(gabi) And if I make it to the stage...

"Okay Gabi... tu sais pourquoi on est là aujourd'hui, n'est-ce pas ?"
"Ouais, il est temps pour vous d'approuver ma sortie, et pour moi de retourner... dehors."
"Oui. Mais tu sais... ça ne dépend que de toi."

Tu soupires. Depuis le canapé très confortable du Docteur Flynn, tu soupires lentement et pourtant, tu ne peux empêcher le sourire qui passe sur ton visage la seconde suivante. Tu t'y attendais, à cette phrase toute faite, pré-mâchée, le spécialiste en addiction ne te déçoit pas. Il ne te déçoit pas depuis quelques mois, depuis ton arrivée ici, en Avril de l'année dernière. Onze mois. Onze mois que tu es ici, onze mois de sobriété. Onze mois à rcupérer des parties de toi-même que tu pensais avoir très certainement oubliée ou même ruiné. Sur tous les plans, tu n'es pas la même personne, plus la même Gabi, plus la même Gabriella. Ici, dans ce centre de désintox' coûteux et très sélect, il y a personne pour te demander d'autographe. Personne pour te demander de chanter. La presse est bannie, les excès aussi. Mais il ne faut pas se laisser avoir par le spa qui est également là, le but est bien de te faire repartir sobre, de te faire remonter la pente, d'où les séances quotidiennes et régulière avec un psy.

"Je sais. C'était la vérité la plus difficile à accepter, mais on y est parvenus, n'est-ce pas?" Tu conjures un sourire sur ton visage. Pour voir le positif. Tu en as fait des tas des listes dans ta chambre pas du tout personnalisée. Tu es en vie. Tu as toujours tes Grammys, toujours la possibilité de retomber dans la musique et d'en retomber amoureuse. Pas de vilaine séquelles et les seules personnes que tu as fait souffrir en fait ? Elles ont le même nom de famille que toi. Ta réputation et ta carrière ? Oh, elles ont été mises à feu il y a quelque temps de cela.

"Est-ce le cas Gabi ? On en a déjà parlé mais... en-dehors du centre, il est beaucoup plus facile de se procurer de l'alcool ou encore des substances beaucoup plus dures et illégales."

"Et c'est encore plus facile quand on est célèbres et une équipe qu'on paye pour tout!" Tu le dis avant de faire claquer ta langue sur ton palais.

Tu doutes que qui que ce soit travaille encore pour toi. C'est fini le traitement de princesse, ton label, Universal Music, t'a lâchée quand tes excès ont été bien documentés dans la presse à scandale, sur TMZ et tous les réseaux. Et puis vomir sur les chaussures d'Ed Sheeran? Il y a pas mieux pour enterrer sa carrière musicale. Tu ne sais même plus comment tu en es arrivée là, c'était déjà limite à la sortie de l'album, tu te rappelles à peine de la soirée de lancement. Et puis la consécration musicale, tout est monté à la tête. Avoir un dealer dans ses contacts directs n'est pas une très bonne idée.

"Oui, nous en avons déjà parlé... il te faut un système une fois que tu seras sortie d'ici. Quelque chose de solide."

"J'ai mes parents." Tu le dis avant de pousser un long soupir. Tes parents que tu as mis de côté, leur disant que tu te débrouillais très bien dès que la célébrité est venue frapper à ta porte. Les mêmes parents qui ont tenté d'aider et que tu as mis sur la touche. "Du moins, mon père a accepté de me parler, de m'héberger pour un temps, je retourne à la maison. Dupree n'est pas L.A, il y aura moins de tentation." Tu retournes à la case départ, comme si tu n'étais pas trop âgée, comme si tu n'avais pas tout fait foirer.

"C'est vrai. Un point important." Tu regardes le Docteur Flynn prendre des notes, tu ne sais pas où il va avec tout ça, ça peut mal se terminer cette conversation. On ne peut pas te garder ici si tu dis explicitement que tu veux partir, tu le sais, tu l'as déjà vérifié."Et ta mère ?" Le médecin pose la question, le regard un peu dur posé sur toi.

"Quoi ma mère ?" Tu joues les idiotes, tu sais que ça ne sert à rien dans un moment pareil, autant être le plus honnête possible. Franchement ? Tu aurais pu être actrice, si jeune et tellement de talent gâché, tu pourrais en pleurer, vraiment."Non, nous n'avons pas encore eu de vraies conversations. Mais comme je vous l'ai déjà dit. Je ne lui en veux pas. C'est pas top que sa seule et unique fille finisse en couverture des magazines pour les mauvaises raisons."

"Tu penses qu'elle t'en veut?"

"Non, je sais qu'elle m'en veut."

"Et toi Gabriella, est-ce que tu t'en veux?"

Oh, c'est la question à un million de dollars, celle qui t'accable l'esprit depuis que tu es sobre et depuis que tu vois tout clairement. Cela devait être toi et la musique contre le monde, tu t'es laissé distraire, de façon stupide et débile. Tu ne sais pas de quoi les dix prochains mois seront faits, non, tu ne sais pas, mais tu espères bien ne jamais revenir dans un établissement comme celui-ci.

"Honnêtement ? Oui, j'avais une chance en or, tout sur un plateau d'argent, et j'ai tout fait foirer. Bien sûr que je m'en veux." Tu l'admets sans aucun problème.

"C'est le passé ça, tu le sais, la preuve, la Gabriella d'il y a presque un an aurait été incapable de voir ses erreurs."

"Je sais ce que vous faites. Je sais qu'il y a un futur. Dehors pour moi." Tu as un autre soupir, avant de ranger tes mèches brunes derrière tes oreilles. "Je ne sais pas s'il est rempli de musique. Si je suis de nouveau adulée ou non, je veux juste...." Tu ne sais pas comment finir cette phrase. Ce qui t'effraie un peu et te donne envie de hurler. Tu devrais pouvoir terminer cette phrase. Hors de question de te fustiger simplement. Autant se concentrer sur le positif.

"Un jour à la fois, n'est-ce pas ?"

"Oui Gabi, un jour à la fois."