falling at your feet againharper & lewis isomething old
Catapultée des années plus tôt, dans son pyjama Le Roi Lion au beau milieu d’une cuisine vide, elle ne peut pas s’empêcher de rire face au choix de Lewis. S’ils doivent tout recommencer sans pour autant faire table rase, alors le chemin de leur boucle se trouve évidemment là-bas. Dans cette vieille cabane de pêcheur abandonnée depuis des siècles où ils ne sont qu’un des innombrables couples à avoir passé des heures à s’embrasser. Leurs initiales y sont certainement encore gravées, quelque part, dans la peinture de la taule brute, si personne ne les a recouvertes par des amours plus récentes.
La proposition de Lewis est aussi ancienne que le château de sable qu’ils avaient construit tous les deux en appelant ça une relation. La mer l’a peut-être fauché, mais chaque minuscule grain de leur principauté est encore là, quelque part, à peine évanoui dans l’espace.
Il ne tient qu’à eux de les retrouver, de les rassembler, de bâtir des tours plus massives pour qu’elles ne puissent plus s’effondrer.
« I’ll be there. »
something blue
Le sourire qui se déploie sur le visage de Lewis a quelque chose de profondément mélancolique ; au fond, elle sent bien la bataille qui agite leurs corps tout entiers.
Sombrer dans l’abîme des souvenirs serait la solution facile. Complaisants face à leur passé commun, ils pourraient se vautrer dans leurs erreurs passées sans même prendre la peine de colmater leurs fêlures. Ils pourraient faire comme si rien ne s’était produit, ignorer la douleur et la peine qu’il leur a infligé en prenant la porte sans la claquer, faire comme si tous ces épisodes n’avaient été qu’une longue parenthèse dans le prologue de leur histoire.
Une part d’Harper ne demande que ça : oublier, effacer, écraser. Perdre quelques années de souvenirs pour enfin pouvoir le retrouver. Redevenir l’adolescente effrontée qui se croyait immortelle, avant que les lames de la vie ne l’envoient bouler sur la côte. Être sa Harper à nouveau, celle sur qui il posait les yeux avec tellement d’adoration que même l’infinité du ciel ne pouvait contenir leur amour. Lui rendre, bien sûr, lui rendre tout ça au centuple sans se poser plus de questions.
mais ce ne serait pas juste. Pas sain. Pas possible, de toute manière, d’effacer dans un claquement de doigts le chaos des dernières années. Alors, qu’importe la mélancolie et le tonnerre des yeux d’Harper. Quand elle plonge son regard troublé dans le bleu-vert limpide de Lew, elle sent que c’est la bonne décision.
« You know what, I’ll even give you some guarantee. »
something borrowed
Glissant ses doigts pourtant gelés sous les nombreuses couches de tissu, elle entreprend de détacher le collier autour de son cou. Un frisson la transperce au contact du froid, mais elle tient bon jusqu’à dégager la chaînette emmêlée dans ses cheveux roux. De son autre main, elle prend celle de Lewis pour l’étaler, paume vers le haut, prête à recevoir son offrande.
Ce collier, il le lui a offert il y a un bon million d’années. Aucune occasion particulière ; il était simplement arrivé, un jour, avec cette petite chaîne d’argent et un pendentif en ambre qui capturait la lumière du soleil. Harper ne l’a jamais quitté ; ni pour dormir, ni pour se laver. Même après son départ, elle a continué à trouver dans ce poids autour de son cou un élément familier, une dernière preuve de l’existence qu’elle cherchait sans la retrouver.
Le pendentif s’est décroché de la chaîne, un soir, dans une semi-obscurité qu’elle se refuse à convoquer. A la place, elle dépose la chaîne en argent, nettement plus légère qu’avant, dans la paume de Lewis avant de refermer ses doigts dessus.
« The pendant broke itself. » elle explique simplement. « It's in the drawer of my nightstand, but I never found it in me to remove the chain. »
Son regard est grave lorsqu’il quitte les doigts fatigués pour rejoindre le visage de Lewis.
« I’m lending it to you, now, ‘cause it’s really precious to me. If you don’t bring it back on our date, I’m gonna be, like, super pissed off, ok? »
Son cœur bat si fort dans ses côtes qu’il pourrait bien s’en échapper si Harper n’y prêtait pas garde. Sur la pointe des pieds, elle dépose sur la joue de Lewis un baiser plus léger qu’une plume avant de filer de son étreinte pour gravir les trois marches du porche. De là-haut, elle se retourne vers lui et les promesses qu’il n’a pas réussi à tenir. Cette fois-ci, il a intérêt à assurer.
Malgré toutes les sensations contradictoires, son envie de pleurer encore et cette colère qui la rebute tapie au plus profond de son ventre, elle ne peut pas s’empêcher de sourire à le voir ici, dans l’allée. Il est revenu, Lewis Moore, il a retrouvé son chemin jusqu’à elle et si ce n’est pas un signe qu’ils ont encore le temps de s’aimer, alors, Harper ne sait plus quoi faire. Soucieuse de ne pas paraître idiote, elle conserve malgré tout de l’orage entre ses paupières avant de rentrer pour de bon.
« And you better answer my texts, this time. »
Plus tard, ce soir-là, face à une lune si laiteuse qu’elle éclaire à peine dans sa chambre, Harper touchera le creux de son cou à la quête d’une preuve tangible qu’elle n’a pas pu rêver tout ça. Prise de court, elle n’a pas été capable de lui dire tous les mots qui tournent en boucle dans sa caboche depuis six ans ; pire, elle n’est même plus sûre d’en avoir envie.
Mais maintenant qu’il ne repart plus, ils ont des choses à rebâtir, du sable à transformer en verre pour s’élever au-delà du pardon. Elle sait que ce ne sera pas simple, mais avec le temps et la force, alors peut-être qu’ils y arriveront. Faire de leurs cœurs dynamités un nouveau puzzle à construire, et des pages noires de leur histoire des forces pour être something new.
codage par smanffson, adapté par valhdia