knock at your door.
Always.

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a force from above, cleaning my soul, flame on burn desire, love with tongues of fire.