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chasing down everything i'm feeling

Brandon Rose
Brandon Rose


diary : chasing down everything i'm feeling 393dcba44e81b216b24ed5ba80d883cc
pseudo : rizwans, elle.
credits : tveit — kidd (av), cs (self, sacreddonkey, recsbylotte), img pr (catbishonen).
fae house : 3/4 comet.
disposition : unstable telekinesis. it's getting worse.
love life : in a relationship w/ the love of his life.
warnings : classisme, blessures, relations familiales conflictuelles, mention de tca (passés).
rp : 800/1000+ mots, 1rp toutes les 2/3 semaines (jamais plus vite, sauf miracle).
Bright
Entre deux mondes...
Merci pour la pub !
Serial topic poster !
Capricorne
Âme d'artiste
Aime la vie en ville
Dog Lover
Coffee Nation
De la Comète
Dépensier.ière !
Badge Summer 2022
Merci d'avoir participé au Summer Festival !
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Aime la plage
Life of the party
Est amoureux.se
one year of ftf
passe son temps au lac
Le sport, c'est la vie !
Skincare guru
every day is wine day
Est en couple

   
jax&bran,
Feel it in my bones, it's down to the wire
It's more than a dream, it's more than desire
I can feel you holding your breath
And you don't know, no, what I'm gonna do next

— arkells, years in the making

2 days before christmas...
Deux jours plus tôt, Bran avait commis l’erreur fatale de répondre au coup de téléphone annuel de son père. En l’espace de cinq minutes, il avait appris qu’Anton Rose avait divorcé de sa deuxième femme (what a shame, avait-il songé en levant les yeux au ciel), mais que dans un retournement de situation spectaculaire et après un soul-searching intense passé dans un cinq étoiles tout inclus aux Maldives, ce dernier avait finalement trouvé le véritable amour en la personne de Jessica, vingt-cinq ans (great), instructrice de yoga et wannabe influenceuse. Sa présence était non pas attendue, mais requise par les futurs mariés (quelque chose à propos de l’importance de la famille, que Bran n’avait écouté que d’une oreille, peu sensible à ce genre d’arguments et encore moins lorsqu’ils sortaient de la bouche de son père), pour la cérémonie qui aurait lieu le vingt-quatre décembre, à New York. Bien entendu, que tous les avions du pays soient cloués au sol pour cause d’ouragan hivernal ne semblait pas être le problème de Jessica. You should go, avait dit Skylar. You might regret it if you don’t. Ugh, il détestait qu’elle ait raison. Il détestait aussi que ses mots aient résonné autrement, se rappelant à son bon souvenir dès qu’il cherchait à leur échapper.
Well, avant New York et ce fichu mariage, il avait quelque chose de plus important à faire.
Un détour. That's all.
Il avait garé sa Jeep devant le petit complexe d’appartements qui donnait sur Flint Orchard et pianotait nerveusement sur son volant depuis, le regard rivé au petit portail qui marquait l’entrée de la résidence. À côté de lui, sur la place du passager, reposait un paquet fin et rectangulaire de taille moyenne, enveloppé dans du papier scintillant. Sur un petit autocollant, en lettres noires entortillées sur elles-même, il avait écrit le nom de celui auquel il le destinait. Jax.
Bran laissa tomber sa tête en arrière et poussa un soupir en fixant le plafond de l’habitacle. Ce soir encore, il ne parvenait pas à expliquer l’enchaînement d’évènements qui l’avait mené jusque-là. Oh, il pouvait retracer ses pas et se souvenir du moment où cet album du Petit Prince avait accroché son regard dans la vitrine de la librairie, quelques jours plus tôt, mais il ne pouvait toujours pas élucider le mystère qui l’avait poussé à l’acheter, puis à le cacher dans sa voiture pour éviter que Skylar ne tombe dessus - et encore moins pourquoi il avait choisi de le remettre en mains propres à Jax, ce soir entre tous, alors qu’il aurait pu trouver n'importe quel autre moment, chercher n'importe quelle autre raison.
Ou peut-être le savait-il, et peut-être était-ce la raison pour laquelle il avançait à reculons, un pas en avant, deux pas en arrière, et maintenant qu’il était parvenu si près du but, l’ombre se levait, révélant ce qu’il cherchait à ignorer.
À l’extérieur, un mouvement attira son regard. Un couple était sur le point de pousser le portail d’entrée - elle, portant des dizaines de sacs à bout de bras et lui, encombré par un énorme paquet.
Son corps perçut la chance avant que sa conscience ne le fasse, et il sortit de sa voiture, le paquet sous le bras. Il traversa la rue couverte de neige et arriva juste au moment où le couple laissait le portail se refermer derrière eux. Bran se glissa derrière eux au dernier moment, et entendit la griller se fermer derrière lui dans un bruit sourd et inéluctable. Ses mains se resserrèrent autour du paquet. Well. No turning back, now. Parce que Skylar lui avait fait répéter son plan de naissance d’urgence des dizaines de fois, il connaissait l’adresse de Jax par coeur, mais il lui fallut quelques minutes pour s’orienter - et quelques minutes de plus pour finalement bouger lorsqu’il comprit qu’il devait monter les escaliers. Et quelques minutes encore, lorsqu’il parvint enfin devant la porte qu’il redoutait, pour y frapper et s’annoncer.
I can still run. Il pouvait juste déposer le paquet contre la porte de Jax, dévaler les escaliers en courant, sauter la dernière marche, et l’aîné des Beauchamp ne saurait jamais qui avait déposé cet album première édition du Petit Prince contre sa porte. Et si jamais il avait des soupçons, Bran n’aurait qu’à nier jusqu’à ce que mort s’ensuive. C’était un plan sans accrocs, qu’il était prêt à mettre à exécution d’une seconde à l’autre.
Mais la porte s’ouvrit avant qu’il ne puisse fuir, et Bran sentit le même noeud, exquis et douloureux, se former au creux de son ventre lorsque le rideau se levait et qu’il pouvait deviner les formes immobiles de l’assistance se tendre, à l’affût du moindre de ses mouvements. La silhouette de Jax se découpa dans l’encadrement de la porte et la chaleur de l’appartement effleura brièvement Bran. « Jax. Hey. » balbutia-t-il. Ridicule. Était-ce tout ce dont il était capable ? « Le portail était ouvert. » annonça-t-il de but en blanc, mensonge éhonté, comme si ce seul fait justifiait sa présence devant l’appartement de Jax à cette heure incongrue. Le portail était ouvert, et il n’avait pas eu le courage de prendre le risque de se faire refuser l’entrée alors il avait choisi d’entrer comme un voleur, en louvoyant, le portail était ouvert, et il était trop conscient du double-sens qui n’existait sans doute que dans sa tête, le portail était ouvert, et il était là désormais, sans possibilité de repli, sans plan pour disparaître dans un nuage de fumée. Là, frigorifié (car il ne sacrifierait jamais le style pour le confort, même s’il devait mourir d’engelures sévères), exposé jusqu’à l’os, vulnérable sans vouloir l’admettre. « Je pars pour New York ce soir. » poursuivit-il, conscient que ça n’expliquait pas non plus sa présence. Il y eut un moment de silence, de flottement, durant lequel Bran eut une impression douce-amère de déjà-vu.
Il avait déjà frappé à la porte de Jax, il y a longtemps.
À l’époque, il était bien décidé à obtenir ce qu’il voulait, à ne pas en rester là, et où cela les avait-ils menés ? Tout avait changé : la saison, l’heure, la situation, leurs circonstances. Et pourtant, la sensation courait le long de sa peau, familière, tiède comme une après-midi d’été. Pourquoi eut-il brièvement l’impression d’être renvoyé à ses dix-huit ans, le coeur pris en étau dès que Jax Beauchamp ouvrait une porte, qu’importe qu’elle soit réelle ou métaphorique ?
Bran resserra son emprise autour du paquet et prit son courage à deux mains. Il n’attendait aucune porte, aucune ouverture, aucun entre-deux ; et de toutes façons, qui ne tapait pas à la porte de son premier amour une veille de Noël pour lui offrir un cadeau rare, précieux et unique ? C’était un comportement tout à fait commun, répandu et rationnel, et il ne tolérerait rien qui sous-entendrait le contraire. Checkmate! « Mais j’ai quelque chose pour toi et— » Une bourrasque hurlante l’interrompit, cri de neige et de vent, et Bran se détourna un instant, levant le visage vers le ciel d’encre. Parfait. La seule chose qu’il aimait plus que de faire la route de Dupree jusqu’à New York pour se rendre chez son père et sa troisième femme de nuit en voiture était faire la route de Dupree jusqu’à New York en voiture pour se rendre chez son père et sa troisième femme de nuit en voiture, en plein blizzard. Était-ce un signe ? « Comme je disais, j’ai quelque chose pour toi. » répéta-t-il, reportant son regard courroucé vers Jax. Il se fichait royalement d’être en plein « blizzard du siècle » ou de traverser « la pire tempête de neige que la côte Est ait vécu », merci bien : il avait un cadeau à offrir et il ne souffrirait pas d’être interrompu.
Leurs regards se retrouvèrent - et un frisson qui ne devait rien à la tempête de neige et tout aux yeux clairs et profonds de l’aîné des Beauchamp courut le long de son corps. Ses joues se marbrèrent de mille et une nuances de rose, et Bran se racla la gorge. « Je voulais que tu l’aies avant Noël. » fit-il en tendant enfin le paquet vers son destinataire. Des flocons se déposaient partout - sur ses mains, les manches de son blouson, le papier soyeux et brillant, ses joues, ses cils, ses cheveux. Il percevait chaque flocon qui se déposait contre ses tempes, glacés contre sa peau en feu. Que Jax voyait-il, à cet instant ? Se voir dans les yeux de l’aîné des Beauchamp aurait peut-être aidé à comprendre son propre geste, sa propre présence ici, devant cette porte ouverte - et malgré lui, à cette pensée, il sentait son coeur s’emballer. Ce qui avait été planté la dernière fois avait germé malgré l’hiver ; des bourgeons poussaient entre ses côtes, pas encore tout à fait des fleurs, et pourtant, il les sentait s’épanouir, comme si se trouver sur ce seuil suffisait à les faire éclore. « Je l’ai vu dans la vitrine et je me suis dit— » reprit-il, la gorge sèche, les mains tremblantes, avant de perdre à nouveau le fil de ses mots, lui qui d’habitude y jouait les funambules. I thought of you, ajouta-t-il en silence, en relevant les yeux. I can’t stop thinking about you, rectifia son coeur, contre son gré, sans prévenir, et Bran se mordit l’intérieur des joues pour se punir d’être si transparent. N’était-il pas suffisant qu’il se pointe ce soir, entre tous les soirs de l’année, alors qu’il aurait déjà dû être à des kilomètres de Dupree ? Tant pis, songea une part de lui-même, celle qu’il aurait voulu faire taire, tant pis tant que Jax recevait son cadeau. L’aîné des Beauchamp n’avait pas besoin de savoir qu’il avait dépassé la boutique sans entrer, débattu avec son orgueil pendant dix minutes, puis rebroussé chemin pur découvrir que l’album avait eu le temps de disparaître de la vitrine ; qu’il n’avait jamais aussi négocié aussi longtemps et aussi férocement qu’avec la malheureuse nonagénaire qui voulait l’acheter à sa place, et qu’il n’était pas forcément fier des moyens qu’il avait employé pour parvenir à ses fins (la surenchère, les suppliques, les menaces, le chantage, puis enfin sa spécialité, celle qu’il réservait pour les occasion spéciales : le caprice pur et simple). Jax n’avait pas besoin de savoir tout ça ; il avait juste à recevoir un cadeau. C’était tout ce que Bran voulait. « Je me suis juste dit que c’était pour toi. » conclut-il en haussant les épaules, avec la nonchalance étudiée de celui qui avait passé sa vie à parfaire le fameux look how-to-look-like-you-don’t-care-when-you-actually-do. Il considéra un instant le paquet désormais entre les mains de Jax et joua nerveusement avec les siennes, raidies et rougies par le froid. Whatever. Cadeau acheté. Cadeau remis. Rien d’autre. Si ce n’était, bien sûr, la peur panique que Jax lui rit au nez une fois qu’il aurait ouvert le paquet. No big deal, then.

_________________
a force from above, cleaning my soul, flame on burn desire, love with tongues of fire.
Jax Beauchamp
Jax Beauchamp


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pseudo : Olivia
credits : matthias schoenaerts | rizwans (avatar), awona (code sign), harlivygifs (gif profil), recsbylotte & sacreddonkey (gifs signature), dhruv, moonlight (lyrics)
love life : in a relationship with brandon rose
warnings : violence psychologique/physique (de la part d'un parent), séjour en prison
rp : entre 800 et 1000+, réponses dans l'ordre d'arrivée, aussi régulières que possibles
one year of ftf
1er sujet posté !
Humain
Imparfaitement parfaits !
Est amoureux.se
La famille, c'est important
Cancer
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passe son temps au lac
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two beer or not two beer

   
Jusqu’il y a peu, Jax avait laissé la porte de la seconde chambre close. Il n’y avait rien entassé, n’y entrait que lorsqu’il souhaitait créer un courant d’air pour aérer l'appartement – ce qui était tout sauf une bonne idée ce jour-là, au vu du blizzard qui avait fait halte à Dupree. Il n’avait su que faire de cette pièce, de taille identique à sa propre chambre, qui se trouvait juste en face. Fermer la porte ne lui faisait pas oublier qu’il y avait cet espace vide de l’autre côté mais au moins ne l’apercevait-il pas à chacun de ses passages. L’endroit résonnait à chacun de ses pas, faute de fournitures et meubles, mais pour être honnête, Jax n’avait pas su quoi y mettre ni qu’en faire. Il avait largement assez avec les autres pièces. S’il avait été un amateur de livres ou de vêtements, peut-être qu’il aurait pu la transformer en bibliothèque ou en dressing, mais il se contentait de peu – déjà avant, mais encore davantage depuis son premier séjour en prison. 
Il y avait des habitudes tenaces : celle de posséder le moins possible, pour ne pas subir le chagrin de la perte, était l’une des siennes.
Sauf que depuis cet été, depuis l’annonce de la grossesse de Skylar, une idée lui trottait dans la tête. Une idée qu’il n’avait évoquée avec personne, pas même sa sœur. Une idée qu’il avait repoussée, il ignorait pourquoi. À moins qu’il le sache, au fond – par peur qu’il arrive quelque chose, qu’il n’y ait plus de bébé ; par peur qu’elle change d’avis et décide finalement que Dupree n’était pas le lieu où elle voulait voir grandir sa fille. S’y atteler trop tôt aurait pu lui porter malheur, d’une manière ou d’une autre, voilà pourquoi il avait attendu jusqu’à la dernière minute, mais la naissance n’était plus un événement lointain et inaccessible, elle était à leur porte et il jugea qu’il était temps qu’il s’y mette.
Il avait donc acheté tout le nécessaire pour repeindre la pièce, lui donner un peu de fraicheur, pour pouvoir ensuite installer des meubles. Il voulait être paré à baby-sitter sa nièce dès que Skylar voudrait souffler un peu et il ne pouvait pas le faire dans un appartement de célibataire endurci. Il fallait qu’elle ait sa chambre, sa pièce à elle, même si elle ne devait y venir qu’une journée de temps en temps. Là encore, il préférait ne pas être trop optimiste, parce que croire au bonheur était toujours dangereux : c’était le moment que choisissait toujours la vie pour le ramener à la réalité. Si la petite ne devait jamais passer du temps chez lui – ou pas assez pour profiter d’une chambre où elle serait la reine – au moins aurait-il repeint, elle aurait une utilité, elle ne serait plus une surface désolée et triste. Le commerçant lui avait conseillé les couleurs, l’agencement (un mur taupe, les autres d’une teinte plus claire) et lui avait conseillé une jolie frise qui rendait si bien dans les chambres d’enfant. Jax lui avait fait confiance, avait dit oui à tout et était revenu avec le matériel.
Le sol était recouvert d’une bâche en plastique pour protéger le plancher. Il avait repeint le plafond, appliqué patiemment l’autocollant pour éviter les bavures, pour assurer une ligne de peinture bien droite, puis s’était attelé aux murs, tentant d’imaginer le résultat, espérant que cela plairait à Skylar. Elle verrait qu’il tenait à ce qu’il restait de leur famille, qu’il s’agissait d’un nouveau départ pour eux tous, libérés de leurs fardeaux (la prison pour lui, les addictions pour elle). Ce n’était qu’une chambre mais aux yeux de Jax, cela représentait l’espoir, l’avenir. C’était ce qu’il contemplait distraitement, planté au milieu de la pièce, une bière à la main, tandis qu’il faisait une pause. Les yeux dans le vide, il laissait son esprit esquisser un tableau qu’il n’aurait jamais cru possible, parce qu’il manquait d’imagination et parce qu’il bridait le peu qu’il avait, pour ne pas être déçu, pour ne pas attendre trop des lendemains, et le portrait disparut dès que la sonnerie retentit, le tirant de sa torpeur. 
Perplexe, Jax tourna la tête vers la porte ouverte, puis jeta un coup d’œil à sa montre, se demandant qui pouvait bien sonner chez lui aujourd’hui, à cette heure, par ce temps. Il abandonna la chambre pour traverser le salon et la salle à manger, posa sa bière sur le comptoir de la cuisine et vint ouvrir au visiteur impromptu.
— Bran ?
Jax ne s’attendait pas à le découvrir sur le pas de sa porte – unannounced – et il ne cacha pas sa surprise, alors que son regard balayait instinctivement la silhouette du jeune homme. Était-il arrivé quelque chose à Skylar ? Non, bien sûr que non. @Brandon Rose ne l’aurait jamais laissée seule, il l’aurait averti par téléphone si quelque chose était survenu, non ? Alors qu’est-ce qui pouvait avoir poussé Brandon Rose à venir sonner à sa porte ? 
— Jax. Hey. Le portail était ouvert.
Tout à sa stupeur, Jax n’avait même pas eu le temps de se demander comment Bran était parvenu jusque-là. Juste le pourquoi. 
— Okay..., répondit-il, la tête légèrement penchée, réalisant peu à peu qu’il ne s’agissait pas d’un tour que son esprit lui jouait et que Bran, en chair et en os, était bien là, aussi séduisant qu’à son habitude, tandis que lui-même offrait un bien piètre spectacle, la tenue éclaboussée par la peinture. 
S’il avait su que le meilleur ami de sa sœur comptait passer, il aurait pris une douche, aurait enfilé autre chose, quelque chose de décent à défaut d’avoir la moindre classe. Mais pourquoi songeait-il à cela ? Bran passait sûrement en coup de vent, pour une raison précise, pas pour lui tenir compagnie. 
— Je pars pour New York ce soir.
La nouvelle sonna comme le glas et laissa Jax assommé.
Déjà ? eut-il envie de lui souffler. Tu laisses Skylar si près de la fin ? Mais, égoïstement, il savait qu’il ne songeait pas seulement à sa sœur – il pensait à lui, aussi. Il pensait… il ne savait même pas ce qu’il pensait, ni ce qu’il s’était imaginé. Que Bran resterait éternellement à Dupree ? Qu’il ne retournerait pas à New York, à sa vie d’artiste ? Qu’ils avaient le temps d’apprendre à se côtoyer à nouveau ? Mais n’avaient-ils pas eu près de sept mois pour tenter de nouer un semblant de relation ? Jax ne savait pas quoi lui répondre. Il contempla le trouble-fête qui dansait sur son cœur sans se douter de l’impact de ses mots et déglutit. 
— Ce soir..., répéta-t-il, en se sentant stupide d’être tellement pris au dépourvu, il aurait dû s’y préparer depuis belle lurette, savoir que dans aucun monde Brandon Rose ne resterait à Dupree de plein gré.
— Mais j’ai quelque chose pour toi et—
Toujours abasourdi par l’annonce, Jax mit quelques secondes à enregistrer les mots de Bran et il papillonna des paupières pour se concentrer sur lui. Il ne comprenait rien à ce qu’il se passait, à ce que faisait Bran sur le seuil de son appartement, par un temps pareil, pour lui annoncer qu’il partait. N’aurait-il pas pu le faire par message ? Ou même laisser à Skylar le soin de prévenir son frère ? Oh, Bran est parti. Tu te doutes bien, rien ne le retenait à Dupree. Le reste n’était qu’interférences et grésillements dans l’esprit de Jax, comme si son cerveau et son cœur peinaient à communiquer, à s’accorder. 
Bran lui tendit un paquet enveloppé dans un papier scintillant et Jax l’accepta sans un mot, baissant le regard sur son prénom écrit à la main. Son pouce caressa les lettres et il releva les yeux pour contempler l’inconnu si familier, le souvenir si ancré. Il revit le garçon à la moue décidée, qui opposait des ultimatums à ses tentatives d’esquive, qui n’acceptait pas la défaite, qui pouvait se montrer si intransigeant et capricieux. Il sentit sa main qui se glissait dans la sienne, sa peau douce comme un baume sous la rugosité de ses doigts de garagiste, ses lèvres qui apaisaient tous les maux, toutes les douleurs, qui effaçaient momentanément les cicatrices, et dont le souffle réchauffait un cœur meurtri.  
Please, don’t go.
Don’t leave her. Don’t leave us.
Don’t leave me.

Mais cette prière n’était pas juste et elle resta un murmure perdu dans le blizzard. 
— Je l’ai vu dans la vitrine et je me suis dit—
Jax ne quittait pas Bran des yeux et quand il constata que l’intrus risquait de se muer en bonhomme de neige s’il restait là, il fit un pas en arrière :
— Entre te réchauffer cinq minutes. Je vais préparer un café.
Bran lui avait dit qu’il partait pour New York ce soir, mais ça ne revenait pas à quelques minutes, si ? Quelques minutes, c’était si peu. Trop peu pour réaliser, trop peu pour dire au revoir. Trop peu pour rattraper les années perdues et les mois envolés. Jax se maudit de n’avoir pas fait un effort ces dernières semaines, surtout depuis leur rencontre à la bibliothèque, mais à la vérité, il avait eu peur de revoir Bran. Bran qui soufflait le chaud et le froid, qui semblait sur le point de le toucher pour s’enfuir la seconde d’après – un parallèle qui n’avait pas échappé à Jax, à la différence qu’ils n’étaient plus les gamins de cet été-là, qu’ils étaient des hommes désormais, qu’ils n’avaient plus l’excuse de la jeunesse pour laisser libre cours à leur impulsivité. 
— J’étais en train de peindre une pièce pour en faire une chambre d’enfant, avoua-t-il alors qu’il se dirigeait vers sa cuisine, bien trop conscient d’être électrisé par la présence de Bran au cœur de son petit univers. 
Avait-il également conscience qu’il mettait de la distance entre eux pour essayer d’atténuer la frénésie de ses battements cardiaques ?
Il sortit deux tasses, l’offrande de Bran toujours à la main, et alluma la machine à café. Il se tourna ensuite vers son invité et fit mine de secouer le paquet pour en deviner le contenu. 
— Tu retournes à New York, alors ? Tu ne vas même pas attendre qu’elle accouche ?
Pas un instant, il ne lui vint à l’esprit qu’il puisse y avoir un retour, qu’il ne s’agissait que d’un voyage, que New York et Dupree avaient échangé leurs places. Parce qu’il savait ce que la métropole signifiait pour Bran : n’avait-il pas rêvé de cette destination toute sa vie ? N’y avait-il pas construit ses rêves ? Jax savait. Jax avait suivi l’ascension, la danse sur les nuages, les étoiles à portée de main. De loin, de l’intérieur. Il s’était parfois senti spectateur, souvent voyeur. Il s’était méprisé d’être si faible mais voir Bran heureux l’aidait à surmonter la solitude – l’horreur qu’il avait lue sur ses traits ce jour-là était alors momentanément effacée, éclipsée par son sourire conquérant, la sueur qui perlait à ses tempes, le torse bombé que Jax imaginait sans mal se soulever au rythme d’une respiration essoufflée, triomphante. Il avait failli assister à une représentation, lors d’une période d’accalmie, entre deux séjours derrière les barreaux, mais il avait renoncé à la dernière minute et le ticket se trouvait toujours dans son portefeuille. 
Non. 
Bien sûr que Bran partait.
Il reprenait sa liberté, son envol. 
Jax baissa les yeux sur l’emballage, pour reprendre contenance, espérant que sa déception n’était pas trop évidente. Il entreprit de déchirer le papier et découvrit l’album. Un sourire fit lentement plier ses lèvres en un sourire ému et il tourna lentement les pages.
— Mmh… Il n’y a que toi pour dénicher un cadeau pareil.
Hors de prix (sans doute) pour un paumé de la vie (assurément).
L’ainé des Beauchamp n’avait jamais aimé lire parce que c’était un calvaire pour lui et sa dyslexie, mais combien d’heures avait-il passé à écouter Bran le faire à haute voix, lorsqu’ils étaient couchés tête bêche dans l’oasis de sa chambre de gosse de riche ou sur le promontoire rocheux qui bordait le lac ? 
— Il va pouvoir tenir compagnie à celui de ma mère, ajouta-t-il en désignant l’unique étagère qui ornait le mur de son salon.
Bran comprendrait. 
Bran saurait. 
Les mots superflus.
La gratitude.
Right ?

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Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
Brandon Rose
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He looks good.
C’était la seule et unique pensée que Bran parvenait à formuler alors qu’il clignait des paupières pour chasser les flocons de neige qui s’accrochaient à ses cils. He looks goddamn good, et Bran sentit ses joues s’enflammer un peu plus encore alors que son regard s’accrochait à chaque détail, le t-shirt éclaboussé de couleur, la douce constellation de grains de beauté et de petites taches de peinture dans le cou, sur la peau, au coin de ses lèvres, comme une invitation qui ne lui était pas destinée, les cheveux légèrement en bataille qu’il aurait été facile de défaire plus encore et cette chaleur qui émanait non pas de l’intérieur de l’appartement mais de cette carrure solide, de ce visage qu’il connaissait par coeur mais qui parvenait toujours à le prendre par surprise.
Entre te réchauffer cinq minutes.
La voix de Jax le tira de sa contemplation glacée et Bran tressaillit. Entrer ? Comment ça, entrer ? Ce n’était pas ce qu’il avait prévu. Par réflexe, un peu brutal, Bran faillit demander à Jax s’il se souvenait de ce qui était arrivé la dernière fois qu’il était entré chez lui. Are you sure you want me inside? Mais déjà, Jax lui tournait le dos, lui ouvrant sa porte aussi naturellement que s’il accueillait un voisin, et Bran resta les bras ballants devant la porte, la chaleur de l’intérieur lui léchant les joues. Puis une bourrasque de neige et de glace le poussa à l’intérieur et la porte se referma derrière lui, prenant la décision pour lui.
Le coeur battant à tout rompre, il avança, un pas en avant, puis un autre, avant de réaliser qu’il valait mieux laisser ses chaussures (hors de prix, thanks for asking) dans le vestibule de l’entrée avant de faire un pas de plus. Il se déchaussa précautionneusement, constata avec soulagement qu’il portait des chaussettes d’excellent facture et se redressa pour suivre Jax.
Suivre Jax, chez lui.
Il avait longtemps imaginé en ce moment, cet été-là. À l’époque, il savait que l’appartement des Beauchamp était inaccessible, off-limits. Même Skylar ne l’y invitait pas. Mais dans le secret de sa propre chambre, allongé contre Jax ou bien même seul, il avait souvent rêvé à la chambre de Jax. À son lit, à l’odeur de ses draps, à un pull qu’il pourrait piquer en douce pour pouvoir le porter et l’user jusqu’à la corde, aux objets disparates qui lui en apprendraient plus sur son ombrageux petit-ami, au placard qu’il se ferait une joie de réorganiser dès que Jax aurait eu le dos tourné. Ça n’avait été qu’un rêve, rien de plus, une idiotie de gamin qui s’était brisée en mille morceaux coupants le jour et Bran n’en avait jamais ramassé les morceaux, jusqu’à aujourd’hui. Fasciné, pétrifié, il observait cet univers miniature autour de lui. Il aurait voulu pouvoir observer chaque millimètre, analyser chaque choix, de la couleur des murs jusqu’à celles des poignées de porte en passant par le contenu des placards, il aurait voulu tout ouvrir, décortiquer, disséquer, tout pour comprendre Jax, tenter de déchiffrer le mystère de ces yeux clairs et profonds.
J’étais en train de peindre une pièce pour en faire une chambre d’enfant.
Parvenu jusqu’à la cuisine, Bran fit un tour sur lui-même pour ne rien manquer - le salon, les meubles, les rares touches personnelles, le vague désordre qui régnait, signe qu’une personne bien réelle occupait les lieux. Jax sortit deux tasses, lança la machine à café, autant de gestes anodins que Bran observa intensément, ne laissant passer aucun détail (la marque de la machine, la couleur des tasses, les mains de Jax autour d’elles), et ne sortit de son état second que lorsque Jax secoua le paquet. Il fronça les sourcils - be careful, damnit - et se raidit à la remarque de l’aîné des Beauchamp, inattendue, douloureuse. Ouch, that hurt. Pris de court, ce qui n’arrivait jamais, Bran ouvrit la bouche puis la referma, incapable de rétorquer.
Jax avait toujours sur le réduire au silence, d’une façon ou d’une autre.
Cela ne fit que rajouter à sa nervosité alors que Jax déchirait le paquet-cadeau pour découvrir l’album. Et s’il n’aimait pas le cadeau ? Et s’il lui riait au nez ? Et s’il s’était trompé sur toute la ligne ? Il n’y a que toi pour dénicher un cadeau pareil. Bran tressaillit et il tordit nerveusement ses mains. But do you like it? Are you happy? Ses questions silencieuses restèrent sans réponse, mais il capta le sourire de l’aîné des Beauchamp, si rare, et ce ne fut qu’à cet instant que les battements de son coeur consentirent à ralentir.
Il va pouvoir tenir compagnie à celui de ma mère.

Peine perdue. Les battements de son coeur reprirent de plus belle, lancés au galop. Désarçonné, Bran suivit le regard de Jax vers l’étagère.
Le livre de la bibliothèque était là.
You took it.

Pendant un instant, le visage de Bran fut complètement nu, incapable d’y apposer un quelconque masque. « J’ai une terrible influence sur toi. » se contenta-t-il de répondre, alors qu’il eut l’impression que son coeur prenait trois tailles à l’intérieur de sa cage thoracique. « La meilleure compagnie qui soit. » approuva-t-il toutefois, d’une voix presque douce, et il se perdit un instant dans la contemplation de l’étagère, de ses promesses, de ses possibilités.
Bran repensa à leur rencontre à la bibliothèque. À leurs possibilités, leurs actes manqués. Tu retournes à New York, alors ? S’était-il imaginé des choses ou avait-il perçu une pointe de regret dans la voix de l’aîné des Beauchamp ? « Tu sais, c’est Sky qui a insisté pour que j’aille prendre l’air. » dit-il enfin, en se détournant de l’étagère. Pourquoi se justifiait-il ? Pourquoi voulait-il que Jax sache qu’il n’abandonnait rien ni personne, qu’il ne fuyait pas ? « Mon père se marie et sa femme de vingt-ans a insisté pour que je donne ma bénédiction. Tu te doutes bien que je ne raterais ce désastre pour rien au monde. » glissa-t-il, narquois. Un petit sourire espiègle naquit au coin de sa bouche  et il se débarrassa de cette tristesse aiguë qui surgissait dès que ses parents étaient évoqués en haussant prestement les épaules. Oh oui, il serait au premier rang de ce crash magnifique, une coupe de champagne dans la main, une cigarette dans l’autre, drunk out of his mind et certain d’avoir tout oublié le lendemain. 

Dans un mouvement souple, il se retourna complètement vers Jax et l’observa d’un air fondeur, le défiant presque d’ajouter quoi que ce soit. Bet you didn’t expect that, huh ? Pourtant, son triomphe, tout à coup, ne lui semblait plus si étincelant et sa façade se craquela un instant, révélant la peau sous le marbre, le doute sous l’indifférence hautaine qu’il érigeait en mur de défense. Était-ce ce que Jax pensait de lui ? Qu’il n’attendait que la première occasion pour prendre la tangente et disparaître ? Bran se mordit l’intérieur de la joue. Il le méritait certainement mais quelque part, il avait espéré… Il ne savait pas ce qu’il espérait de Jax, en vérité. Un traitement de faveur ? Un passe-droit ? Une entente tacite, qui se passait de mots et d’explications, tout simplement parce qu’il y avait eu quelque chose, entre eux, dix-huit étés de ça ? Well, yes, actually, mais Bran eut le bon sens de tenir sa langue. « Le mariage est dans deux jours mais me me suis juste dit que j’allais prendre un peu d’avance, vu le temps. Je reviens après le Nouvel An. » expliqua-t-il en relevant les yeux. L’ombre d’un sourire, canaille et résigné à la fois, traversa son visage. « Ma vie est ici, pour le moment. » conclut-il, proposant là sa meilleure imitation de l’indifférence, yeah, no big deal, comme s’il ne venait pas d’admettre qu’il mettait ses rêves, sa carrière, sa vie de côté, faute de savoir quoi en faire pour le moment, faute de savoir qui être s’il ne pouvait pas être Brandon Rose. Il voulait regarder partout sauf vers Jax, mais comme d’habitude, il revint à lui et leurs regards s’ancrèrent, et les yeux de Bran continuèrent sa phrase en silence. Yeah, my life is here now.
With Sky.

With you.

Car tout était à propos de Jax Beauchamp, non ? Tout l’avait toujours été, quelque part, même avant leur été et encore plus après. Il ne cherchait qu’à le trouver et qu’à le fuir, qu’à se rappeler de lui et qu’à l’oublier, qu’importe dans quel ordre, qu’importe la force qu’il y mettait, Jax était toujours là, quelque part, sur une ligne parallèle à la sienne. Elle avait pris des virages, des demi-tours, avait continué tout droit pendant des années sans effleurer une seule fois celle de l’aîné des Beauchamp ; mais même là, leurs trajectoires ne semblaient être séparés que d’un millimètre, si proches qu’elles pouvaient presque se toucher. Presque. Leur mot préféré, songea Bran, sans réaliser que son regard rivé de Jax aurait pu tout aussi bien être une caresse, presque, almost touching, almost kissing, almost making it, almost together, ce soir plus que jamais. Les lignes de leurs vies respectives n’avaient jamais été aussi proches en dix-huit ans. Almost, almost, almost. Était-il temps qu’elles se croisent ? Mû par une tension invisible, Bran fourra les mains dans les poches de son blouson, comme pour se forcer à amorcer son départ. Mais une partie de lui, plus obstinée, refusa d’obtempérer. Cette partie-là voulait étirer le temps, laisser la neige recouvrir les pneus de sa Jeep, le froid enrayer le moteur, cette partie-là voulait rester encore un peu et explorer ce bout d’univers du bout des doigts, aussi longtemps que Jax le lui permettrait, et cette partie-là regardait Jax comme s’il le touchait. « Est-ce que je peux voir la chambre ? » fit-il en penchant en légèrement la tête sur le côté. Avant de partir, aurait-il dû préciser pour donner une fin à sa visite. Il aurait dû s’échapper comme il était venu, ne laisser aucune trace de sa visite si ce n’était le livre qui se trouvait désormais entre les mains de son propriétaire, le seul digne de ce nom. Mais il voulait maintenir l’illusion, juste assez pour avoir l’impression qu’il pouvait exister dans le même univers que Jax Beauchamp et pas seulement en parallèle de lui.

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a force from above, cleaning my soul, flame on burn desire, love with tongues of fire.
Jax Beauchamp
Jax Beauchamp


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pseudo : Olivia
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warnings : violence psychologique/physique (de la part d'un parent), séjour en prison
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two beer or not two beer

   
Avoir un objet dans les mains, sur lequel focaliser son attention, lui parut une bénédiction, à ce moment précis. Il n’aurait pas su où regarder, car il savait que s’il portait le regard sur son invité surprise, il n’arriverait pas à l’en détacher. Comme à chaque fois. Comme toujours. Cela avait toujours été une épreuve, une tactique imparable. Feindre de ne pas voir la silhouette qui dansait dans un coin de son champ de vision.  Aussi loin que remonte sa mémoire, Jax se rappelait ce paravent illusoire, alors que dans une foule, il ne voyait que @Brandon Rose, que dans la nuit, tous ses sens étaient tournés vers ce garçon au regard impérieux, dont les pétales se fanaient à chaque fois qu’il ouvrait son cœur, plus fragile qu’il n’y paraissait.
Ils étaient pareils, de ce point de vue-là, même s’ils portaient leur armure de façon bien différente. 
Même quand il ne regardait pas Bran, Jax sentait son attention. Ses yeux clairs picoraient sa nuque dès qu’il tournait le dos, le transperçaient à travers les flammes des feux de joie qui ponctuaient les soirées estivales. Ils chauffaient sa peau partout où ils se posaient – et quel terme pouvait-il invoquer pour parler des doigts qui frôlaient les siens, des lèvres qui pansaient les plaies, ouvertes et fermées, de la langue qui pouvait lacérer ou caresser, selon l’humeur du trublion ? Il avait beau avoir passé le cap de la quarantaine, il se sentait aussi nerveux et vulnérable qu’à l’aube de leur relation, quand il avait baissé les armes, cédé le terrain, acceptant la défaite – et quelle merveilleuse défaite. Il ne fallait pas grand-chose pour que l’émoi s’invite dans son cœur couturé, ravivé par une simple odeur, un mot, un son, alors quand le jeune homme qui avait hanté sa vie par son absence se glissait dans son intimité, Jax ne savait plus que faire de sa carcasse trop encombrante, de son muscle cardiaque dérouté, qui résonnait dans sa cage thoracique, en échos inintelligibles, indicibles. 
Il préféra effleurer la couverture avec la pulpe de son pouce, éprouver les imperfections du livre ancien, les secrets qu’il recelait, que porter son attention sur Bran, dont il appréhendait la réponse et redoutait l’expression à la vue de cet appartement pauvrement décoré, sans le luxe et le bon goût auquel le danseur était habitué. Mais Jax n’avait jamais cherché à se faire passer pour autre chose que ce qu’il était et, à une époque, cela avait suffi à un adolescent fougueux qui, pour une raison qui lui échapperait toujours, avait jeté son dévolu sur lui. 
Jax ne s’autorisa un coup d’œil en direction de Bran qu’au moment où il désigna l’étagère sur laquelle il avait posé l’exemplaire de la bibliothèque, avant de reprendre sa contemplation de l’ouvrage qu’il tenait entre les mains.
— J’ai une terrible influence sur toi.
Un grondement qui tenait plus du ronronnement fit vibrer sa cage thoracique et il sourit à sa remarque. 
— Seulement parce que je te laisse faire, objecta-t-il, comme s’il avait pu un jour résister à Brandon Rose.
Il avait bien tenté, pendant quelques semaines, sans grand succès.
Quelque chose en lui avait cédé, cèderait toujours, dès qu’il était question de Bran. Il ne savait pas si c’était l’assurance de ce dernier, sa volonté farouche de faire plier le monde autour de lui ou le reflet que le regard de Bran lui renvoyait – celui de quelqu’un qui méritait qu’on s’attarde sur lui, qui ne suscitait pas que le mépris et la haine, digne d’un minimum d’intérêt, pas juste une ombre rencontrée au détour d’une ruelle obscure pour satisfaire un plaisir primaire et éphémère. Dans les yeux du gamin capricieux, il avait eu la sensation d’exister
— Tu sais, c’est Sky qui a insisté pour que j’aille prendre l’air.
La mention de sa cadette poussa Jax à relever les yeux. Il attendit la suite, parce qu’il sentait qu’il y en avait une, parce que prendre l’air rimait avec temporaire, mais qu’il ne voulait pas anticiper, additionner, glisser vers des conclusions hâtives qui seraient toujours à son désavantage. Encore une habitude tenace chez Jax Beauchamp – envisager le pire pour ne pas être déçu, ou refuser l’évidence quand elle était trop belle pour être vraie.
— Mon père se marie...
Jax détailla Bran pendant que celui-ci parlait et il eut l’impression de revenir vingt ans en arrière, quand le jeune homme évoquait son père sur ce même ton sarcastique, le dénigrant à la moindre occasion. Là aussi, Jax avait entrevu les similitudes au milieu des différences : leur relation difficile, conflictuelle, avec leur père, même si la dynamique Beauchamp divergeait de celle des Rose, mais aussi l’absence maternelle, jamais évoquée mais toujours présente, au fond, comme l’avait prouvé leur dernière rencontre. 
Tout à coup, Bran fit volte-face et Jax n’eut pas le temps de détourner le regard. Il eut l’impression d’être un animal pris dans les phares d’un véhicule et il ne bougea pas, tétanisé par la familiarité de cet échange, par la sensation de déjà vu qu’une telle situation lui inspirait. Comme s’il n’y avait jamais eu de silence radio, comme si les dix-huit dernières années s’étaient évaporées, et qu’ils étaient à nouveau les gamins d’autrefois. Pourquoi les choses pouvaient-elles lui sembler si étranges puis naturelles, en l’espace de quelques secondes ? 
— D’accord, fut tout ce que Jax parvint à dire.
Il ne pouvait pas dire qu’il était soulagé, qu’il avait eu peur, pendant un instant, que leurs routes prennent à nouveau des directions opposées, qu’ils s’étaient à peine retrouvés et qu’il n’y avait plus les obstacles. Mais quels obstacles ? Son père ? Avait-il été la seule ombre au tableau ? La seule raison qui avait fait qu’ils en étaient là aujourd’hui ? Étrangers familiers ? Cela aurait signifié nier le reste : les disputes, leurs incompréhensions mutuelles, la conviction de Jax que leurs vies étaient incompatibles, qu’il n’était pas fait pour les hautes sphères de Brandon Rose et que Brandon Rose finirait par s’ennuyer à Dupree. 
— Ma vie est ici, pour le moment.
Jax hocha la tête, baissa les yeux. Pour le moment. Jusqu’à quand ? Jusqu’à ce qu’il soit guéri et puisse reprendre la danse ? Jusqu’à ce que New York le rappelle pour de bon ? Jusqu’à ce qu’il se lasse ? 
— D’accord, répéta Jax, prudent, refoulant l’espoir, le soulagement.
Mais il avait posé les yeux sur Bran et, comme il l’avait redouté, il ne parvenait plus à détacher son attention du trouble-fête.  Bran aurait toujours ce pouvoir, cet ascendant, cette tendance à le captiver par sa seule présence. Ce n’était pas seulement la beauté irréelle de ses traits, c’était ce que ses silences convoyaient, ce que son regard disait sans un mot, létal ou salvateur, une lance ou une caresse – parfois les deux en même temps, comme à ce moment précis. 
L’ainé des Beauchamp déglutit, incapable de bouger, ni pour poser le livre, ni pour mettre la machine à café en route. Il eut la sensation que l’air se raréfiait ou se chargeait d’électricité. Que le temps s’arrêtait ou que les secondes s’étiraient en minutes tandis qu’il dévisageait le meilleur ami de sa sœur, celui qu’il s’était toujours évertué à qualifier ainsi, pour ne pas le ramener à lui, pour le garder à distance. Pour ne pas avouer qu’il était le garçon qu’il avait aimé, son amant, son petit ami, celui qui avait hanté son cœur et son âme, toutes ces années. 
Avait-ce seulement cessé un jour ?
Durant une poignée de secondes, le temps et l’espace s’estompèrent s’effacèrent. Il ne resta qu’eux, dans cette cuisine, liés par un été inoubliable et un événement terrible. Deux garçons perdus et éperdus. Deux gamins à l’armure cabossée qui avaient trouvé en l’autre le réconfort, la douceur et la sérénité. Le bonheur, ou ce qui s’en rapprochait le plus.
Bran fut le premier à bouger et Jax cligna des paupières, comme s’il émergeait d’une sorte d’hypnose. 
— Est-ce que je peux voir la chambre ?
La question surprit Jax, qui s’était attendu à une fugue soudaine, comme la dernière fois. 
— Bien sûr, souffla-t-il en se détachant du plan de travail contre lequel il était appuyé. 
Il abandonna les tasses, oubliant le café, et se dirigea vers l’étagère pour placer le cadeau de Bran à côté du livre préféré de sa mère. Ensuite seulement il mena son invité vers le petit couloir où les chambres se trouvaient. La porte de la future chambre d’enfant était encore ouverte, l’air imprégné de l’odeur de peinture et Jax pénétra dans la pièce. Il se posta au centre et laissa à Bran quelques secondes pour constater l’avancée du travail avant d’expliquer :
— Le vendeur a suggéré des couleurs plutôt neutres et apaisantes. Il y aura aussi un frise, qui fera tout le tour. Avec des castors et des loutres.
Le rouleau qu’il désigna se trouvait dans un coin de la chambre et laissait apparaitre des petits animaux souriants et joueurs.
— Je n’en ai pas encore parlé à Skylar, c’est une surprise.
Je compte sur toi pour garder le secret, sous-entendit le regard qu’il coula vers son voisin. Jax fut tenté de lui demander ce qu’il en pensait mais il n’osa pas. À la place, il se mordit l’intérieur de la joue et contempla son humble travail. 
— Après il ne restera qu’à monter quelques meubles et le tour sera joué...
Il n’avait pas réalisé à quel point il avait hâte de rencontrer sa nièce jusqu’à ce qu’il montre la pièce à Bran. Elle restait en apesanteur, un être éthéré, déjà présent et encore absent, qu’il peinait encore à s’imaginer.
Mais elle serait réelle, aussi réelle que Bran, ici et maintenant, vers qui Jax se tourna, sans savoir s’il guettait son approbation ou s’il voulait juste s’abimer dans sa contemplation, tant qu’ils étaient seuls, avant que Bran s’esquive subitement, comme à son habitude, ce qui ne tarderait sûrement pas arriver. 
Comme autrefois, il cherchait à graver les images dans son esprit : la façon dont la lumière glissait sur la peau parfaite, la fossette creusée par un sourire espiègle, le plissement  de ses paupières, l’éclat qui traversait son regard. Jax avait usé tous ses souvenirs, à force de les convoquer et de les retourner dans tous les sens, il lui en fallait de nouveaux, de l’homme que Bran était devenu, pour les accoler au garçon qu’il avait été et qui avait une résidence permanente dans sa mémoire. Aucune photographie ne rendrait jamais justice à ce qu’il dégageait dans la réalité, cet air impénétrable qu’il portait comme un masque et que Jax avait vu tomber, à maintes reprises – et qui constituaient sans doute ses meilleurs souvenirs, ou une bonne partie d’entre eux, en tout cas.
— Si tu as des conseils, ils sont les bienvenus, dit-il, juste pour combler tout risque de silence embarrassant. Je vais faire les cafés. Tu veux du lait ou du sucre dans le tien ? ajouta-t-il en amorçant un mouvement pour quitter la pièce, laissant à Bran le choix de continuer à étudier l’avancée des travaux ou de le suivre dans la pièce principale.

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Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
Brandon Rose
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Pendant un instant, Bran craignit que Jax ne lui refuse l’accès de la chambre. Qu’il lui fasse comprendre que ça ne le regardait pas. Qu’il n’y avait pas sa place. Il voulait faire perdurer l’illusion, se faire croire qu’il pouvait trouver sa place, son espace, aussi réduit soit-il désormais. Peut-être était-ce perdu d’avance. Après tout, Jax lui avait dit non. Il l’avait repoussé, dix-huit ans plus tôt. N’importe qui d’autre aurait laissé couler de l’eau sous les ponts, mais pas Bran, non, pas lui. Jax avait-il réalisé l’impact de ses mots, de sa décision ?
Il se prépara donc pour le refus poli, la mise à distance respectueuse, mais rien ne vint. Au contraire, Jax n’hésita pas une seule seconde et Bran resta alors figé. L’aîné des Beauchamp ne l’avait jamais habitué aux portes ouvertes : il fallait toujours trouver des chemins de traverse, des moyens détournés, il fallait s’esquinter les doigts contre les murs qu’il érigeait entre lui et le monde, l’embrasser encore et encore pour faire fondre cette armure qu’il portait à même la peau. Qu’il accepte si simplement sa présence désarçonnait Bran, gonflait son coeur d’une émotion nouvelle, impossible à réprimer. Timidement, il entra dans la pièce à la suite de Jax. L’odeur de peinture fraîche lui fit tourner un peu la tête, à moins que ce ne soit la réalisation qu’ils étaient entre quatre murs, plus proches qu’ils ne l’avaient jamais été ces derniers mois.
Il suivit Jax des yeux et l’observa se poster au centre de la pièce, puis jeta un regard panoramique à la petite pièce pleine de promesses, déjà pleine de vie, comme si elle était déjà habitée par la future princesse des Beauchamp. Bran pouvait presque s’y voir, le désordre, les peluches, le carré de soleil qui traverserait la fenêtre. C’est une surprise. Tiré de sa rêverie, Bran répondit au regard de Jax par un hochement de tête et un sourire effronté. « Ton secret pour le mien. » chantonna-t-il, faisant écho à leur dernière rencontre. Son coeur vrilla. Le peintre en herbe se détourna mais Bran ne réussit pas à l’imiter. Il ne put que s’abîmer dans la contemplation de Jax.

Jax, Jax, Jax. Jax Beauchamp, qui sans rien demander à personne, sans rien attendre en retour, dans le simple but de faire plaisir, peignait une petite chambre d’enfant et la décorait de castors et de loutres, Jax Beauchamp et ses yeux clairs qui se posaient à nouveau sur lui, et dont le regard arrêtait le temps. Son Jax, si tendre et si dévoué et si doux, dont il pouvait deviner le profil de ses vingt-quatre ans dans l’ombre de ce visage. Son Jax, devenu un homme, qui lui avait ouvert sa porte. 

Bran décida d’y voir un signe.

Son coeur explosa, tendresse, dévotion, espoir, tout à la fois dans un maelström qui le submergea, impossible à contrôler. Il ne maîtrisait plus rien. Il avait résisté, il s’était menti à lui-même, avait opposé toutes sortes de raisons à ce qu’il éprouvait à cet instant. Il faillit ouvrir la bouche mais Jax le devança - pas pour les mêmes raisons, comme d’habitude, et Bran leva les yeux au ciel. Certaines choses ne changeaient décidément pas : avec Jax, il faudrait toujours qu’il prenne le taureau par les cornes. « Je ne veux pas de lait, je ne veux pas de sucre et je ne veux pas de café. » répliqua-t-il, féroce, et il bougea en même temps que l’aîné des Beauchamp.
Pas pour le suivre, mais pour lui barrer - en douceur, avec souplesse - le passage. 

Bran se dressa devant lui. Avança d’un pas, puis deux, jusqu’à ce que leurs torses se touchent. Il frissonna, son coup d’éclat complètement oublié. « Jax. » murmura-t-il, la voix basse mais certaine de là où elle allait.
Il savait. Il savait, il avait toujours su.
Il posa la main sur le coeur de Jax avec une douce autorité, petit prince capricieux arpentant son territoire. Il se hissa sur la pointe des pieds, leur différence de taille restée intacte. Leurs nez s’effleurèrent une seconde et Bran oublia brièvement comment respirer, de quoi le ciel était fait. I’m touching you again, réalisa-t-il sans qu’il ne puisse le dire à voix haute, les mains tremblantes contre cette nouvelle réalité, ce corps familier, lointain, ce rivage qu’il avait cherché pendant des années, seul sur son ponton. Malgré l’illusion, Bran savait. Il n’était jamais redescendu de leur bout d’univers flottant. Il avait attendu, pendant dix-huit ans, ou bien peut-être s’était-il retenu d’emprunter l’échelle dans l’espoir qu’un jour Jax apparaisse, le rattrape, l’entraîne avec lui. Il n’avait laissé monter personne d’autre sur ces planches de bois vermoulues et battues par le soleil. Il avait dérivé, seul, se mentant à lui-même, se racontant qu’il l’avait choisi, que c’était mieux ainsi, que de toutes façons, Jax n’avait jamais vraiment voulu de lui et que la fin de leur été - floue et violente - n’avait fait que précipiter l’inéluctable. Il s’était drapé dans son orgueil de prince écorché vif, avait recollé les morceaux de son coeur brisé dans le mauvais sens pour ne plus jamais avoir à souffrir. Il y avait semé des ronces et des mauvaises herbes pour empêcher d’y faire pousser quoi que ce soit. Well, no more.
Sa main remonta d’abord, ses doigts effleurant le tee-shirt pour tracer un chemin jusqu’au cou, l’oreille, la mâchoire : sa bouche suivit, déposant un baiser à la limite du tee-shirt et du coup, puis sur l’arête piquante de la mâchoire, sur la peau douce du cou. Il avait toujours embrassé Jax s’en éparpillant partout où il le pouvait, ses mains, ses joues, son cou, ses tempes, partout où sa bouche pouvait effacer les traces laissées par d’autres contacts moins doux. Ce soir, la mémoire de ses muscles le guidait, retraçant un chemin fleuri contre la peau de Jax. Bran plantait sa protection, son affection farouche et impatiente, partout où il posait la bouche, laissait sa marque pour absorber la peine et la douleur.
I missed you. I missed you so much.
Sa main passa derrière la nuque de Jax, l’attira tout contre lui. Sans s’en rendre compte, il avait fermé les yeux. Plus bas, son autre main tâtonna, trouva un pan de tee-shirt qu’il serra dans son poing. Était-ce sa peau qui brûlait ou bien celle de Jax, toute proche de la sienne ? 
Il resserra sa prise autour de sa nuque, autour de son tee-shirt. God, Jax, I fucking missed you.
 Sa bouche, enfin, trouva le chemin de celle de Jax.
Bran laissa échapper un bruit sourd et doux, et se pressa contre l’aîné des Beauchamp. Please.
Contre lui, il fondait, devenait liquide, morceau de sucre dans de l’eau tiède, glace à l’épreuve de la flamme. Malgré leurs différences de taille et de gabarit, leurs interstices s’épousaient parfaitement. Là où il était angle, Jax devenait courbe.

Made for each other.

Bran n’avait pas besoin de le penser. Son corps savait pour lui, louvoyait contre celui de Jax, ses mains trouvant où resserrer leur étreinte, laisser leur marque. Il pencha légèrement la tête sur le côté et approfondit son exploration, sa redécouverte. Il joua avec la lèvre inférieure de Jax, la mordilla avec impertinence tandis que sa main glissait de la nuque à la mâchoire pour mieux le maintenir contre lui, son pouce appuyant doucement contre la chair tendre et humide. Il explora la langue de Jax avec la sienne, testa sa résistance, réduit à néant par son goût, sa chaleur, les promesses qu’elle pourrait tracer contre sa propre peau. Il ressentait un désespoir fébrile, un besoin qu’aucun mot n’aurait pu nommer : il voulait Jax, de tout son corps, de tout son coeur. Les ronces autour de son coeur étaient mortes - depuis longtemps, depuis qu’il l’avait revu pour la première fois - et la nature reprenait ses droits sur cette friche en pleine floraison. Jax n’avait qu’à le toucher pour le faire éclore.
Leurs bouches se séparèrent et Bran en eut presque le tournis. Il rouvrit les yeux, battit des cils comme pour chasser une poussière. Il revint à la réalité, juste assez pour réaliser son geste, pas assez pour le regretter. « Pour ma défense, tu avais de la peinture. Juste là. » murmura-t-il comme s’il s’agissait là de l’explication évidente pour son geste en effleurant le coin de sa bouche. Absorbé dans sa contemplation, il caressa la lèvre inférieure de Jax du revers du pouce, avant de relever les yeux vers lui, le souffle court, la peau échaudée.
What now?
La scène lui parut familière. Il avait toujours mis Jax devant le fait accompli - sauf la première fois, peut-être, lorsqu’il avait fui. Mais Bran avait retenu la leçon, il connaissait Jax. S’il n’enfonçait pas les portes ouvertes, ils pouvaient encore se regarder ainsi pendant longtemps en chiens de faïence. « Tu sais… Si tu y tiens vraiment, tu pourrais me faire ce café demain. » offrit-il en se mordant l’intérieur de la joue, le corps en feu. Son coeur, aussi, perdait le fil, explosait contre sa cage thoracique. I want to be with you. Il voulait s’offrir complètement, si seulement Jax voulait de lui, l’acceptait de nouveau. Était-il égoïste ? Aurait-il dû tourner les talons, arraché toutes les bourgeons qui poussaient entre ses côtes ?
Ses mains tremblantes se rejoignirent par-dessus le tee-shirt de Jax, l’une remontant, l’autre descendant, pour appuyer légèrement contre son torse, caresse qui ne disait pas son nom. « Je peux aussi partir si… C’est ce que tu veux. » Peut-être aurait-il dû s’enfuir dans le blizzard, dans la nuit, revenir après le nouvel an comme il l’avait dit et laisser au temps le soin d’effacer ce qu’il venait de se passer. Même si après dix-huit ans, sa peau se souvenait encore de celle de Jax, du moindre grain un peu irrégulier, de la moindre cicatrice, de la moindre écorchure, Bran savait que ce n’était pas dix jours à New York qui suffirait à lui faire oublier les lèvres du cuisinier contre les siennes. Le goût du baiser s’attardait sur ses lèvres, bière pétillante et peinture fraîche. Étrangement, cela lui rappelait le Jax de ses dix-huit ans, qui sentait l’essence, le soleil et toujours quelque chose de frais et doux, et le coeur de Bran se tordit une seconde. Il ne voulait pas partir. Il voulait rester là contre Jax et se lover dans ses bras, le serrer contre lui et le respirer à nouveau. « Mais je préférerai rester. » avoua-t-il tout bas, sa confession fleurissant sur ses joues, son cou, partout là où son corps se souvenait des mains de Jax Beauchamp sur sa peau, de leur force, de leur douceur, de la manière dont elles avaient toujours caressé son visage, apaisé ses peines, de la manière dont elles l’avaient touché - de toutes les manières possibles, intimes et profondes.
Partir, rester. Toujours la même danse, jamais dans le même sens.
Please, don’t push me away.
Not again.

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Jax Beauchamp
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warnings : violence psychologique/physique (de la part d'un parent), séjour en prison
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two beer or not two beer

   
Partager cet espace et ce secret avec Bran lui semblait étrangement naturel alors qu’il n’avait même pas osé songer à une telle possibilité. Depuis son retour à Dupree, Jax prenait les jours l’un après l’autre, comme s’il peinait encore à croire à sa liberté, à la réalité de son nouveau quotidien. C’était la première fois qu’il avait la sensation de posséder quelque chose alors que le logement ne lui appartenait pas – il n’aurait jamais eu les moyens de s’acheter un appartement – et il péchait par excès de prudence. Y croire trop vite, trop tôt, c’était risquer de voir tout disparaitre. Était-ce la raison pour laquelle il avait également gardé ses distances avec le danseur, au lieu de profiter du fait qu’ils étaient tous les deux de retour dans la ville qui avait gardé les souvenirs brûlants de leur unique été ensemble ? 
Jax avait résisté comme il avait pu, refusant de laisser son cœur exhumer les pièces du puzzle et les recoller. À quoi bon soupirer après un passé perdu ? Ils n’avaient eu que des instants volés, leur unique refuge avait été la clandestinité. Cela n’avait été qu’un jeu, une danse, un louvoiement. Bran visait haut, inaccessible, irréaliste. Jax voyait sa chambre et l’étroitesse de son avenir. Ils n’avaient eu aucune chance, le jeune garagiste se l’était martelé jusqu’à ce que cela s’inscrive comme une certitude inébranlable – et les événements lui avaient prouvé qu’il avait eu raison de se méfier, même s’il n’était pas parvenu à rester aussi détaché qu’il avait voulu le croire. Qu’importe qu’il ait été à deux doigts de saisir la main tendue, que ça se soit joué de quelques minutes…
Et maintenant ? Était-ce différent ? 
Bien sûr, ils étaient adultes.
Indépendants.
Libres. 
Et pourtant, la voix de la raison incitait toujours Jax à se réfugier dans sa tranchée, à renier les pulsations de son cœur, à effacer toute ébauche de projet incluant Brandon Rose – ce qui s’avérait bien plus ardu quand l’énergumène en question se trouvait dans la chambre de sa nièce, imprégnant la pièce de sa présence, gravant l’image dans l’esprit de l’ainé des Beauchamp. Le seul remède à cette vision était d’imposer la neutralité, la banalité. Un café pour instaurer la frontière, la sécurité. Parapet contre les émotions, les sentiments.
C’était sans compter sur l’imprévisibilité de son invité surprise.
— Je ne veux pas de lait, je ne veux pas de sucre et je ne veux pas de café.
Le cœur de Jax dégringola lourdement. 
Désarçonné par cette réponse sans équivoque, l’ex-taulard dévisagea le jeune homme qui s’était planté devant lui. Il ne comprit pas. Pas immédiatement, en tout cas. Il accusa le coup, se demandant à quoi tenait ce revirement, mais l’approche de Bran dilua le malentendu. 
— Jax.
Le concerné retint son souffle, tétanisé par la soudaineté, la proximité. 
Le temps d’un battement cardiaque, Jax revit le gamin furieux, sur le ponton. Les taches de rousseur ravivées par le soleil, la peau satinée, hâlée, les perles qui naissaient à l’extrémité des mèches humides, les lèvres pincées, le regard incendié. Tu veux que je te dise ce que je pense, Jax ?
Un frisson lui parcourut l’échine et il sentit son cœur exploser sous la paume qui se posa sur son torse. Ce traitre d’organe, toujours prompt à s’abandonner dès qu’il s’agissait de @Brandon Rose. Ce muscle qu’il croyait naïvement atrophié par les années de solitude, d’absence et de mutisme, qui ne frémissait qu’à la vue de sa sœur et la lecture d’un article sur la star montante de la danse. Mais il était bien forcé de constater que la torpeur n’était qu’un leurre, qu’une effluve  suffisait pour l’engloutir à nouveau. 
— Bran..., parvint-il à peine à extraire de sa gorge serrée, alors que son corps se faisait caverne pleine d’échos. 
Sous son t-shirt, un tatouage secret lui donna la sensation de se réveiller, d’embraser sa peau, entre brûlure et démangeaison, mais son esprit remisa cet appel pour se concentrer sur le reste : le souffle qui caressait ses lèvres, le parfum masculin qui raviva ses sens, la pression qui révéla ce qu’il n’avait pas voulu voir. Qu’ils avaient à nouveau entamé cette danse qui leur était propre – pas seulement ici mais à chacune de leurs rencontres – comme s’ils ne connaissaient pas d’autre chorégraphie. 
Jax avait observé les pirouettes de Bran à travers le prisme de sa propre existence, marquée par les séjours en prison et le silence assourdissant. Bran lui avait confessé avoir essayé de lui écrire, mais il ne l’avait pas fait. Et lui n’avait pas eu le courage de chercher à le recontacter à sa sortie – la communication n’avait jamais été leur fort. Et pourtant, ils s’étaient souvent compris.
D’un regard. D’une caresse.
Jax ferma les yeux, s’abandonna, s’ancra dans l’instant, conscient du nez qui effleurait le sien, de la chaleur qui émanait du corps voisin, et paradoxalement incapable de croire que sa journée ait pu basculer aussi brusquement, en l’espace de quelques minutes, juste parce que Bran avait décidé de passer chez lui avant d’aller à New York. 
Parviendrait-il un jour à suivre la cadence du jeune homme ? Ou était-il voué à trébucher à chaque changement de cap ? 
À cet instant précis, il ne voulait pas bouger, cependant, et s’en sentait bien incapable d’ailleurs. Il craignait qu’un mouvement imprudent, un mot maladroit, fasse éclater la bulle dans laquelle ils se trouvaient.  Il réalisa qu’il avait attendu ce moment autant qu’il l’avait redouté et qu’ils y étaient, et qu’il n’y était pas préparé – et qu’il ne serait jamais survenu si Bran n’en était pas l’instigateur. Some things never change.
Jax rouvrit les paupières au moment où les lèvres de Bran effleurèrent sa peau. Son cœur eut un nouveau sursaut, l’air se figea dans ses poumons et ses muscles se raidirent. Il chancela sous l’effet conjugué de ces éléments et se retint à la taille de Bran, seul élément stable à portée de main. Il rêvait, n’est-ce pas ? Il ne pouvait y avoir que son subconscient pour fabriquer de toutes pièces un tête-à-tête qu’il ne se serait jamais permis d’esquisser d'habitude. Et aussitôt, le côté rationnel de son esprit se mit en branle : si ce n’était pas un rêve, c’était Bran qui n’était pas dans son état normal. Il était ivre, sans nul doute. Mais il n’y avait pas la moindre effluve d’alcool dans son haleine. Comme deux adversaires s’affrontant à l’escrime, le cerveau du cuisinier parada et riposta, tout ça alors que Bran poursuivait son avancée, réduisait à néant la distance entre eux, comme si près de vingt ans ne séparaient pas leur dernière étreinte, leur dernier baiser. 
— Bran, répéta-t-il dans un souffle, sans savoir ce qui devait suivre.
Arrête ou continue ?
Mais le monde autour d’eux s’éclipsa lorsque la bouche de Bran fut sur la sienne et avec lui s’évanouit toute chance de revenir à la réalité. Jax pensait son corps à jamais prisonnier d’une sorte de léthargie, glacé jusqu’à l’os, prêt à se briser, mais en l’espace de quelques secondes, la chaleur se répandit en lui comme une onde, un enchantement. La lucidité céda la place à l’impulsivité, l’instinct. Il avait vingt-quatre ans à nouveau, emporté par l’ouragan Brandon Rose, victime consentante des caprices d’un garçon qui n’aimait pas qu’on lui dise non.
Comme si Jax avait un jour voulu lui dire non. 
Ses doigts s’imprimèrent dans les flancs de Bran, l’attirèrent contre lui tandis qu’il se penchait en avant. Ils tanguaient, ils étaient sur le ponton flottant. L’ainé des Beauchamp commençait déjà à manquer d’air mais refusait de capituler. Que l’eau du lac les engloutisse, comme Bran l’avait voulu à l’époque, pourvu que leurs bouches ne se séparent plus jamais. Était-ce le contrecoup de dix-huit années d’abstinence ? se demanda fugitivement Jax, alors qu’il avait l’impression de fondre à chaque fois que la langue de Bran caressait la sienne ? Ou était-ce la réminiscence de la fougue de leur jeunesse, de la passion qui avait à jamais marqué sa vie et qui n’avait survécu qu’un été ? 
Son souffle erratique se répercuta dans la pièce vide lorsqu’ils furent forcés de s’arrêter pour respirer. Il garda les yeux clos, comme s’il craignait de revenir sur Terre s’il les rouvrait. Son cœur poursuivait son galop et la sensation de vaciller persistait. Jax serait bien resté ainsi, flottant entre deux dimensions. Il aurait voulu poser le front contre celui de Bran, comme autrefois, comme s’ils communiquaient mieux ainsi, mais la voix du jeune homme l’attira hors du courant et le ramena sur la berge. 
— Pour ma défense, tu avais de la peinture. Juste là.
Jax ne répondit pas. Sa lèvre trembla sous la caresse. Il déglutit.
— Tu sais… Si tu y tiens vraiment, tu pourrais me faire ce café demain.
Il ne pouvait pas éviter le regard de Bran plus longtemps. Il lui fallait bien revenir au monde réel et Jax finit par plonger les yeux dans ceux du jeune homme. 
— Je peux aussi partir si… c’est ce que tu veux. Mais je préférerais rester.
Instinctivement, Jax saisit l’un des poignets de Bran, gardant sa paume contre son torse, réponse muette à la suggestion insensée du trouble-fête. Don’t go. Il porta sa main libre vers la joue marbrée de ce merveilleux rouge coquelicot qui l’avait toujours subjugué – Bran ne perdait rien de sa superbe, il revêtait simplement une humanité fragile insoupçonnée dont Jax s’était souvent cru le seul dépositaire, à tort, sans doute – et y glissa les doigts.
— Je ne veux pas que tu t’en ailles, répondit-il finalement. Quand tu as dit que tu partais pour New York, j’ai cru que...
Les mots refusèrent de franchir la barrière de ses lèvres et il secoua doucement la tête :
— J’ai cru que tu en avais déjà fini avec Dupree...
Il exerça une légère pression sur le poignet de Bran, caressa sa joue avec son pouce :
— J’ai cru que tu venais dire au revoir.
Ce qu’ils n’avaient pas pu faire la dernière fois, et peut-être que c’était cela qui avait rendu le silence si douloureux : le goût inachevé de leur relation, qui empêchait l’espoir de se dissoudre. Il n’avait jamais vraiment tourné la page, malgré les années qui se succédaient. Bran n’avait jamais compris qu’il lui avait offert son cœur et qu’il ne l’avait jamais récupéré – même s’ils avaient rompu en bonne et due forme, même s’il n’avait pas tué accidentellement son père, Jax savait qu’il n’aurait jamais retrouvé avec quelqu’un d’autre ce qu’il avait vécu avec Bran. 
Sans un mot, Jax fit reculer Bran jusqu’à ce qu’ils soient dans le couloir et il ferma la porte de la chambre d’enfant, comme pour la préserver de leurs secrets. Dehors, le blizzard sifflait toujours furieusement mais ce n’était plus qu’une dissonance lointaine, étouffée par les murs de l’immeuble et la semi-obscurité qui régnait dans le couloir.
Ils étaient seuls.
Jax contempla son invité d’un air absent, comme si la constatation se frayait enfin un passage jusqu’à son esprit, éclairant peu à peu un sentier jusque-là dissimulé. Un chemin à demi-effacé que Jax suivit sans réfléchir après une brève inspiration, levant les mains vers les joues de Bran pour prendre son visage en coupe, repoussant le trublion contre le mur opposé. 
— Je ne veux pas que tu partes, répéta-t-il contre ses lèvres, parce que c’était la vérité, et parce qu’il ne pouvait pas lui dire qu’ils venaient seulement de se retrouver.
Après tout, Bran n’avait fait qu’exprimer son souhait de rester pour la nuit et Jax Beauchamp étant Jax Beauchamp, il refoulait l’espoir que cela puisse signifier plus qu’une nuit de retrouvailles entre deux anciens amants, tous deux célibataires, et qui avaient donc le droit de prendre du bon temps ensemble.
Il aurait pu confesser à quel point Bran lui avait manqué, avait hanté ses jours et ses nuits, mais la dernière fois qu’il avait sous-entendu la douleur et la déception provoquées par le silence radio, Bran était parti comme une tornade.
Et puis à quoi bon jeter du sel sur leurs plaies ? 
Le passé était le passé.
Il n’y avait que l’ici et maintenant.
La vie qui coulait à nouveau dans ses veines.
Ses lèvres qui retrouvaient la saveur de cette peau qu’elles avaient tant dévorée.
Ses mains qui suivaient les contours de la silhouette comme pour s’assurer qu’elle était bien réelle.
Il suffisait pourtant qu’il inspire pour savoir qu’il n’y avait que l’odeur familière de Bran pour exalter ainsi ses sens. 
Aucune photographie, aucun enregistrement n’avait pu lui rendre ce souvenir-là.

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Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
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slightly nsfw?

Bran retint son souffle, le coeur proche de l’explosion, prêt à recevoir le contrecoup de son audace. Il prenait des risques. Il l’avait toujours fait, car il lui était impossible de concevoir un monde qui lui résistait, une réalité où il n’obtenait pas son dû. Mais Jax ne lui était pas dû. Il ne l’avait jamais été. Jax n’était pas un défi, ni un obstacle à contourner : il avait été le garçon que Bran avait aimé de tout son être, qu’importe ce que le principal intéressé avait bien pu penser de ses sentiments à l’époque et aujourd’hui, il était le risque à prendre, le seul qui en vaille la peine. But you don’t always get what you want, right? Jax pouvait le repousser. Il l’avait déjà fait et Bran savait parfaitement à quel point se faire rejeter par Jax Beauchamp pouvait être dévastateur. Dix-huit ans plus tard, son coeur portait encore la trace de leur séparation - au sens propre du terme, car ils n’avaient jamais pris la peine de rompre, admettant à peine qu’ils avaient été ensemble. Et puis, il y avait eu cette ultime rencontre, et—
La main de Jax autour de son poignet chassa momentanément tout souvenir, toute pensée. Le passé disparut, pulvérisé par la force de l’instant présent. Jax Beauchamp le touchait. Il passait ses doigts contre sa joue et Bran frémit. Il ne résista pas à l’envie - non, au besoin - de frotter sa joue contre les doigts de Jax, comme il l’avait fait des dizaines de fois durant leur unique été. Serait-ce donc si facile de reprendre là où ils avaient arrêté ? J’ai cru que tu venais dire au revoir. Sans pouvoir s’en empêcher, Bran eut un petit rire incrédule et leva les yeux au ciel. « Je ne peux pas te dire au revoir. Jamais. C’est si difficile à croire ? » lâcha-t-il, presque en colère contre lui-même en constatant la véracité aiguë de ses mots. Il était incapable de passer à autre chose, d’oublier, de laisser leur été disparaître - non seulement il ne le pouvait pas, mais il ne voulait pas.
Il voulait Jax Beauchamp, encore et toujours.
What’s so hard to understand?
Et Jax ne le repoussa pas, ne le rejeta pas. Si Bran recula, ce fut uniquement pour suivre le tempo de l’aîné des Beauchamp. Docile, il alla là où Jax l’emmena et lorsque son dos heurta un mur, Bran oublia qu’il existait un monde en-dehors du périmètre de leurs corps.
Je ne veux pas que tu partes.

Bran respira enfin. Les mains de Jax sur ses tempes, contre ses joues, achevèrent toute tentative de connexion intelligente et il se mordit la lèvre, sentit tout son corps se tendre, s’offrir. « Je ne vais nulle part. » souffla-t-il, tout, tout, tout bas. Il ne voulait être entendu de personne, sauf de Jax. Qu’importe qu’ils soient déjà seuls, serrés l’un contre l’autre, sa bouche effleurant celle de Jax, déjà si proches que les limites entre leurs deux corps commençaient à se brouiller. Il recherchait une toute autre intimité. Les mots ne lui suffisaient plus ; son message passait par d’autres chemins qu’il ne pouvait parcourir que du bout de ses doigts, de sa langue. Soudain, seules sa peau et ses mains pouvaient articuler ce qu’il ressentait, épeler les syllabes de son désir. Seules ses lèvres pouvaient réciter les prières qu’il adressait contre la gorge de Jax.
Se toucher était sacré.

Parler aurait été blasphémer.
Se taire lui avait toujours permis de dire la vérité plus ouvertement, plus sincèrement qu’aucun mot n’aurait pu le faire. Il dansait et ses gestes parlaient pour lui. Il bougeait et les secrets de son coeur se répandaient comme de l’encre sur une page blanche. La vérité la plus intime de Bran, celle qui existait au-delà de ses mots, parfois en totale opposition, était toujours passée par son corps, du battement imperceptible de ses cils jusqu’à ses mains tremblantes. Il n’avait jamais été aussi sincère, aussi vulnérable que lorsqu’il avait enroulé ses jambes autour des hanches de Jax pour lui permettre de plonger plus profondément, que son dos s’était arqué involontairement sous les tendres assauts de son amant, que ses bras l’avaient attiré pour esquisser un pas de danse contre lui, que lorsque ses yeux suivaient chaque mouvement de l’aîné des Beauchamp au travers d’une flamme estivale. Même détourner furieusement le regard trahissait ses véritables émotions, qui affleuraient alors à la surface sous formes de pétales roses sur ses joues d’albâtre. Non, son corps n’avait jamais su mentir, ni prétendre. Tout son être était fait pour accueillir Jax Beauchamp, en lui, contre lui, envers et contre tout, parfois en dépit de toute raison.
Sans un mot, Bran repoussa Jax pour créer une ouverture de quelques centimètres entre eux. Lentement, sans le quitter des yeux (et comment aurait-il pu ?), les mains tremblantes, Bran ôta son blouson qui tomba par terre. Tout à coup, le fait que ce soit une pièce designer n’avait plus aucune importance, pas plus que son tee-shirt qui rejoignit son compagnie sur le sol. Et pourtant encore à demi-habillé, Bran se sentit plus exposé, plus vulnérable qu’il ne l’avait été depuis longtemps. Pourtant, il avait l’habitude de se dévêtir. La danse ne laissait que peu de place à la pudeur, sur scène ou en coulisses ; il avait eu tout le temps de se faire à l’idée qu’il serait toujours observé, regardé sous toutes les coutures - yeah, and you’re welcome, avait-il envie de dire aux éventuels spectateurs.
Oui, mais c’était Jax qui le regardait à cet instant.
Les yeux de Jax, sérieux et clairs, caresse tendre et brûlante, douce et incandescente, de nouveau sur sa peau qui ne demandait qu’à être marquée, encore et encore.
Do you like what you see? Bran déglutit, nerveux, anxieux, ses yeux cherchant une réponse dans ceux de Jax. Son compagnon aimait-il ce qu’il voyait, ce qu’il lui offrait ? Il avait changé. Il n’était plus un gamin de dix-huit ans, il avait grandi, s’était transformé au fil des saisons et des représentations. Pour qui d’autre se serait-il posé ces questions, laissé ses insécurités et ses doutes affleurer à la surface de manière si transparente, ses joues, ses clavicules, son torse se couvrant d’une multitude de fleurs rose tendre ?
Seulement à cet instant sembla-t-il réaliser que ses mains étaient remontés, de leur propre volonté, sur le tee-shirt de Jax. Par-dessus le tissu, il percevait la chaleur d’une peau pleine de promesses, de souvenirs aussi. Sous ses doigts, l’étreinte crépita, se rappela à lui telle une caresse. La peau de Jax se souvenait-elle de lui comme il se rappelait d’elle ?
Il n’y avait qu’une façon de vérifier et avec une douceur craintive qu’il ne s’était jamais permise qu’avec Jax, il souleva les pans du tee-shirt par le bas, puis glissa les mains sous le tissu, et inspira brutalement.
I need to touch you. I need you.
Bran attendit, guetta un signe de refus, de recul, mais ses mains ne rencontrèrent pas d’obstacle et elles continuèrent à l’aveugle leur ascension, appréciant chaque centimètre, chaque marque sous ses doigts. La nouveauté se mêlait à la familiarité de ses souvenirs, se mélangeant parfaitement et lui rappelant pourtant le manque avec une acuité douloureuse. Sans s’en rendre compte, il se rapprocha de Jax, assez pour que leurs souffles se mêlent comme un baiser fantôme. Son pouce effleura un téton et en typical Brandon Rose fashion, il eut un petit sourire narquois et glissa ses lèvres dans le cou de Jax. Hope it’s enough for you to forgive me. Il aurait pu rester ainsi des heures, son ventre collé contre celui de Jax, sa bouche s’employant aux mille et une façons de le rendre fou, riant sous cape au moindre frémissement. Il retrouvait son rôle de diable avec une étonnante facilité, comme s’il ne l’avait jamais quitté, comme s’il s’agissait là d’une évidence. Il ne se détacha de Jax que pour le débarrasser de son tee-shirt, faisant rejoindre au vêtement le même sort que les précédents, puis se pencha pour l’embrasser - mais s’arrêta soudain, le regard attiré par une forme inconnue. Well, pas tout à fait inconnue, mais nouvelle, qui n’appartenait pas à ses souvenirs.
Une rose, toute proche du coeur de Jax.
Bran cilla. Son sourire espiègle s’effaça, remplacé par une surprise nue et sans artifices. Il fixa le tatouage qui se soulevait en même temps que Jax respirait, lui insufflant presque la vie. A rose. On you. L’esprit court-circuité, Bran leva la main pour effleurer le dessin, en retraçant les contours. Il n’osait pas poser la question tout haut, de peur de lire du regret dans les yeux de Jax,  qu’il lui dise que ça n’avait été qu’une erreur de jeunesse. Mais peut-être redoutait-il plus encore que Jax ne lui réponde par l’affirmative, car il ne méritait pas une telle dévotion. Son coeur se tordit, et il releva brièvement les yeux vers l’aîné des Beauchamp - une seconde partagée qui voulait tout dire. « Ça te va bien. » murmura-t-il simplement, tout bas, et sa bouche remplaça ses doigts dans un mouvement souple et intense.
You make me weak in the knees.
Le goût de Jax sur le bout de sa langue le fit chavirer. Bran ferma les yeux, remontant de baiser en baiser contre Jax. Ses mains allèrent chercher les siennes et glissèrent sur les poignets pour les saisir avec une douceur fébrile. I want you. I want you on me. I need you. Son autorité tanguait, vacillait, à la fois sûre d’elle-même et doutant chaque centimètre. Il posa la main gauche de Jax contre sa hanche, frissonna à son contact, mais garda la droite en l’air un instant, avant de les porter à ses lèvres pour y déposer des baisers légers, dans le creux du poignet, sur les phalanges, contre la paume, sur le dos. Il avait toujours aimé les mains de Jax, leur texture un peu rugueuse, un peu abîmée, les sentir glisser sur sa peau, le serrer avec plus de force qu’il ne pouvait le faire lui-même, les sentir pendre possession de lui et guider leurs unions. Les mains de Jax étaient à son image : puissantes mais d’une douceur insoupçonnée, presque timides mais capables d’amener Bran là où il n’était encore jamais allé, de se glisser là où personne d’autre n’avait le droit d’aller. À cette pensée, Bran sentit ses joues s’enflammer complètement et il lâcha la main de Jax pour se presser contre lui et l’enlacer. Leurs peaux entrèrent en contact mais ce n’était pas assez, il lui en fallait plus, il fallait qu’ils se parlent sans mots, qu’ils dansent l’un contre l’autre. Inconsciemment, Bran imprima un mouvement de vague à ses hanches, le plaisir, le désir roulant sous sa peau comme une lame de fond. Feel me. Touch me, please. « Jax, j’ai envie— Besoin— » De toi,  toi, toi, mais il ne réussit pas à terminer, et de toutes façons, n’était-ce pas évident ? Vouloir ne suffisait plus pour décrire ce qu’il éprouvait à cet instant, l’agonie de sa peau, le supplice d’être encore séparé. Il consentit cependant à s’écarter de quelques centimètres ; sans qu’il ne le réalise, l’une de ses mains vint caresser la rose d’encre, possessive et fougueuse. « Où est ta chambre ? » souffla-t-il, impatient, en feu, sa voix presque identique à celle de l’adolescent qu’il avait été, dix-huit étés plus tôt.

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Quand Jax songeait à leur été, la première image qui lui venait à l’esprit, c’était la luminosité, claire et sereine, qui inondait la chambre de Bran, alors qu’il ouvrait les paupières et réalisait qu’il n’avait pas filé en douce après leurs ébats. Il se remémorait le calme qui régnait dans la maison, la température agréable de la saison, la douceur des draps - tant de détails dont il cherchait à s'imprégner, sachant qu’il lui faudrait bientôt retourner à sa vie. Le regard porté vers les rideaux que la brise matinale faisait danser, il écoutait l’écho des discussions animées qui s’entretenaient sous le couvert des arbres de la forêt de Sherdale - pépiements joyeux, piaillements impatients. Les oiseaux s’agitaient et le cœur du jeune garagiste n’avait jamais été aussi calme, sa respiration jamais aussi paisible. Un mouvement sur sa gauche avait attiré son attention et il avait découvert le garçon endormi à ses côtés, allongé sur le ventre, offrant la vue de ses omoplates, sa nuque et ses cheveux ébouriffés. Jax était particulièrement nostalgique de ces moments-là, silencieux, à l’abri du monde, quand il roulait doucement vers son compagnon pour le réveiller en douceur, en traçant des arabesques sur son dos nu, en posant les lèvres contre son épaule ou en se blottissant contre sa chaleur rassurante pour l’enlacer et voler quelques minutes de sommeil supplémentaires.
Bran n’avait pas seulement embrasé son cœur, il avait aussi apaisé son âme et amadoué l’animal méfiant qui vivait sous ses côtes.
– Je ne peux pas te dire au revoir. Jamais. C’est si difficile à croire ?
Jax ne pouvait pas lui répondre. Un poing s’était refermé sur son muscle cardiaque, une boule obustrait sa gorge. Si les doigts serraient trop fort… Une ombre funeste passa sur le souvenir de la chambre, sur le lit où ils se regardaient muettement, les visages séparés de quelques centimètres seulement. Il voulait préserver ces deux gamins qui ne savaient pas ce qui les attendait, qui croyaient plus ou moins naïvement que l’univers se résumait à leur ponton et au lit de Bran.
Combien de fois avait-il voulu lâcher ces mots-là — je ne veux pas que tu partes — et entendre la réponse que Bran lui offrait aujourd’hui ? Je ne vais nulle part.
Mais il avait toujours gardé cette prière pour lui, sachant qu’il était égoïste de livrer une telle confession à Bran et ses rêves d’avenir. Il se serait détesté d’être la chaîne qui rivait l’impudent à Dupree, parce que l’alternative, celle suggérée par l’adolescent était impensable, à l’époque.
Et maintenant ?
Maintenant, Jax regardait Bran se dévêtir, une brûlure dans le ventre, un tintement dans la cage thoracique. Quelque chose lui grignotait le cœur et il laissait faire, le souffle prisonnier de ses poumons, alors qu’il déglutissait avec peine. La semi-pénombre du couloir laissait deviner la métamorphose de Bran : la silhouette du garçon avait gardé sa perfection mais elle avait également gagné en maturité, les années de pratique l’ayant façonnée de telle sorte qu’il se dégageait de Bran un savant mélange de force et de grâce, d’assurance et de vulnérabilité. Jax effleura les flans du danseur, tandis que chaque détail s’imprimait sur sa rétine et se creusait une place dans sa mémoire, tableau vivant, affolant, hypnotisant. Les yeux clairs du revenant remontèrent pour se perdre dans ceux du jeune homme et il y décela de la nervosité. Why ? eut-il envie de lui souffler, la voix rauque, mourante. Un sourire lui effleura les lèvres mais s’enfuit lorsqu’il tressaillit au contact des mains de son invité. Son rythme cardiaque s’emballa et Jax baissa le regard.
@Brandon Rose percevait-il le chaos que sa seule proximité infusait chez Jax ? Avait-il conscience que ses paumes ranimaient un corps qui avait abandonné tout espoir de retrouver ces sensations-là ? Qu’elles enflammaient un homme qui n’avait jamais songé à chercher ailleurs un ersatz de ce qu’ils avaient vécu ?
Que Bran avait été le dernier à le toucher ?
Jax ne put s’empêcher de se raidir quand Bran passa les mains sous son t-shirt, mais il ne se déroba pas, laissant plutôt échapper un soupir, comme si les doigts de Bran étaient glacés, alors que c’était tout le contraire. La cavalcade se poursuivit, sous le couvert des os, bourdonnant presque aux oreilles du cuisinier. Un frisson lui parcourut la peau et il s’efforça de maîtriser sa respiration, ce qui n’était pas chose aisée quand son cerveau était courcircuité par ses sens assaillis. Jax dut se retenir au mur derrière Bran pour ne pas vaciller, la tête penchée, les yeux clos, l’attention focalisée sur la caresse des doigts sur sa peau. Sa joue effleura celle de Bran et il s’abandonna à cette sensation lointaine d’intimité et de sécurité, que le gosse de riche était le seul à pouvoir convoquer. Jax facilita le retrait de son t-shirt en levant les bras, et approcha instinctivement ses lèvres de celles de Bran pour reprendre leurs baisers, mais le danseur se figea et Jax s’écarta pour le regarder – et découvrir qu’il fixait une zone bien précise de son corps.
Pendant quelques secondes, Jax avait oublié le secret qu’il portait depuis près de quinze ans : une rose éternelle, tatouée à même sa peau, à l’endroit exact où Bran avait posé la paume quelques instants plus tôt, comme s’il devinait sa présence. Mais en réalité, la rose était reliée à ce cœur qu’il croyait déglingué, ce cœur qui ne s’ouvrait qu’à l’approche de Bran et qui était resté le royaume du Petit Prince, tout ce temps.
Jax appréhenda la réaction de Bran. Qu’allait-il penser de cet aveu indélébile ? De cette preuve que malgré ses contorsions, son obstination à vouloir refuser l’amour d’un adolescent, il avait été assez épris pour l’immortaliser sur son torse, des années après leur séparation ? Comme si c’était là la seule trace de ce qu’ils avaient été l’un pour l’autre.  
Car il ne faisait aucun doute que la fleur représentait le danseur, qu’il ne s’agissait pas d’un choix anodin. Que cette marque-là, Jax Beauchamp l’avait choisie, contrairement à toutes ces autres qui ornaient son épiderme.
Jax guetta la réaction de Bran, les yeux rivés à ses traits, et alors que les doigts du jeune homme suivaient les contours du dessin, ceux de l'aîné des Beauchamp glissèrent sur la nuque du trublion, puis remontèrent dans ses cheveux.
– Ça te va bien.
Pour toute réponse, Jax émit un son étouffé, se laissa guider par les gestes comme il s’était toujours laissé dompter par l’assurance et la détermination de Bran. C’était Bran qui menait la danse, Bran qui avait provoqué la collision et continuait, infatigable, à montrer la voie – celle que Jax croyait sans issue. La voie des sentiments, de la vulnérabilité. De la confiance.
De l’absolu.
Jax répondit à l’étreinte, enlaça Bran. Il perçut la solidité du corps athlétique contre son ventre et quand il décela l’onde avide, plus au sud, un souffle brûlant se répandit dans ses veines, lui brouillant la vue et les sens.
– Jax, j’ai envie— Besoin—
Lorsque Bran prononçait son prénom, Jax avait l’impression qu’il lui donnait une nouvelle définition, une signification unique. Il grattait la rouille, passait un baume sur les écorchures, faisait disparaître les cicatrices, la honte, le mépris. Il colorait les lettres, leur donnait une mélodie.  
– Où est ta chambre ?
L’espace d’une seconde, Jax se fit l’effet d’un bloc de granit, tétanisé et incrédule. Comment la journée avait-elle pu basculer de façon si inattendue ? Moins d’une heure plus tôt, il peignait les murs de la chambre d’enfant, absorbé par sa tâche, sans autre plan que de continuer jusqu’à ce que la lumière change ou que ses muscles endoloris le rappellent à l’ordre. Et maintenant il tentait de se remémorer l’état dans laquelle il avait laissé la sienne – parfaitement rangée, habitude carcérale qui l’avait suivi à sa sortie – tout en essayant d’y faire figurer Bran.
C’était insensé.
Jax s’écarta juste assez pour considérer son compagnon.
— Elle est de l’autre côté de ce mur, répondit-il en tapotant la cloison contre laquelle il avait poussé Bran. Mais Bran… Je préfère te prévenir…
Oserait-il avouer ? Avec le risque que cela mène à d’autres confessions ? Jax se pinça les lèvres, hésitant.
— Cela fait si longtemps que je n’ai pas…
Il laissa à Bran le soin de compléter la phrase, persuadé qu’il n’aurait aucun mal à deviner ce que Jax redoutait. La panne, voire même l’absence de tumescence – mais ce n’était pas que ça, n’est-ce pas ? C’était aussi la peur de ne pas savoir donner, que ses caresses soient rugueuses, malhabiles, que ses baisers soient rêches et maladroits.
— J’ai peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas arriver à t’offrir ce… dont tu as envie ou besoin.
Ses mots trébuchaient les uns sur les autres, n’allaient pas dans la direction voulue. Il aurait préféré pouvoir ouvrir la porte de la chambre, y emmener Bran, accéder à ses désirs, quels qu’ils soient, effacer les dix-huit dernières années pour retrouver la fougue de leur jeunesse. Mais c’était bien là le problème, non ? Il n’avait plus vingt-quatre ans, il en avait quarante-deux, il se sentait ankylosé et fourbu.
Et malpropre.
Tout à coup, il prit conscience des heures qu’il avait passées à peindre, de la lassitude qui s’était glissée sous ses muscles, de l’odeur qui émanait de lui, à la fois chimique et animale.
— Je devrais au moins prendre une douche avant…
Il ne fermait pas complètement la porte à l’idée qu’ils aillent dans sa chambre, mais il savait aussi que Bran risquait d’être échaudé par cette interruption. Il courait le risque de le vexer et de voir ces retrouvailles écourtées mais il ne voyait pas d’autre issue.
Il avait peur. Peur de lui-même. Peur de Bran et de ce qu’il convoquait.
Peur de le décevoir.
Peur d’avancer.
L’éternel carrefour devant lequel il pilait.
— Je ne veux pas que tu partes, répéta-t-il, dans un murmure à peine audible, la main venue se poser sur celle de Bran, par-dessus son cœur battant.
Il avait presque l’impression de sentir la rose remuer.
Mais c’était juste ses doigts qui s’étaient refermés sur ceux qu’il aurait voulu ne jamais lâcher.

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Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
Brandon Rose
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Bran n’avait pas réfléchi, comme d’habitude. Plus rien n’existait si ce n’était ses doigts, le contact de Jax au bout de ces derniers, la caresse de leur contact. L’esprit disparaissait, se disloquait, et avec lui, tout ce qui existait de rationalité, de prudence, de logique. Bran ne voulait être ni rationnel, ni prudent, ni logique ; il n’existait que par sa peau, sa bouche, ses mains. Seule la proximité de Jax l’ancrait à la réalité. Sa rationalité s’émoussait contre la mâchoire de Jax, sa logique s’effritait contre les rivages de son corps, sa prudence s’évanouissait lorsqu’il sentait les paumes du cuisinier remonter le long de ses hanches. Ces sensations n’étaient pas nouvelles. Elles avaient déjà existé, une éternité de ça, dans le secret de sa chambre, dans le périmètre sacré du ponton, dans les recoins et les angles morts, là où personne d’autre n’aurait pu les surprendre. C’était au contact de Jax que pour la première fois, il avait envisagé une autre trajectoire, une autre possibilité. C’était dans ses bras qu’il avait appris à battre en retraite, à se laisser faire, à dévoiler ce qui se cachait derrière son sourire de marbre ; c’était contre lui qu’il avait accepté de n’être qu’un mortel parmi les autres, tant qu’il pouvait se blottir contre son amoureux et se réveiller avec lui, dans la sûreté tendre de ses draps.
C’était avec lui qu’il avait appris à aimer, et à souffrir. Depuis, il n’avait fait que marcher le long de ce fil tendu entre eux, suspendu au milieu, faute de pouvoir se résoudre à choisir, à rompre une bonne fois pour toutes.
Soudain, quelque chose changea. Il perçut une tension dans les épaules de Jax et ne put l’empêcher de s’écarter - et soudain privé de son contact chaud et rassurant, Bran frissonna. Please, come back. Allait-il trop vite ? Avait-il fait peur à Jax, dans sa fougue irréfléchie et irresponsable ? Il se tendit, suspendu à chacun des mots de l’aîné des Beauchamp. Mais Bran, je préfère te prévenir… « Oh. » fit-il, sans pouvoir s’en empêcher, sans vraiment comprendre ce que Jax sous-entendait. Son torse se soulevait rapidement, son coeur cognait contre sa poitrine ; la morsure du plaisir faisait bouillonner le sang contre ses tempes. Par réflexe, il jeta un regard à la main de Jax qui indiquait la direction de sa chambre et il se tendit, prêt à bouger, à l’entraîner à sa suite. Mais ils restèrent là où ils se trouvaient et Bran tempéra son impatience face à l’hésitation de Jax. Cela fait si longtemps que… « Oh. » répéta-t-il, et cette fois-ci, il comprit. Il resta muet, interloqué par les implications qui se dessinaient, le coeur compressé, des questions se bousculant au seuil de ses lèvres sans jamais franchir le pas. J’ai peur de ne pas être à la hauteur… Encore sonné par la révélation tacite, Bran se fit violence pour ne pas répliquer du tac-au-tac. Quand Jax comprendrait-il qu’il n’attendait rien ? Qu’il n’y avait pas besoin d’être à la hauteur, d’avoir peur de quoi que ce soit ? Il était tenté de l’attraper par les épaules, de le secouer un bon coup - comme il avait souvent voulu le faire à l’époque, mais l’expérience lui avait appris que l’aîné des Beauchamp se montrait beaucoup plus réceptif lorsqu’il utilisait d’autres tactiques de négociation. Je ne veux pas que tu partes. Leurs mains se trouvèrent sur la rose d’encre et Bran frissonna. « Je ne vais nulle part. » répondit-il, farouche, presque véhément, les yeux brillants. Il n’y avait pas un seul endroit au monde où il voulait être plus qu’ici, dans l’espace exigu entre le mur et Jax. I’m where I’m supposed to be. « Je ne voulais pas te brusquer. » souffla-t-il enfin, la voix rauque. Les doigts de sa main libre s’égarèrent le long de la joue de Jax, caressèrent la peau piquante de barbe, et Bran en profita pour se rapprocher de quelques centimètres. Leurs fronts s’effleurèrent et il ferma les yeux, s’abandonnant au contact, submergé par la force du souvenir qui reprenait vie. Combien de fois s’étaient-ils abandonnés l’un contre l’autre ainsi ?
Sans mots, en silence.
À l’abri du reste du monde, pour l’éternité, ou en tout cas, ce qui paraissait l’être, à l’époque.
Ça avait toujours été leur problème : Jax, trop conscient du temps qui leur était compté et Bran, persuadé qu’ils n’avaient pas besoin de regarder l’horloge, insouciant, refusant la réalité de leur compte-à-rebours, cherchant à tout prix à y échapper, par n’importe quel moyen. Jusqu’au dernier moment, il avait refusé d’admettre leurs différences, leurs écueils, les difficultés qui les attendaient, par arrogance et par peur.
Mais ce soir, alors que le blizzard les emprisonnait à l’intérieur, il avait l’impression qu’ils avaient tout le temps du monde. Tout lui paraissait possible, simple, limpide, aussi facile à suivre qu’une ligne droite. « On peut prendre notre temps. » murmura-t-il, la voix douce, en s’écartant de quelques centimètres. « Y aller… à ton rythme. » ajouta-t-il. Qu’importe le tempo que Jax voulait leur donner, Bran danserait avec lui, tant que l’aîné des Beauchamp ne le lui demandait pas de repartir. « Je voulais— Je voulais juste être proche de toi. » confessa-t-il tout bas, les joues si rouges qu’il craignait que sa peau ne prenne cette teinte pour toujours, les yeux baissés sur leurs mains liées. L’euphémisme était peut-être innocent mais sa peau, elle, trahissait la nature de ses pensées et de son désir, aussi clair et évident que s’il avait été exposé en pleine lumière. Il hésita une seconde, puis deux, puis— Ah, fuck it. « Je veux prendre soin de toi et te faire du bien, de n’importe quelle façon… Comme tu en as envie. Ou besoin. » laissa-t-il échapper, sincère, fébrile, le coeur embrasé, le corps consumé. Il releva les yeux et déglutit, la gorge sèche, les lèvres entrouvertes sur une promesse muette. À cet instant, il ne demandait rien d'autre que de pouvoir se dévouer, corps et âme, à Jax Beauchamp.
We’ve been away from each other for so long.
Too long.

Bran dévisagea Jax, caressa les contours de son visage du regard ; leurs nez s’effleurèrent et il ne put s’empêcher de rire, léger et insouciant. Être proche de Jax, de n’importe quelle façon, voilà tout ce qui lui importait : qu’ils s’en tiennent au contact candide de leur peaux l’une contre l’autre sous les draps de Jax ou qu’ils reprennent possession l’un de l’autre dans les moindres détails, qu’importe, tant qu’ils retenaient le temps entre leurs corps. « Jax. » Trois lettres, qui se dissolvaient comme du sucre sur le bout de sa langue. « Tu es tout ce dont j'ai envie. » souffla-t-il contre les lèvres de Jax, avant de s’abandonner complètement à leur contact, l’embrassant profondément mais avec douceur, comme s’il craignait de le faire fuir après une telle confession. Mais il ne pouvait pas mentir, pas prétendre. Jax l'avait toujours mis à nu. You, only you, always you. Maintenant qu’il pouvait toucher Jax, Bran réalisait à quel point l’absence de l’aîné des Beauchamp avait eu sa propre forme, ses propres contours, il percevait l'ampleur du trou qu’elle avait creusé autour d’elle ; et il mesurait aussi l’absence, le gouffre profond que la présence de Jax comblait  désormais entre ses mains.
I can’t let you go.
Bran se hissa sur la pointe des pieds, glissa ses mains contre la nuque de Jax et se pressa contre lui. Il souhaitait désespérément céder à l’impulsion qui pulsait au creux de son ventre, prendre la main de Jax pour la guider le long de son sternum, l’encourager à trouver un chemin doux et intime qui les ramènerait sur le bois tiède du ponton, entre les draps entortillés de son lit, dans le placard de sa chambre - où ils s’étaient retrouvés une fois, maladroits, essoufflés et heureux - mais il laisserait Jax choisir, si c'était ce qu'il voulait. Leurs lèvres se séparèrent mais Bran ne s’écarta pas. Tendrement, ses mains glissèrent de la nuque de Jax, tracèrent des arabesques et des messages secrets sur la peau de son dos et finirent par trouver un creux accueillant, une courbe secrète juste au-dessus de la limite imposée par le tissu du pantalon, chaque centimètre parcouru plus électrisant que le précédent. Il aurait pu rester ainsi des heures contre Jax, sa chaleur l’enveloppant tout entier, son corps surplombant le sien. Il avait toujours aimé - un peu malgré lui - cette différence de taille, la sensation qu’il éprouvait invariablement au creux de son ventre lorsque Jax le dominait de toute sa stature. Well, it’s still doing it for me. Un frisson qui ne devait rien à la tempête qui faisait rage et tout à leurs peaux nues le fit frémir, et Bran se sentit pousser des ailes. « Cette douche… Est-ce que je peux la prendre avec toi ? » murmura-t-il, les yeux mi-clos, sa voix réduite à une prière, son corps semblable à un jardin de printemps. Il n’était plus que peau et feu, tout entier acquis à Jax Beauchamp. Où qu’il irait, qu’importe ce que Jax décidait, il suivrait. « S'il te plaît, laisse-moi te montrer à quel point— » Sa voix se brisa, hachée, sur un aveu brûlant ; il avait parlé si bas que le sifflement du blizzard avait presque recouvert ses mots. Le monde s’effaça, l’univers s’écroula dans un bruissement inaudible ; tout ce qui importait se trouvait là, entre ses bras et contre sa peau. Jax.

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Jax Beauchamp
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two beer or not two beer

   
semi-nudité, nsfw

Ses doigts s’étaient refermés mais ils ne serraient pas pour emprisonner, ils se contentaient de tenir ceux de Bran, alors que son pouce effectuait de lents allers et retours. Le temps aurait pu s’arrêter, figer l’aveu qui constellait son cœur d’une honte acide alors qu’en réalité, jamais il n’aurait pu envisager sa vie autrement – dansant avec un fantôme, se nourrissant uniquement de moments à jamais perdus, qui avaient pourtant suffi à combler son âme pour une éternité derrière les barreaux.
Était-ce pathétique ? Sans doute, mais, honnêtement, on lui avait attribué des termes bien plus dégradants, des mots qui lui avaient collé à la peau jusqu’à ce que @Brandon Rose  les efface de ses lèvres, à coups de sourires frondeurs, de baisers doux comme des baumes ou brûlants d’une passion qu’il ne cherchait pas à contenir. Car Bran était ainsi : entier, sans peur, fonçant sans se soucier des conséquences quand Jax était tout son contraire, retranché derrière ses défenses, à considérer la vie comme un champ de mines sur lequel il ne valait mieux pas s’avancer, au risque d’y perdre un membre ou un organe. Ils avaient pourtant trouvé un juste milieu, non ? Un jardin secret, une île déserte, un paradis, un abri.
Un rêve, s’était parfois dit Jax, le regard fixé au mur, sourd aux gesticulations de son voisin de cellule. Le genre qui s’était installé dans sa tête, le fruit d’une imagination qu’il pensait pourtant peu fertile. À moins qu’il s’agisse d’un coffre qu’il avait refermé doucement, à double tour, pour que plus personne ne puisse y accéder, pour ne pas risquer de se le voir arraché, lui aussi. 
Oh.
Quelle pensée traversait l’esprit du danseur, à ce moment-là ? Jax ne savait pas s’il voulait le savoir ou non. Allait-il effrayer Bran s’il lui dévoilait l’antre, la caverne aux mille échos qu’était devenue sa cage thoracique ? Le jeune homme allait-il pâlir en entendant son prénom résonner, encore et encore, après dix-huit ans sans se voir, sans se parler ? Jax n’avait jamais pris la peine d’analyser cette fidélité morbide qui le liait à un été à la fois salvateur et maudit. Il n’avait jamais remis en question ce besoin de se terrer dans le passé, d’observer le reflet de ses souvenirs dans le lac qu’était sa mémoire – aussi calme et profonde que Calswell par une nuit de pleine lune, avant un bain de minuit improvisé. 
Oh.
Une chaleur lui picora la peau, lui comprima le cœur. Il ne la connaissait que trop bien, cette sensation de honte, avilissante, paralysante. Elle la tétanisait, menaçait de l’engloutir, ne lui donnait qu’une envie – fondre, s’effriter. Disparaitre. Et en même temps, c’était comme si une part de lui voulait que Bran sache, qu’il comprenne que si les choses ne s’étaient pas passées comme elles s’étaient passées… Que les regrets le hantaient. Qu’il aurait voulu capituler plus vite, plus tôt. Mais ne risquait-il pas de voiler leurs retrouvailles de cette ombre qui couvrait son cœur depuis si longtemps ?
— Je ne vais nulle part.
Jax ferma les paupières, laissa retomber sa tête, ne cherchant même pas à réprimer son soulagement.
— Je ne voulais pas te brusquer.
L’ainé des Beauchamp rouvrit les yeux, voulut assurer que ce n’était pas le cas, mais la proximité de Bran, leurs fronts qui se touchaient, l’empêchèrent de formuler la moindre pensée cohérente. À nouveau, les deux dernières décennies semblaient s’être évaporées pour leur rendre leur intimité, leur langage secret, qui pouvait se dispenser de mots, se contenter de regards, de silences, de doigts effleurés. 
On peut prendre notre temps. Y aller à ton rythme. Les mains de Jax glissèrent sur les joues de Bran, puis vers son cou, ses pouces suivirent la mâchoire du danseur. Il se mordit la lèvre inférieure, alors qu’il avait l’impression que son cœur explosait, sous le couvert de ses côtes.
Je voulais— je voulais juste être proche de toi.
— Je sais...
N’était-ce pas tout ce qu’il voulait, lui aussi ? Tout ce qu’il avait espéré et considéré comme une chimère qu’il devait absolument apprendre à museler, pour cesser de vivre dans le passé, pour pouvoir tourner la page, entamer un nouveau chapitre de sa vie ? Et voilà que Dupree lui jouait un nouveau tour, que Bran se postait au milieu de la route, bloquant la voie qu’il avait pensée emprunter, l’obligeant à constater que son existence n’était pas une ligne droite mais une succession de carrefours où il lui faudrait toujours faire des choix, abandonner certaines idées, accepter les nouvelles configurations. Mais alors qu’il dévisageait un Bran divinement rougissant et fébrile, Jax sut que peu importe qu’il y ait trois, quatre ou dix routes à chaque embranchement, il choisirait toujours celle qui menait à Bran.
À nouveau, les mots de Bran creusèrent un tunnel sous ses côtes, y firent couler un liquide chaud et enivrant. La sensation était indescriptible : entre glace fondante, gouttière bouchée dont les feuilles s’évacuaient miraculeusement, puits frémissant, ombre refluant face à une lumière vive. Jax secoua la tête. Bran se doutait-il seulement qu’il suffisait qu’il soit là, qu’il ouvre grand la porte, comme il le faisait à cet instant précis ? Pour l’homme solitaire, c’était comme si une lumière tamisée et rassurante éclairait une allée de maison, laissant entrevoir la sécurité, le confort qui se trouvaient à l’intérieur, qui ne donnaient qu’une envie, celle de s’y réfugier, de s’y blottir, de ne plus jamais mettre le nez dehors. C’était cela que le jeune homme inspirait à Jax. Un feu de cheminée qui faisait fuir la solitude, qui laissait les paupières se fermer, la peur refluer, les silences s’installer. Un salon où s’endormir en paix, enlacés, ou faire l’amour, quand ça leur chantait, aussi longtemps qu’ils le voulaient. 
Un phare dans la nuit.
Un chalet dans la tempête.
Un ponton sur un lac.
— Jax. Tu es tout ce dont j’ai envie.
Une larme, puis deux, s’échappèrent sans que Jax s’en rende compte. Malgré ses réactions abruptes, dictées par le besoin vital de se préserver, de passer pour plus fort qu’il ne l’était, pour ne pas laisser son père gagner, Jax avait toujours capitulé avec Bran, comme si le garçon s’infiltrait par les brèches. Bran avait vu les cicatrices, les hématomes, les écorchures mais il avait aussi récolté les larmes d’humiliation, de fureur, les grondements, les regards butés. Il avait desserré les poings, les lèvres. Il était resté, avait bataillé, quand il aurait été si simple de tourner les talons – jusqu’à ce que la vie se charge de les séparer pour de bon.
Mais la bouche qui l’embrassait à cet instant précis ne cherchait-elle pas à lui démontrer que l’espoir subsistait, même après tout ce temps ?
Instinctivement, Jax accueillit l’étreinte, enlaça l’impudent, le serra plus étroitement, devinant la sensation de complétude qui s’insinuait en lui, à sentir Bran si proche, ventre contre ventre, torse contre torse, son souffle altéré se mêlant à celui du danseur. Il avait l’impression que ses poumons s’étaient flétris avec les années et retrouvaient tout à coup leur amplitude, gonflés par l’air que Bran leur insufflait. A breath of life.
— Cette douche… est-ce que je peux la prendre avec toi ?
Le rythme cardiaque de Jax s’enraya, un frémissement d’inquiétude le traversa mais il refusa de s’y attarder. Ses mains remontèrent le long de la colonne vertébrale de Bran puis firent le chemin inverse alors qu’il laissait échapper sur le même ton :
— D’accord...
Il savait quels souvenirs surgiraient invariablement, les moments volés en plein jour, l’eau fraiche qui chassait l’odeur du ponton, du lac, du soleil d’été, pour la remplacer par le parfum enivrant d’un savon doux, d’un shampoing, qui lui donnait la sensation de renaitre, la crasse de la journée effacée, la fatigue de ses muscles envolée. Ses doigts qui massaient le crâne de Bran, ses lèvres qui suivaient ensuite la courbe de l’épaule tandis que ses mains s’arrimaient aux hanches du jeune homme. Bran songeait-il à la même chose ? Ou sa mémoire avait-elle emmagasiné d’autres instants que lui-même avait oubliés ?
Impossible. Il se rappelait tout.
— S’il te plait, laisse-moi te montrer à quel point—
Jax voulut lui assurer que ce n’était pas nécessaire mais sa gorge aurait été incapable de libérer les mots. Bran avait toujours su montrer ses sentiments, il les laissait fleurir sur sa peau, défiait quiconque de le contredire, de ce regard effronté qui avait toujours fait chanceler l’ainé des Beauchamp. C’était lui qu’il avait fallu acculer pour obtenir une preuve de son affection, lui qui fuyait à la moindre occasion, qui n’osait pas saisir la main tendue, de peur qu’elle le lâche. Car il savait, Jax, que c’était à lui de prendre la décision, de laisser l’autre partir, qu’il ne supporterait pas l’alternative – être celui qu’on délaissait. Il s’était persuadé que s’il ne plongeait pas complètement, il pourrait nager jusqu’à la rive, alors que Bran n’avait eu de cesse de vouloir sauter du ponton, jusqu’aux profondeurs de Calswell. 
Ils se tenaient à nouveau sur le bord de leur embarcation, comme s’ils ne l’avaient jamais vraiment quittée. Qu’allait-il faire ? Reculer vers le centre, plus stable, ou avancer à l’aveugle jusqu’à basculer, comme ce jour d’été lointain ?
— Tu m’as tellement manqué, laissa échapper Jax, la voix rauque.
Il s’adressait au gamin qui avait changé sa vie, tapissant ses murs gris de fleurs colorées et odorantes, qui lui avait fait goûter à la liberté, qui lui avait dévoilé un autre décor, un chemin invisible – celui du cœur – qui avait ensoleillé ses journées d’une impatience exquise, qui avait apaisé ses douleurs et fait naitre l’espoir. Le gamin qui avait partagé les plus beaux moments de son existence, mais aussi le plus terrible. Mais il parlait aussi à l’homme qu’il était devenu, et qui lui revenait,  qui lui offrait, encore et encore, cette vulnérabilité, ses failles, comme un objet fragile qu’il ne confiait à personne d’autre, à part Skylar sans doute. 
Comme un dernier tour de clé dans une serrure, les mots délièrent quelque chose en Jax, il perçut les fissures dans le barrage, l’eau qui s’en écoulait vivement. Elles étaient apparues au fil de leurs rencontres, il le savait, depuis celle de ce soir pluvieux où Bran était apparu à la Waterfront Kitchen et à chaque mention du jeune homme par sa sœur, à chaque souvenir que Dupree convoquait, à chaque fois qu’il se laissait le droit de penser à Bran autrement que comme le garçon d’il y a dix-huit ans. 
Un pas suffit. 
Comme sur le ponton. 
Pour basculer. Pour s’abandonner. 
Le mur derrière Bran les empêcha d’aller bien loin. Il n’y avait pas d’eau pour les accueillir, cette fois, juste la surface contre laquelle adosser Bran alors que les lèvres de Jax retrouvaient celles du trublion et qu’une délicieuse sensation irradiait là où il percevait la pression du bas-ventre contre le sien. Des frissons lui coururent sur la peau, comme s’ils venaient d’être délivrés de leur propre prison et Jax soupira contre la bouche du danseur – un soupir exhalant le soulagement, la capitulation des sens. Il n’avait aucune envie de refouler ce besoin d’accepter ce que Bran lui offrait, de songer à ce qui pourrait advenir demain, de laisser son esprit fomenter des fables où tout tournait à son désavantage. Il voulait retrouver l’innocence de leurs premières fois, goûter à nouveau à la chaleur du corps de Bran contre le sien, de sa peau sous ses doigts et ses lèvres, ses poumons gonflés de son odeur masculine, ses muscles vibrant, la grâce de ses mouvements en toutes circonstances, la fièvre de son regard lorsqu’ils se fixaient, cherchant la jouissance. Do you like that ? Une question qu’ils se posaient dans l’unique but d’obtenir un Yes étouffé, haletant, heureux. Ses doigts accrochèrent l’extrémité du pantalon de Bran, tirant sur le tissu pour l’inviter à le suivre, alors que cette fois c’était Jax qui reculait lentement en direction de la porte au fond du couloir, leurs lèvres toujours scellées. 
Arrivés dans la salle de bain, Jax relâcha son étreinte et défit son pantalon puis ôta ses chaussettes, qu’il repoussa sur le côté avant d’ouvrir la porte de la douche pour laisser couler l’eau et lui laisser le temps d’avoir la température idéale pour se glisser sous le jet. Il se tourna ensuite vers Bran, le cœur battant un peu plus rapidement, les yeux prenant la mesure de ce que la pénombre du couloir avait dissimulée : la silhouette athlétique, la peau satinée, dénuée d’imperfections, les muscles qui se dessinaient sous celle-ci.
— Tu n’es pas humain, ce n’est pas possible..., souffla-t-il, les lèvres arquées d’un sourire égaré. 
Bran avait toujours agi comme s’il était un petit dieu débarqué sur Terre pour émerveiller les pauvres âmes de Dupree et si cela avait parfois un côté agaçant pour le commun des mortels, Jax savait aussi que c’était ce qu’il aimait chez Bran – sans cette arrogance, aurait-il pu apprécier autant les moments où le jeune homme se mettait à nu, baissait le bouclier au risque d’être transpercé ? Jax avait toujours admiré cette ambivalence, cette force qui consistait à affronter le monde entier et à s’ouvrir en deux la seconde suivante. S’il avait eu une once de ce courage…

Bran aurait toujours cet effet-là sur lui : celui de l’éblouir, de venir le chercher au cœur des ténèbres pour le ramener vers la surface. 
Vers la vie.

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warnings : classisme, blessures, relations familiales conflictuelles, mention de tca (passés).
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Please, Jax. Jump with me.

Bran avait dix-huit ans à nouveau. Il demandait à Jax de le suivre dans la folie de l’instant, sans réfléchir, sans se soucier des conséquences. Il voulait plonger au plus profond du lac, faire la course jusqu’au fond et puis passer de l’autre côté, là où le monde entier s’inversait, là où Jax et lui étaient possibles. Dans ce monde-là, le ponton flottait au beau milieu des nuages. Le lac devenait leur ciel, scintillant et mouvant, Dupree minuscule et insignifiante en-dessous d’eux. Et ils dansaient la tête en bas sans se soucier de la fin de l’été, car dans ce monde-là, c’était la seule saison, aux jours aussi brûlants que les nuits étaient douces. Leur refuge, leur bout d’univers. À dix-huit ans, armé seulement de la certitude que rien ne pouvait résister à Brandon Rose, ni Jax Beauchamp ni le tissu même de la réalité, il n’avait eu de cesse d’entraîner le jeune garagiste à sa suite. Il ne comprenait pas l’obstination de Jax (une ironie qui lui passait tout à fait au-dessus de la tête), ni ses reculs et ses doutes. Il avait fallu qu’il apprenne à lire entre les lignes serrées et butées de Jax Beauchamp, qu’il outrepasse les silences, qu’il apprivoise le garçon blessé. Il n’en avait fait qu’à sa tête, forçant les serrures, enfonçant les portes. Tant pis pour son orgueil et sa fierté. Il était tombé amoureux, d’un amour sauvage et insolent, embrasé d’un feu qui donnait vie plutôt que de la calciner. Et alors qu’il cherchait par tous les moyens à percer la carapace de Jax, l’or de sa propre armure avait fondu, révélant ses propres blessures, dévoilant une peau qui ne demandait qu’à toucher et être touchée, dénudant un coeur aussi farouche que fragile, hérissé d’épines, doux comme un pétale, irrésistiblement attiré par celui qui battait sous la peau contusionnée de Jax Beauchamp, aussi vaste et profond que Caswell. Ce soir encore, son coeur répondait à l’écho familier de celui de l’aîné des Beauchamp, le seul qui parlait le même langage. Jump with me.
Cette fois, tout était possible.
Le coeur suspendu aux lèvres de Jax, Bran attendait. Il le connaissait suffisamment pour savoir qu’un mot pouvait en signifier un autre, que rien n’était joué. Il percevait encore la retenue dans le corps de Jax, son hésitation qui ne tenait qu’à un fil, exactement comme sur le ponton, il y a dix-huit ans, lorsque Bran avait jeté cartes sur table, qu’il lui avait fait entrevoir ce qui pourrait exister si seulement Jax Beauchamp voulait bien lui faire confiance. Il n’avait aucune raison de le faire, Bran le savait. Il avait disparu comme un voleur, se murant dans un silence sonné qu’il ne comprenait pas lui-même. Jax avait toutes les raisons de le repousser, de lui tourner le dos.
Bran lui demandait tout simplement : please, don’t.

Petit prince capricieux un jour, petit prince capricieux toujours, right?

Tu m’as tellement manqué.

Quelque chose se dénoua en Bran et il eut une sensation de déjà-vu, furtive mais si réelle qu’il en eut presque la tête qui tournait. Une vague le submergea, ses omoplates heurtèrent le mur derrière lui, son corps accueillit celui de Jax, ferme, tendre et plein de promesses, sa bouche s’ouvrit sous la caresse de son souffle. « Tu m’as manqué aussi. » murmura-t-il avant de s’abandonner tout entier à Jax. Il existait tour à tour ici et avant, dix-huit et trente-six ans en parallèle, son coeur à la fois brisé et réparé, ses souvenirs retrouvant leur éclat au contact de celui qui les peuplait. Son corps répondit tout entier à l’étreinte, l’une de ses jambes remontant contre celle de Jax pour s’enrouler autour d’elle. I missed you. I missed you too, so much. Il avait passé tant de temps à se convaincre du contraire. Si Jax ne lui manquait pas, alors leur été n’avait jamais existé. Si Jax ne lui manquait pas, alors il n’avait aucune raison de passer des heures à refaire le film de leurs dernières rencontres encore et encore, aucune raison de se torturer toutes les nuits en se demandant ce qu’il avait bien pu faire de mal pour ça se termine ainsi. Si Jax ne lui manquait pas, alors il n’avait pas à se demander si le garagiste ombrageux l’avait aimé, au moins juste un peu. 
Mais Jax lui avait manqué, dans une myriade de façons, immenses et minuscules, lorsque les projecteurs le replongeaient dans l’obscurité, lorsque le rideau tombait, dans les petites heures du matin ou les longues de la nuit. Il aurait voulu se jeter dans ses bras après sa première représentation, anxieux d’entendre son opinion, euphorique de ne plus avoir à dissimuler leur relation. Il aurait voulu rentrer dans leur appartement, l’écouter parler de sa journée, se disputer pour des bêtises, se réconcilier d’un baiser ; il aurait voulu pouvoir grandir avec lui, apprendre à devenir un homme entre les bras de Jax. C’était cette vie volée qui manquait à Bran, toutes ces opportunités manquées qui pesaient comme une enclume dans le creux de son ventre. Alors il avait fait le chemin seul, espérant secrètement que chaque détour ne le ramène à son premier amour.
Well, it worked.

Il se laissa entraîner par Jax, trébucha une seconde avant de retrouver l’équilibre et le suivit dans la salle de bain, le coeur battant, les nerfs déroutés et à vif. La lumière vive le fit battre des cils et il balaya la pièce du regard, presque aussi fasciné par la salle de bains qu’il l’était par Jax. C’était une fenêtre qui donnait sur l’homme qu’il était aujourd’hui - parfaitement rangée, évidemment, ugh, certaines choses ne changeaient pas (et bien entendu, il avait son mot à dire sur la marque du dentifrice et la coordination des couleurs des serviettes de bain, mais ce serait pour une autre fois). Mais rapidement, Bran revint à Jax. Là était toute l’intimité dont il aurait jamais besoin, dans ce regard clair, entre ces bras solides, contre la douceur de ce torse qui l’hypnotisait, et pas seulement parce qu’il portait désormais sa marque. Soudain, leurs regards se croisèrent et le manque se fit physique, animal, presque douloureux. Tu n’es pas humain, ce n’est pas possible… Pris de court, Bran cilla, traversé d’une étrange sensation. Mais le sourire de Jax la dilua complètement et il lui répondit d’un sourire effronté, trahi seulement par le rouge timoré et incrédule de ses joues - comme à chaque fois que l'aîné des Beauchamp lui faisait un compliment. Son coeur battait à tout rompre.

Jax approcha, désormais presque dénudé et Bran ne se déroba pas. Il se laissa dominer par cette haute silhouette qui avait pris en masse et en muscles, intoxiqué par sa beauté de diamant brut. Il était soudain intimidé, mis à nu, d’une manière que seul Jax pouvait convoquer ; sa peau n’existait soudain plus que pour l’aîné des Beauchamp ne la touche.
 Touch me. I’m yours.
Son ventre se tordit délicieusement sous la caresse de Jax, mais il n’était pas prêt pour le brusque changement de direction. Un son étouffé lui échappa lorsque Jax effleura son téton ; lorsque la langue de Jax Beauchamp fut sur lui, ce qui s’échappa de sa bouche ressemblait à une prière enfin exaucée. Tout son corps sembla s’illuminer de l’intérieur alors que la bouche de Jax parcourait son corps à nouveau. « Fuck, Jax. » souffla-t-il, brutalement, sans pouvoir se contrôler. Bran abandonna toute résistance, pencha la tête en arrière, arqua son dos avec souplesse. You smell so good… Incapable de parler, Bran enlaça Jax, le pressa contre lui pour lui faire mesurer toute l’ampleur de l’effet qu’il lui faisait, l’impatience, le désir. La pression de Jax contre ses fesses fit trembler ses cuisses, bouillir le creux de son ventre.

Your smell, your taste, your touch.

You’re heaven.



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Comment aurait-il pu chercher ailleurs ce qu’il n’avait trouvé qu’avec Bran ? La douceur de l’intimité, l’abandon des sens et de la conscience ? Leur relation, ils l’avaient gardée secrète, seuls les murs avaient été témoins de leurs gestes libres, de leurs lèvres affamées. Le reste du temps, ils se frôlaient, s’observaient, s’attendaient. Décomptaient les heures jusqu’à ce qu’ils soient seuls. Sentaient leurs coeurs battre impatiemment. Percevaient leur désir sous leur peau, muselé, contenu. Ils avaient si souvent fait l’amour dans la précipitation, mais ils avaient aussi passé des heures à se découvrir, caresses papillon, regards attentifs, souffle retenu, comme s’ils craignaient que la réalité surgisse s’ils faisaient un mouvement brusque. Quand Jax songeait à ce qui lui manquait le plus, de leur été secret, c’étaient les heures volées au petit matin, celles, paresseuses, d’un bain de soleil au bord de la piscine, c’étaient les fruits frais qu’ils partageaient au petit-déjeuner, perchés sur les tabourets, dans la cuisine de Bran, leurs genoux pressés l’un contre l’autre. C’était l’épaule de l’adolescent, échauffée par le soleil, calée contre ses côtes. C’était sa main posée sur la cuisse du jeune Rose, le pouce caressant le duvet de ses jambes de danseur. C’était son regard perdu dans l’admiration des mouvements gracieux de son compagnon.
Personne n’avait pu capter son attention comme Bran l’avait fait. Les sourires des hommes ne contenaient pas l’impudence espérée. Les yeux clairs ne promettaient aucune île secrète. Les voix ne pénétraient plus sous l’écorce de son coeur en deuil. Dès que Jax sentait leur regard intéressé, il se détournait, se refermait. Aucun n’avait essayé de braver les écueils, de traverser le désert, de s’attaquer aux remparts. Seul un gamin capricieux et sûr de lui avait eu l’inconscience — la bêtise ? — de se froisser l’ego, de récolter des échardes en voulant s’emparer d’un cœur abimé.
À moins qu’ils aient vu, les rares à avoir posé les yeux sur lui, à quel point l’entreprise était inutile. Face à eux, il n’y avait qu’une carcasse vide, désertée. Il n’y avait rien derrière les lèvres closes, le regard absent, distant, les épaules voûtées. Son âme était restée à Dupree, accrochée à un ponton, ou emmêlée dans les draps du garçon qui s’apprêtait à partir pour l’université.
Là-bas, elle était en sécurité, chez elle.
Pas avec lui, derrière les barreaux ou entre les murs de petits appartements qu’il avait loués.
Ici. Son cerveau devait recalibrer constamment.
Il était de retour, n’est-ce pas ? Il avait retrouvé la ville qui l’avait vu naître, grandir, aimer — et dégringoler. Mais alors qu’il tenait Bran entre ses bras, il réalisa qu’il avait encore maintenu ses distances avec Dupree, compartimentant ses souvenirs et la vie d’aujourd’hui pour qu’ils ne se touchent pas, ne se mélangent pas. Pour préserver le passé, même s’il lui paraissait relever du rêve et non plus de la réalité. Pour ne pas sombrer plus loin dans la mélancolie — comme s’il n’avait pas nagé dans celle-ci pendant près de vingt ans.
Tu m’as manqué aussi.
Combien de fois n’avait-il pas espéré ces mots-là, tout en rejetant toute perspective d’y songer ? Il avait enfermé Bran dans le même coffre, s’évertuant à garder de lui l’image du garnement d’un insupportable entêtement, observant l’homme qu’il devenait comme l’étranger qu’il était censé être. Mais comment pouvait-il croire une seule seconde que le temps avait pu rompre la relation qu’ils avaient partagée ? Quand il n’avait qu’à entendre la voix de Bran pour retrouver la sensation d’intimité que le jeune homme lui avait toujours évoquée ? Quand il suffisait que le sourire effronté creuse les joues de fossettes pour que son coeur bascule aussi aisément que lorsqu’il avait vingt-quatre ans ? Que son coeur fonde devant les fleurs qui marbraient la peau du trublion. Roses ou coquelicots, peu importe, les fleurs délicates se dessinaient partout sur l’épiderme de Bran, trahissant son émoi, qu’il s’agisse de colère sourde face aux réticences de l’ainé des Beauchamp, d’une coquette satisfaction d’avoir la preuve qu’il était irrésistible, ou simplement d’un abandon total des armes, offrant sa vulnérabilité à la maladresse d’un garçon qui ne savait pas comment prendre soin de lui.
Dix-huit ans plus tard, Jax n’était pas plus confiant en ses capacités, il ne pensait toujours pas mériter l’attention de Brandon Rose, mais il avait passé bien trop de temps à regretter, à crever de douleur en pensant à ce qu’il avait perdu, pour repousser la chance d’essayer. Et puis la magie des lèvres de Bran avait déjà opéré : baume de douceur apaisant les douleurs, remède contre la solitude, emplissant chaque interstice du coeur évidé d’un liquide chaud et réconfortant.  
— Fuck, Jax.
Language, répliqua Jax contre les lèvres de Bran, un sourire écornant les siennes.
La gorge nouée, l’ancien garagiste observa l’effeuillage avec l’impression, une fois de plus, que tout cela n’était pas, ne pouvait pas, être réel.
Pourtant, pouvait-il y avoir plus réel que Bran devant lui ? Resplendissant, même sous la lumière crue de l’ampoule de la salle de bain ?
— Jax.
Jax ne répondit pas, les yeux baissés, l’esprit parasité par l’angoisse. Privé de mots, l’ainé des Beauchamp éleva les mains, les glissa sur les épaules de Bran, puis vers son cou. Il n’y avait pas lieu de se détourner, cette fois, ni d’ignorer les silhouettes nues qui prenaient leur douche en même temps que lui. Plus besoin de détacher son esprit de son corps, ni de compter les minutes sous le jet d’eau. Les lèvres de Bran effleurèrent les siennes, le ramenèrent à la petite salle de bain de Dupree et la sollicitude du jeune homme fit refluer les craintes de Jax.
— Ne t’en fais pas, ça va…, lui assura Jax, sans doute moins convainquant que ce qu’il espérait, tandis que ses pouces caressaient les joues de Bran.
Chacun à leur tour, partenaires d’une danse bien à eux, autrefois faite d’attentes, de frustrations, de passion mal contenue, d’instants de volupté et de tendresse fondante, ils réapprirent les pas, chancelants, teintés d’une timidité creusée par les années passées loin l’un de l’autre, de part et d’autre de la réalité, paradis et enfer. Jax se laissa guider, le coeur au bord des lèvres, le souffle figé dans les poumons. L’air autour d’eux se fit brumeux, cotonneux, comme si les nuages les enveloppaient de leur chaleur rassurante, apaisante. (…)
La porte de la douche s’ouvrit, la fraicheur de la pièce leur caressa la peau et Jax tâtonna sur sa gauche, sans cesser de dévorer les lèvres de Bran, attrapant une serviette dont il entoura les épaules de Bran. Jax s’écarta quelques secondes pour sonder le regard de Bran, le sien encore teinté d’appréhension, avant de chasser celle-ci. It’s Bran. Haven’t you waited long enough for this ? Isn’t it all you wished for ? Marqué par cette assurance plus que par tout ce qui n’avait pas été droit au cours de sa vie, Jax esquissa un sourire et sécha Bran avec des gestes lents, précautionneux, comme si la serviette, indigne de toucher l’épiderme parfaite du danseur, risquait d’érafler celle-ci.
— Tu sais ce qui m’avait manqué d’autre ? demanda-t-il avant de poursuivre, sans même attendre sa réponse. Ton odeur. Quand je quittais la maison au bord du lac pour aller au boulot, je m’arrêtais dans le hall et je fourrais mon nez dans le pull que tu avais abandonné là. Tu n’imagines pas combien de fois j’ai dû résister pour ne pas l’embarquer, le laisser dans mon camion, juste pour avoir l’impression de t’avoir partout avec moi…
Que serait-il advenu s’il avait cédé à la pulsion ? Le pull n’aurait pas manqué à Bran, qui en avait une collection impressionnante, mais il aurait eu le sentiment d’être un voleur, en plus d’admettre qu’il était bien plus mordu qu’il ne le voulait et ce, dès le début.
Il n’avait pas fallu des semaines pour qu’il tombe amoureux de Bran. Ça n’avait été qu’une question d’heures. De minutes.
De secondes.
— Allons dans la chambre, souffla-t-il après s’être sommairement séché avec la même serviette, l’abandonnant dans leur sillage alors qu’il prenait à nouveau les commandes de leur danse sensuelle, enlaçant Bran avec force, retrouvant avec délice les muscles tendus, la peau douce, la brûlure du désir avoué, débridé, pressé contre le sien.
Son premier instinct avait été de se laisser tomber sur le lit, emporté par le poids de son amant, mais Jax réprima celui-ci et préféra s’asseoir sur le bord du matelas, tenant toujours étroitement le trublion contre lui.
Il se sentait brûler de partout. De l’intérieur, de l’extérieur, les joues en feu, le ventre réduit à un écoulement de lave. Ses poumons, victimes du même incendie, peinaient à garder l’air qu’il respirait, le souffle erratique.

Le parfum de Bran s’infiltra en lui et il reconnut les sensations lointaines qu’il avait toujours associées au jeune homme : celle d’appartenir à un monde hors de prix, hors d’atteinte, mais aussi celle du calme et de la paix, de la sérénité, de la douceur, jardin secret auquel il avait eu accès, par il ne savait quelle aberration. Celle d’être connu de cet être à part, celle de connaître une face de lui que personne d’autre n’avait le droit de voir. Celle d’une passion instantanée. Pourtant, en fin de compte, il n’y avait qu’un mot que Jax assimilait à l’odeur de Bran : intimacy.
Lentement, prudemment, Jax effleura de ses lèvres le cou du jeune homme, remontant depuis l’épaule vers l’angle de la mâchoire.
— Je me rappelle le soir où on s’est embrassés la première fois. Je me souviens de toutes nos premières fois ensemble. Toutes nos expériences plus ou moins ratées. La façon dont mon cerveau ne semblait plus vouloir fonctionner dès que tu étais dans les parages…

— Je crois que de ce côté-là, je n’ai pas changé tant que ça…
Il avait failli dire autre chose, avant de se raviser, pour ne pas gâcher leurs retrouvailles, la sensualité de leurs caresses.
Il avait failli avouer qu’il ne se rappelait plus leur dernier baiser de cet été-là, ni de la dernière fois qu’ils avaient fait l’amour. Son esprit semblait avoir occulté leurs dernières heures, leurs derniers jours, pour ne pas les mêler au drame qui avait ravagé leurs existences et mis un terme à ce que Jax s’était évertué à considérer comme un amour de vacances quand, bien sûr, ça n’avait jamais été un amour estival. Pouvait-on passer la moitié de sa vie à regretter une relation et prétendre que ça n’avait été qu’une aventure, une amourette ?
You got that power over me…, chantonna-t-il dans un murmure, au souvenir d’un morceau entendu à la radio en travaillant à la Waterfront Kitchen.
Comme la plupart des choses qui se rapportaient à Bran, Jax avait laissé la musique aux portes de la prison, se privant de tous les plaisirs qui pouvaient lui crever le coeur au souvenir de ce qu’il avait perdu. Mais depuis qu’il était sorti, il avait laissé les paroles des autres l’imprégner, évoquer ce qu’il ressentait. Ils l’avaient toujours fait bien mieux que lui.
Car s’il avait su exprimer ce qu’il éprouvait vraiment pour Bran, n’auraient-ils pas pu échapper à leur tragédie ? Auraient-ils dû attendre presque vingt ans pour se retrouver ?

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Bran avait hésité à venir, ce soir. Il avait tourné et retourné la possibilité, s’était trouvé toutes les excuses du monde - Jax n’était pas là, il se présentait sans prévenir, il allait lui refermer la porte au nez, il pouvait donner le cadeau à Skylar - pour éviter de faire ce détour sur la route. Même arrivé au seuil de la porte, le coeur en déroute et le souffle suspendu, il avait songé à tourner les talons, à s’enfuir à nouveau, comme il l’avait à la Waterfront Kitchen et à la bibliothèque.

Thank God I didn’t.

Car combien de temps aurait-il encore dû attendre pour retrouver les lèvres de Jax, se presser contre lui, l’enlacer, le goûter ? Tendu, à vif, il attendait l’assentiment de Jax pour pouvoir le vénérer à genoux, lui montrer à quel point son attraction restait vive et tranchante, son attirance intacte, ses sentiments inchangés. Seulement si tu en as envie, toi aussi. Bran fronça les sourcils. « J’en ai envie. » confirma-t-il en hochant la tête, tendre et farouche. Mon coeur est toujours aussi déglingué. Un frisson hérissa sa colonne vertébrale et il releva les yeux un instant, ses doigts se mêlant à ceux de Jax pour effleurer la rose d’encre. Le sien, de coeur, lui donnait l’impression de prendre trop de place dans sa cage thoracique, qu’il avait en fait disparu, remplacé par une fleur en pleine éclosion, full bloom.
Ces mots-là le renvoyaient à leur ponton, à une marque invisible tatouée, gravée en lui. Il se souvenait avec une précision brûlante du moment où Jax avait prononcé ces mots pour la première fois - le soleil de fin d’après-midi, le doux clapotement du lac qui faisait tanguer la plateforme flottante, les sons lointains de la rive qui ne leur parvenaient qu’à moitié et surtout, surtout, la main de Jax qui s’était glissée dans la sienne, les doigts un peu rêches et timides mais si avides et si tendres. C’était ce moment-là qui avait tout changé, à moins qu’il n’ait été que la conséquence évidente de ce qui existait entre eux, avant même qu’ils aient pu le nommer. Il n’y avait ni début ni fin, seulement des interruptions, car il n’existait pas un seul univers, une seule chronologie, où leurs mains ne se (re)trouvaient pas. Just like now.


Il aurait pu rester dans l’espace exigu de la douche, pressé contre Jax, protégé par son étreinte, jusqu’au bout de la nuit, mais soudain, la porte de l’habitacle s’ouvrit et une vague de fraîcheur s’infiltra, refroidissant considérablement la température (du moins, de son point de vue de grand sensible). « Ouch, froid, froid, froid. » protesta-t-il, mais il se retrouva presque aussitôt enveloppé dans une serviette, et la sollicitude de Jax à son égard le réduisit au silence, colorant ses joues d’un rose embarrassé. Pour une raison qui lui échappait - mais qu’il aimait - Jax n’avait jamais semblé se formaliser de ses comportements d’enfant gâté. Avec lui, Bran ne s’était jamais senti tout juste toléré ; Jax l’avait accepté tout entier, défauts, colères et failles comprises. Dans les bras d’un jeune garagiste ombrageux, il avait appris à laisser son armure se fissurer, à se défaire de ce masque qui pesait lourd sur ses épaules, mais il avait aussi . Dix-huit ans plus tard, il éprouvait exactement la même sensation. Avec Jax, il pouvait être lui-même, sans crainte, sans avoir à maintenir une quelconque façade, être tour à tour effronté et incertain, arrogant et vulnérable. Jax savait. Il n’avait qu’à le regarder pour lire la vérité, une vérité d’une simplicité évidente, limpide. Elle leur échappait peut-être encore, leurs retrouvailles ne leur laissant pas le temps de réfléchir, mais elle existait, sans début, sans fin.

Bran frissonna, peut-être à cause du froid, peut-être à cause d’une goutte d’eau qui serpentait le long de la tempe de Jax pour glisser dans son cou. Aren’t you cold, allait-il demander, mais Jax le devança, le prit à nouveau par surprise. Tu sais ce qui m’avait manqué d’autre ? Bran écarquilla légèrement les yeux. Ton odeur. Son coeur fit un looping. Sans pouvoir le contrôler,  Bran se sentit rougir violemment et détourna les yeux un instant ; tout à coup, c’était trop, la confession de Jax,  la douceur nue et sincère de ses mots, l’affection qu’il sentait déborder de son coeur, son envie de l’embrasser et de plonger sa tête dans le cou de Jax et de ne jamais, jamais, jamais défaire l’étreinte de ses bras. Jax ne l’avait jamais habitué à tant de mots d’un coup et son coeur galopait encore lorsque Bran retrouva enfin l’usage de la parole. « Tant que ce n’était pas mon Balenciaga vintage, tu aurais pu tous les prendre. » rétorqua-t-il, sa fausse désinvolture se fissurant sous l’émotion évidente. Comme il aurait voulu qu’une part de lui subsiste auprès de Jax partout où il aille, une part physique et tangible qui atteste de la vérité de ce qu’ils avaient vécu, de ce qu’ils avaient été l’un pour l’autre. Ce n’était qu’après leur séparation définitive que Bran avait réalisé qu’il ne possédait rien de Jax, pas un t-shirt, pas un mot griffonné à la va-vite, même pas une photo d’eux, prise en secret. Bien sûr, Sky en avait quelque part mais ce n’était pas son Jax, celui qui avait connu l’intimité de ses draps, qui avait escaladé un mur pour lui, son Jax qu’il refusait de laisser partir lorsque le matin venait, le Jax qu’il avait aimé, passionnément, sans croire que leur histoire puisse se terminer un jour. Piquer une photo à Skylar serait revenu à contempler un étranger. Il aurait eu l’impression de se mentir à lui-même.

Une ombre passa dans les yeux de Bran mais elle disparut au moment où Jax le fit reculer. Docile, il se plia à l’impulsion, fondit entre ses bras, se laissa guider. Les mains qui se glissèrent sous ses cuisses ravivèrent la brûlure ; le fait que Jax puisse le soulever aussi facilement mit un coup de fouet à sa peau et il banda les muscles de ses cuisses autour de ses hanches, glissa les mains dans les cheveux de Jax, le souffle coupé, affamé, embrasé. Il n’aurait pas été contre que son dos rencontre un mur, que Jax le maintienne en équilibre et qu’il fasse ce qu’il voulait de lui, mais à la place, ils se retrouvèrent sur une surface moelleuse et accueillante - ce qui lui allait aussi parfaitement, tant qu’ils ne rompaient pas le contact, que leurs peaux continuaient de brûler l’une contre l’autre.
Leurs bouches se séparèrent et Bran prit soudain conscience qu’ils se trouvaient dans la chambre de Jax. Dans le tumulte, il n’avait pas vraiment vu là où Jax l’emmenait, concentré sur d’autres considérations beaucoup plus urgentes, et ce fut comme si la chambre surgissait tout à coup de derrière un rideau de théâtre. I’m in his room. Combien de fois avait-il imaginé s’y trouver, dans l’espoir de découvrir un pan de Jax qu’il ne connaissait pas, pour mieux le comprendre, le connaître, l’aimer tout simplement ? « Tout va— ah, tout va très bien. » murmura-t-il. Son coeur tangua, vacilla dans sa poitrine au moment où Jax posait son front sur son épaule ; instinctivement, il le serra contre lui et ferma les yeux, inspira à fond l’odeur du savon, de sa peau, de leurs souvenirs, ses doigts caressant machinalement les omoplates de Jax. I missed this. Le temps aurait pu s’arrêter à cet instant précis, alors qu’il percevait les battements du coeur de Jax contre le sien, et Bran n’aurait opposé aucune résistance, lui qui d’habitude refusait de se plier à n’importe quelle force extérieure sans protester (au moins pour la forme). Il aurait pu accepter de se fondre complètement en Jax, de ne plus s’appartenir, tant que sa douceur continuait de l’envelopper. Please, tell me you never gave that to anybody else. Il se savait égoïste, mais il espérait de tout son coeur avoir été le seul à pouvoir entrevoir cette part de Jax, cette douceur insoupçonnable, cette tendresse qui mettait feu à son coeur aussi sûrement que le plus ardent des baisers.
Les lèvres de Jax dans son coup envoyèrent une décharge électrique le long de sa colonne vertébrale, qui se transforma en explosion de crépitements lorsqu’il sentit les doigts de son amant glisser le long de son ventre, puis entre ses jambes. « Jax… » Bran inspira brutalement, se mordit la lèvre, arqua légèrement son dos. Sa respiration se transforma en fil d’air. Touch me again, please. Ses mains vinrent prendre le visage de Jax en coupe, ses pouces appuyant légèrement sur les tempes du cuisinier. Je me rappelle le soir où on s’est embrassés pour la première fois. Bran rouvrit les yeux mais ne bougea pas. Suspendu aux mots de Jax, il écouta, réduit au silence, la gorge nouée, la vue floue.
Il n’avait pas oublié, lui non plus.

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a force from above, cleaning my soul, flame on burn desire, love with tongues of fire.
Jax Beauchamp
Jax Beauchamp


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pseudo : Olivia
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passe son temps au lac
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two beer or not two beer

   
nsfw, nudité, intimité, etc.

Chacun des gestes de Jax trahissait sa fébrilité. Il voulait arriver à se fondre dans l’instant présent, offrir sa tendresse et son affection, mais il avait la sensation d’être maladroit, incapable de contenir les aveux qui débordaient, comme si la porte avait été entrebâillée, la lumière s’était infiltrée dans la cave et que toutes choses qu’il regrettait n’avoir jamais dites, jamais confiées, cet été-là et toutes les années qui avaient suivi, cherchaient à s’échapper avant d’être prisonnières à nouveau. I missed you so much, ça voulait dire tant et rien à la fois. Jax savait que Bran verrait plus loin, devinerait l’abysse qui se cachait derrière cette confession. He would, right ? He saw right through your silences, your stubbornness. Mais alors même que cette assurance tintait dans un coin de son esprit, le doute s’insinua par une brèche. What about all these years, then ? Why did he not come to see you ? Jax refusa ce duel, chassa ces réflexions. Il ne voulait pas songer à ce qui les avait tenus à distance l’un de l’autre, ce qui avait fracturé leur existence en un avant et un après. Bran était là, dans ses bras. C’était lui, encore et toujours, qui était venu, qui avait fait le premier pas. Si Bran n’était pas venu ce soir, combien de temps se serait encore écoulé avant qu’ils se retrouvent ? Se seraient-ils seulement retrouvés s’il avait fallu seulement compter sur lui ?
Une pointe de culpabilité s’enfonça dans le coeur de Jax, alors qu’il posait le front contre l’épaule de Bran, fermait les yeux, refoulait les ombres pour se concentrer sur la lumière.
Il inspira péniblement, en partie parce que ce combat qu’il menait contre ses propres insécurités faisait partie d’une guerre qui faisait rage en lui depuis aussi loin que remontait sa mémoire, mais aussi parce que son corps était balloté par les vagues de sensations oubliées, enterrées, dont il pensait avoir fait le deuil depuis longtemps. Il songea aux seules trêves que la vie lui avaient offertes lorsqu’elle avait mis Bran sur son chemin, et comme il semblait ironique qu’il soit à la fois une source de paix et de tourments, qu’il puisse représenter ce qui se rapprochait le plus d’un foyer, après Skylar, et une rivière tumultueuse qui l’emportait loin, vers d’autres horizons, vers un océan — l’avenir. Bran était le ponton du lac vers lequel il avait toujours nagé, parfois bien malgré lui; une fois allongé sur sa surface usée, réchauffé par les rayons du soleil de fin d’après-midi, les ténèbres insondables refluaient, lui lâchaient les chevilles et il pouvait s’abandonner à l’ignorance de savoir dans quelle direction le courant allait — peu lui importait puisqu’il était en sécurité, au sec, au calme. Il ne livrerait pas cette comparaison au danseur, cependant, elle resterait l’image qui flottait dans son coeur depuis dix-huit ans, celle vers laquelle il était revenu chaque fois qu’il ne supportait plus sa tristesse et sa solitude, chaque fois qu’il s’efforçait de chasser son environnement pour s’accrocher à ses souvenirs.
— Tant que ce n’était pas mon Balenciaga vintage, tu aurais pu tous les prendre, avait plaisanté Bran quelques instants plus tôt et il lui était reconnaissant de cette diversion, de ne pas se moquer de ses mots qui n’auraient jamais la force qu’ils revêtaient pour lui, qui ne seraient jamais colorés de cette poésie qui faisait chavirer les coeurs.
Jax n’avait jamais su trouver le courage d’offrir son âme dénudée, de laisser la vérité passer ses lèvres. Il avait ravalé quantités de soupirs, de frustrations, le regard écorché, suppliant Bran de voir au-delà de son mutisme, de ses écarts, de son humeur ombrageuse. Bran s’exposait, de mille et une façons, et lui, il butait sur chaque parole.
Not tonight.
Peut-être était-ce l’arrivée impromptue de Bran, le virage qu’ils venaient d’opérer, qui le laissaient étourdi, qui provoquaient cette cascade d’aveux. Jax avait pourtant conscience qu’elles n’avaient rien d’extraordinaires, ces déclarations étouffées, mais chaque parole dépoussiérait son coeur, chaque tentative de faire comprendre à Bran qu’il regrettait amèrement la façon dont leur histoire s’était terminée était une demande inarticulée. Forgive me, I was so stupid, back then. I would do everything differently if I could go back.
Il n’aurait pas autant résisté, n’aurait pas repoussé les idées folles de Bran, ses visions de leur avenir, qu’il jugeait si puériles, insensées. Il n’aurait pas ravalé les mots qui auraient pu les sauver. Il n’aurait pas lâché ceux qui blessaient Bran, juste parce qu’il ne supportait pas d’imaginer ces chimères que le garçon cherchait à lui faire avaler. À l’époque, tout ce que le gosse de riche suggérait lui paraissait impossible, appartenir à un monde qu’il pouvait seulement regarder de loin, frôler quand il caressait le dos du futur danseur, mais qui s’effacerait s’il tentait seulement de le saisir. Un rideau de fumée, un hologramme digne de Star Wars, rien de plus. La vie que lui faisait miroiter Bran était au mieux une fantaisie, au pire un mensonge. Il avait rejeté toute ébauche de désir d’y croire, toujours plus vivement, toujours plus obstinément, jusqu’à la dispute qui avait poussé Bran à venir frapper à la porte des Beauchamp, ce qui avait été une erreur fatale — et pas seulement pour le père de Jax et Skylar.
Alors il ne pouvait se raccrocher qu’à cette assurance : ne pas répéter les erreurs passées, ne pas claquemurer ses espoirs derrière une forteresse imprenable. Ils étaient des hommes désormais, des adultes. Ils étaient libres — libres de se retrouver, de tenter. Et si c’était un échec ? s’enquit une petite voix dans un coin de la tête de Jax. Si c’était une erreur ?
Mais comment pouvait-il envisager une seule seconde qu’avoir Bran si près de lui soit une erreur ?
— Jax…
Combien de fois Bran l’avait-il appelé ? Il avait donné à son prénom toutes les intonations possibles, de la plus tendre à la plus sourde, et à chaque fois, c’était comme s’il lui redonnait vie, le rendait à l’existence, le rappelait au présent, chassant les ombres, décimant les craintes, ouvrant les fenêtres pour remplacer l’air vicié par une brise fraiche. Même prononcé avec colère, agacement, découragement, son prénom palpitait lorsque c’étaient les lèvres de Bran qui le délivraient, lavé, désinfecté du mépris auquel il était accoutumé avec son père.
Alors il pouvait bien lui avouer, non ? Qu’il se souvenait de tout, que chaque moment passé avec lui était gravé dans sa mémoire, dans son coeur, conservé religieusement, comme dans un musée, à l’abri de la poussière et de la lumière.
L’effet Brandon Rose. Souvent imité, jamais égalé. La réplique préférée du garnement  d’autrefois, celle qui le faisait rouler des billes et détourner la tête, un sourire faussement railleur aux lèvres. But it’s true, isn’t it ? songea Jax en le regardant, sans lever les yeux au ciel ni regarder ailleurs, cette fois. La fanfaronnade, comme souvent, avait pour seul but de faire diversion du trouble qui traversait le regard de Bran, mais Jax s’y raccrocha au contraire, guettant cette vulnérabilité qui avait toujours creusé son coeur d’une tendresse incomparable.
— Je me souviens de tout. Le ponton et ton coeur déglingué. Tes acrobaties pour arriver jusqu’à ma chambre. Ta peau contre la mienne. Toi et moi. Encore et encore et encore.
Tel un enchantement, Jax eut l’impression que le temps se diluait, le passé remontant à la surface du lac, se reflétant dans les yeux de Bran. Le gamin de dix-huit ans, seul élément coloré et vivant au milieu d’une foule de silhouettes floues, anonymes; son sourire carnassier alors qu’il lui donnait rendez-vous à l’étage, assuré que le frère de sa meilleure amie ne résisterait pas à l’invitation, sans s’imaginer qu’il irait jusqu’à escalader un treillis pour le rejoindre. Il vit défiler le film de cet été-là, quand ils grimpaient sur le promontoire rocheux, leurs bousculades, davantage une excuse pour se toucher qu’une vraie bataille, leurs sauts insouciants, leurs mains qui se retrouvaient instinctivement quand ils remontaient à la surface. La façon dont Jax l’observait en douce lorsqu’ils se laissaient tomber, essoufflés, sur un carré d’herbe, la cage thoracique résonnant encore de leurs rires. Son regard qui ne pouvait s’empêcher de passer en revue le corps de Bran, parce qu’il peinait à croire que tout cela était réel. Ses contorsions pour se rapprocher juste assez pour que leurs bras ou leurs jambes se frôlent. Il se remémora le bonheur qu’il éprouvait quand Bran était allongé sur lui, pesant de tout son poids, la chaleur du sommeil se diffusant d’un corps à l’autre tandis que Jax dessinait des arabesques sur son dos.
It’s not lost. It’s not forgotten.
C’était juste là, dans le regard adulte de Bran. Le chapitre de leur jeunesse était peut-être clos mais Dupree était toujours là. Le ponton flottait toujours sur le lac, insubmersible. C’était aussi réel que cet instant qu’ils partageaient.

Lorsque la bouche du danseur retrouva la sienne, Jax répondit naturellement à son baiser, effleurant sa langue. Le gémissement de Bran enflamma Jax qui perçut nettement la course des frissons sur sa peau. Instinctivement, il captura la lèvre inférieure de Bran entre ses dents, juste une seconde, avant de le libérer.
— Allonge-toi… (…)

— Désolé…, ne put-il s’empêcher de s’exclamer, alors même qu’il savait que Bran avait cherché ce résultat.
Il attrapa un coin de drap et essuya les traces de sa reddition sur le ventre du jeune homme puis releva les yeux vers lui.
— Si j’avais su en ouvrant la porte que ça allait se terminer comme ça…
What about it, Jax ? What would you have done differently ?
Mais la réponse était simple : il n’avait jamais eu aucun moyen de se préparer à Brandon Rose. Il avait passé tout un été à essayer de vivre à sa cadence puis une vie entière à regretter de ne pas l’avoir fait. À quarante-deux ans, il se trouvait aussi démuni qu’aux premières lueurs de leur  histoire et il n’aurait pas voulu qu’il en soit autrement.
— Et toi… ? s’enquit-il, sa voix rauque trahissant une pointe d’appréhension. Qu’avais-tu en tête en venant ce soir… ? Tu l’avais… envisagé ? Ou était-ce juste un moyen de ne pas devoir retourner dans ce froid polaire ?
L’humour comme piètre armure en attendant la réponse.
Une armure aussi fine que du papier de soie, aussi fragile que le coeur de Jax Beauchamp dès qu’il était question de @Brandon Rose.

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Can we go where no one else goes? Can I know what no one else knows? Say you'll meet me at the altar. Can we fall in love in the moonlight?
Brandon Rose
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nsfw-ish

Il ne savait plus s’il voulait étirer leur étreinte ou qu’elle arrive enfin à terme. Son corps parlait pour lui, ses mains ne lui obéissaient plus. Bran avait la sensation de n’exister que là où il touchait Jax ; le reste s’évanouissait, invisible, intangible. La seule réalité qui comptait, c’était celle de la peau de Jax contre la sienne, celle des lèvres de son amant contre les siennes, la mélodie délicieuse des gémissements qui s’échappaient de sa bouche, l’odeur de savon sous la sueur, rendue encore plus grisante par le souvenir de la douche un peu plus tôt.

Tout à coup, le monde réapparut - le lit, la chambre - mais Bran ne pouvait détacher son regard de Jax nu au milieu des draps défaits. Son corps fut parcouru d’un long frisson, effet secondaire de l’orgasme qui venait de le traverser, et il fut incapable de bouger, même lorsque Jax essuya sa peau. Il s’excusa, mais Bran secoua la tête, le ventre noué. Il se pencha légèrement en avant et heurta la mâchoire de Jax avec douceur, du bout des lèvres. « Don’t be. Tu étais… » Une brume flottait encore dans son regard, une vapeur fiévreuse qui caressa le corps nu et moite de Jax, les lignes de ses muscles alanguis, le tatouage qui semblait pulser au rythme de son coeur. Goddamn. Ces dix-huit ans avaient parfaitement patiné le corps de son amant et l’attirance que Bran éprouvait à son égard brûlait comme au premier jour, incandescente et lumineuse. Elle l’illuminait, le réchauffait de l’intérieur. « Étourdissant. » conclut-il d’une caresse du revers de la main sur le ventre exposé de son amant. Si j’avais su… Bran releva les yeux et un rire incrédule et silencieux lui ébroua les épaules. Il se retint d’avouer que s’il avait su que toquer à la porte de Jax ce soir le mènerait à celle du paradis, il serait venu plus tôt mais il n’osa pas. Il ne voulait pas que Jax s’imagine qu’il n’était venu qu’en quête de peau et de contact, échaudé par leur rencontre à la bibliothèque. À lui-même, au moins, il se l’avouait. Il avait retourné le moment dans sa tête, encore et encore et encore, le visage de Jax s’imposant sans cesse à lui, sa peau qui disparaissait dans les méandres de sa veste, le vert profond de ses yeux. Il était rentré chez lui vide et sonné, sa peau hérissée d’une sensation qu’il n’avait éprouvé aussi douloureusement depuis la fin de son adolescence, un manque, un besoin, un incendie destructeur et exquis qui avait embrasé son corps et son esprit tout entier. I should have kissed him. Why didn’t I kiss him?! L’absence de réponse avait tournoyé dans sa tête, sans merci, ne lui laissant pas une seconde de répit - jusqu’à ce qu’il passe par hasard devant cette vitrine et que ses yeux tombent sur l’édition illustrée du Petit Prince. Et pour une seule et unique fois, Brandon Rose avait cédé face au destin et accepté le signe.
Et toi ? Qu’avais-tu en tête en venant ce soir… ? Tu l’avais… envisagé ? Ou était-ce juste un moyen de ne pas devoir retourner dans ce froid polaire ?
La main voyageuse de Bran s’immobilisa. Il cilla légèrement.

Dix-huit ans s’étaient écoulés et il continuait de vouloir décortiquer le sens caché derrière les paroles de Jax. L’aîné des Beauchamp ne semblait toujours pas avoir réalisé l’importance de ce qu’il disait, d’à quel point Bran absorbait ses paroles et buvait chacun de ses mots. Mais pouvait-il vraiment lui en vouloir ? Comment Jax aurait-il savoir quoi que ce soit de lui ?
Après ce jour-là, plus rien n’avait été pareil.
Il avait tenté de revisiter ces heures, mais rien ne lui revenait si ce n’est des détails, des bribes fugaces, le béton brûlant de soleil, les trois coups toqués - abattus, plutôt - contre la porte des Beauchamp, qui s’était entrouverte lorsqu’il y avait posé le front, désespéré face au silence de Jax, un cadre de travers sur un mur autrement nu. Plus il tentait de se rappeler des grandes lignes et plus le récit se resserrait, étroit, étouffant comme le couloir qui menait jusqu’à la cuisine des Beauchamp. Des cris. Un éclat métallique. Sa main qui se tendait vers quelque chose. Le regard de Jax, son visage marbré de douleur…
How fucking sad is it that this is what I last remember of you? C’était là les derniers souvenirs que Bran gardait de lui, la douleur de Jax, sa colère, sa peur. Ils s’étaient enroulés autour de son cou comme une chaîne et elle se resserrait à chaque fois qu’il songeait à Jax. Il avait l’impression qu’une main cruelle s’amusait à l’étrangler dès qu’il pensait pouvoir avancer vers Jax, un pas en avant, deux pas en arrière. Chacune de ses tentatives se soldait systématiquement par cette sensation de noyade, comme si au lieu de basculer du ponton avec Jax, il avait glissé inconscient dans les eaux de Calswell, l’eau glacée remplissant ses poumons en feu, la sensation de brûlure le réveillant parfois en pleine nuit, le coeur battant et les tempes trempées.
Non, Jax ne pouvait pas savoir. Il avait choisi le silence par instinct de survie.
But no more. Bran secoua la tête et donna une chiquenaude sur l’épaule de son amant. « Right. C’est exactement ça. Tu m’as totalement percé à jour, c’était mon but depuis le début. » répliqua-t-il en levant les yeux au ciel, avant de se mordre l’intérieur de la joue. « Je reviens. » Sans attendre, il s’échappa avec souplesse, juste le temps de passer par la salle de bain pour effacer les dernières traces de leur étreinte de ses mains et attraper une petite serviette qu’il passa sous le jet d’eau, avant de l’essorer presque complètement. Puis il regagna la chambre et aussi naturellement que s’il avait toujours vécu là, que ce soir n’était qu’un soir comme les autres, s’assit sur le bord du lit pour terminer de nettoyer son amant, frottant la peau de son ventre avec tendresse, ne s’arrêtant que lorsqu’il fut satisfait. Puis il replia la serviette en quatre qu’il put et la posa sur la table de chevet, avant de glisser à nouveau vers Jax, tirant les couvertures sur eux. Bran emmêla ses jambes aux siennes, se rapprocha et posa la main sur le coeur de Jax, sa tête sur son épaule. Loin sous sa la peau, il en percevait les battements profonds et réguliers, et s’il n’avait pas eu tant de choses à dire, il aurait pu s’endormir ainsi. With you, I feel safe. « Je suis venu parce que… » Au même moment, ses doigts trouvèrent la rose d’encre et Bran perdit le fil de ses mots, lui qui d’habitude savait toujours quoi dire. L’effet Jax Beauchamp, songea-t-il en avalant un sourire distrait alors que son pouce épousait le tracé qui s’épanouissait sur la peau de Jax. Jax avait toujours su le réduire au silence, d’une manière ou d’une autre. « Je voulais— J’avais besoin de te voir. » laissa-t-il échapper en continuant à tracer des fleurs invisibles sur la peau de Jax, sous son coeur, sur son flanc, sur son bras, glissant vers le nombril. Tout à coup, il osait à peine effleurer Jax, comme s’il craignait de rompre le charme. « J’aurais trouvé n’importe quel prétexte. Saisi n’importe quelle occasion. » continua-t-il. L’aveu lui écorcha la bouche et il sentit ses joues se parer de cette nuance de rose qui n’appartenait qu’à Jax, qu’à ce que l’aîné des Beauchamp était capable de lui soutirer sans même prononcer un seul mot. I’m such a fool for you, Jax Beauchamp. « Tu n’es pas le seul à perdre la tête. Quand j’ai compris que tu étais de retour pour de bon… » Il avait tenté, de toutes ses forces, d’ignorer le vent de révolte qui semait le chaos dans son coeur et dans sa tête. L’ouragan avait déraciné les ronces autour de son coeur, laissant la place pour de nouvelles floraisons. Ce n’était que maintenant qu’il réalisait à quel point il avait été futile de prétendre, inutile d’essayer d’oublier. Jax vivait en lui. Leur langage secret courait, invisible, le long de sa peau, mais aussi réel qu’un tatouage. Il se mordit la lèvre. « Parfois, j’ai l’impression de ne jamais avoir refait surface, après le ponton. Je suis tombé et je ne suis jamais revenu de toi. » Bran releva les yeux un bref instant. Son coeur cognait dans sa poitrine ; chaque battement faisait fleurir un bataillon de roses entre ses côtes. « Je ne savais pas ce que j’attendais. Je ne savais même pas si tu accepterais de me voir. » fit-il avec un sourire incrédule. Après tout, Jax aurait eu tous les droits de lui claquer la porte au nez. « Pas que ça m’ait arrêté par le passé… » murmura-t-il. Son sourire lui froissa les lèvres et cette fois-ci, il n’osa pas chercher le regard de Jax, craignant ce qu’il y lirait. Il avait enfoncé chaque porte fermée que Jax lui avait opposé, souvent sans réfléchir, mais toujours amoureux, impérieux. Il avait vu clair dans le jeu de Jax Beauchamp. Il avait reconnu ses esquives, éludé ses subterfuges, il avait tambouriné à la porte, fait sauter les gonds, forcé la serrure, sans écouter, persuadé que Jax cherchait à le fuir, à trouver des prétextes pour le tenir à l’écart. Nobody puts Brandon Rose in a corner! Mais son obstination n’était pas le résultat d’un caprice. Ce n’était pas son ego froissé qui avait parlé, cet été-là, mais son coeur, coeur que Jax avait possédé à la seconde où leurs bouches s’étaient trouvées pour la première fois, un coeur flamboyant qui s’opposait et se donnait à la fois à celui de Jax, peut-être moins sonore mais inébranlable. Bran le comprenait aujourd’hui. « Mais tu m’as ouvert la porte. Tu m’as fait entrer chez toi, tu m’as montré la chambre et je n’ai pas pu m’empêcher d’essayer… De tenter de te retrouver. » Il avait eu besoin de toute sa volonté pour ne pas dire qu’il était retombé amoureux, all over again, d’abord parce qu’il ne voulait pas prendre le risque de voir Jax l’inviter à prendre la porte, mais surtout parce que ça n’aurait pas suffi à expliquer le sentiment qui s’était emparé de lui dans la chambre de la future petite Beauchamp.
I fell in love again, but I had never stopped in the first place.
Lentement, Bran se redressa sur un coude et regarda autour de lui. Il observa la décoration spartiate, l’ordre impeccable qui régnait, le manque de photos ou d’objets personnels. Son coeur se froissa et pourtant, à l’idée de se trouver dans le lit de Jax, au plus intime, au plus proche, une tendresse tiède et familière le submergea. « À l’époque, je rêvais de voir ta chambre. » murmura-t-il avec un sourire lointain pour le gamin qu’il avait été. I wanted to know you better, so I could love you even more. Il s’attarda un moment sur la fenêtre - la neige continuait de tourbillonner à gros flocons - puis revint à Jax. « Il suffisait d’être patient, je suppose… » fit-il, faussement canaille pour dissimuler la brèche qui s’ouvrait en lui, avant de plonger à nouveau vers son amant. Il mordilla le plein de l’épaule, un sourire creusant ses fossettes, puis remonta, chaque baiser se posant comme un papillon jusqu’au creux du cou de Jax. « Je voulais exister dans ta vie, comme tu existais dans la mienne. C’est tout ce que je voulais. » Pas tout ce que je voulais comme une plainte, un caprice, un reproche, mais tout ce que je voulais comme un écho à ce qu’il avait confessé à Jax un peu plus tôt dans le couloir, tu es tout ce dont j’ai envie. « Ce que je veux. » rectifia-t-il, les ramenant au présent. Sa main glissa sur le visage de Jax, prit en coupe sa mâchoire et son pouce vint caresser le coin de l’oeil dans un doux aller-retour. Plus tôt, il avait vu une larme rouler sur la joue de Jax et son coeur se serra de culpabilité et de honte. Il ne savait plus quoi éprouver, entre l’enclume qui lui pesait soudain dans le ventre et l’impression de reprendre vie. « Si tu veux bien de moi. » murmura-t-il, la voix soudain rauque. 

Wasted enough time, haven’t we?

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a force from above, cleaning my soul, flame on burn desire, love with tongues of fire.
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