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ghost town

Stella Kahnwald
Stella Kahnwald


diary : ghost town Tumblr_inline_pihclaMF8g1rvmmrv_540
pseudo : Olivia
credits : Teresa Palmer| zuzcreation (avatar), awona (sign code), wifeymakesgifs (gifs/sign), dreamlonelywolf (gif profil), taylor swift (lyrics/sig)
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BRAN + STELLA
@Brandon Rose
before i turn your heart
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(benson boone)

Août avait laissé place à septembre mais Stella avait le sentiment que le brouillard dans lequel elle évoluait ne se dissipait pas, au contraire. Les dernières nuits avaient été agitées, hantées par cette sensation d’être connectée à d’autres individus, inconnus en dehors d’Auster, quand ce n’était pas les souvenirs de sa captivité temporelle qui l’assaillaient. Les années perdues pesaient sur ses épaules autant que sur son cœur et la colère sourdait sans trouver de cible. Si sa grand-mère avait toujours été de ce monde, Stella aurait déversé sur elle treize années de frustration, d’angoisse, de fureur, au lieu de quoi, Stella avait dû contempler la sépulture, le visage de son aïeule se superposant à celui de l’adolescente qu’elle avait rencontrée, observée à distance, si familière et étrangère à la fois. Elle n’était pas certaine de parvenir à faire sens de ce qui lui était arrivé, du temps qui s’était envolé, des choses qu’elle avait manquées, raison pour laquelle elle avait l’impression d’errer dans un univers parallèle qui s’était construit sans elle et qui refusait d’accepter sa présence. Plus que jamais, Stella avait la sensation d’être une silhouette statique, rivée, engluée au sol tandis que le décor défilait à toute vitesse.
Elle aurait dû chercher des réponses, Stella le savait. Elle aurait dû entreprendre la quête qui avait guidé ses pas jusque-là, mais l’erreur de calcul, l’atterrissage forcé l’avait assommée et elle attendait de reprendre ses marques, de ne plus sentir son muscle cardiaque palpiter de façon incohérente, que la fatigue s’estompe, que son esprit cesse de bourdonner. Sa seule chance, jusque-là, était d’avoir rencontré Auster, mais Auster avait sa propre vie, ses propres problèmes et malgré leur lien indéfectible, il ne lui devait rien. D’ailleurs, Stella ne voulait rien lui devoir non plus, éternelle indépendante qui refusait l’attachement, cette faiblesse du cœur et de l’âme qui ne menait qu’à la douleur et à la perte.
Cette douleur et cette perte qui creusaient un puits sans fond, une caverne pleine d’échos, sous les côtes de la Fae voyageuse.
Stella n’avait jamais considéré Dupree comme son foyer jusqu’à ce qu’on pose son enfant sur sa poitrine. Faux. Un foyer pouvait-il être une personne au lieu d’un endroit? Une terre d’accueil pouvait-elle n’être que cela: une terre, interchangeable, à laisser dans son sillage si nécessaire? Mais qu’en était-il de l’être qui respirait, riait, pleurait, délivré dans la souffrance et qui apportait pourtant tout son sens à la vie, bonheur au-delà des mots, même pour quelqu’un d’aussi égoïste et persuadé de se suffire à elle-même que Stella Kahnwald?
Dupree n’était pas chez elle mais c’était le seul endroit qui la rattachait à l’existence, qu’elle le veuille ou non, et alors qu’elle ne savait pas quelle direction allait prendre sa vie, elle ne se voyait nulle part ailleurs que dans ces rues qu’elle avait cherché à fuir, courant à sa propre perte.
Elle guettait une ébauche de familiarité, d’appartenance, parcourant les différents quartiers, observant Evergreen High, où elle avait passé ses dernières années de lycée, avant de tomber enceinte, affichant fièrement, farouchement, son ventre qui s’arrondissait alors qu’elle entamait sa senior year. La maison de sa grand-mère était depuis longtemps le foyer d’une nouvelle famille, quant à savoir où se trouvait sa mère à présent, Stella n’avait même pas cherché à le savoir. Elle avait la sensation d’être l’unique survivante d’un cataclysme qui aurait décimé leur branche de la Maison de la Comète — qui restait-il pour se souvenir des Blythe, que ça soit Molly, Ruth ou Albert?
Personne.
Le mot résonnait partout. Il se heurtait aux murs de pierre, aux troncs, au béton et se répercutait sûrement dans la forêt de Sherdale ou sur la surface lisse du lac. Stella n’en savait rien, elle évitait soigneusement les limites de la ville, refusait de s’aventurer au cœur de la nature environnante.
Des ombres s’y promenaient. Le danger y subsistait.
Du moins c’est ce que son esprit semblait lui marteler.
Les seuls arbres dont elle acceptait la compagnie étaient ceux des parcs de Dupree.
Memorial Park.
Grandview Park
.
C’était dans ce dernier qu’elle se trouvait à cet instant précis, assise sur un banc, les jambes repliées contre elle, les bras enroulés autour de ses genoux, tandis qu’elle fixait les jeux pour enfants. Des parents surveillaient leur progéniture, gardant un œil alerte sur les petits corps qui grimpaient les marches et dévalaient le toboggan. Elle avait été l’une de ces parents, une éternité plus tôt, lorsqu’elle n’avait pas le droit d’emmener Bran loin d’Anton, qui en avait la garde exclusive. C’était alors leur moment en tête-à-tête, où elle tentait de lui parler, de lui faire comprendre qu’elle aurait préféré que les choses soient différentes, où elle espérait l’entendre demander de rester avec elle. Mais Bran n’avait alors que quatre ans et il était plus intéressé par la plaine de jeux que par les mots vides de sens de sa mère.
Si elle n’avait pas cherché à le séparer de la sécurité que lui offrait son père, elle n’en serait sans doute pas là.
Si elle ne l’avait pas kidnappé ce matin du cinq juillet, rien de tout cela ne serait arrivé.
Si…
Si…
Si…

Qu’y avait-il à faire des “et si?” qu’il lui était impossible de changer?
Il n’en découlait que des regrets et les regrets, Stella les avait toujours abhorrés.
C’était sans doute pour cela qu’elle croulait sous ceux-ci, aujourd’hui.
Si elle ne s’était pas crue invincible.
Si elle ne s’était pas imaginé plus maligne qu’eux.
Si elle avait réfléchi davantage avant d’agir.
Si...
Si…
Si…

Si seulement elle pouvait revenir en arrière.
Si seulement elle pouvait réparer.
Si seulement elle pouvait serrer à nouveau son petit garçon dans ses bras, enfouir son nez dans ses cheveux fins, le faire glousser sous les chatouilles de ses lèvres dans le creux de son cou, s’imprégner les poumons de son parfum, s’abreuver de sa chaleur.
Si…
Si…
Si…

Si elle n’avait pas eu l’attention rivée à ce souvenir qui se juxtaposait au présent, elle aurait vu l’homme qui approchait.

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Brandon Rose
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warnings : classisme, blessures, relations familiales conflictuelles, mention de tca (passés).
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En refermant la porte du studio de yoga derrière lui, Bran réalisa qu’il avait pris l’habitude d’y donner un coup d’épaule afin de l’enfoncer complètement avant de donner un coup de clé dans la serrure - deux fois. Soit exactement le genre de choses qu’il tentait d’éviter.
Le problème n’était pas de fermer des portes ou d’en ouvrir (métaphore qu’il évitait soigneusement), mais de prendre des habitudes à Dupree. Il ne voulait pas s’habituer à ce bled paumé dont chaque détour et recoin constituait un affront envers ses sensibilités délicates. Il ne voulait pas s’habituer à une vie ici : d’ailleurs, il n’y avait pas de vie ici, no, thank you. Son existence l’attendait d’ailleurs, mise en suspens, entre les murs de son appartement, à son coffee shop favori (malgré sa cafetière achetée hors de prix sur un coup de tête, il y avait quelque chose d’irremplaçable dans le fait de boire quotidiennement un café à douze dollars - pourboire non inclus), sur les planches des salles prestigieuses pour lesquelles il avait sué sang et eau depuis qu’il avait été en âge de faire des pirouettes (en avance, donc, comme pour le reste). Il n’en avait pas terminé. On n’évinçait pas Brandon Rose aussi facilement. Oui, il avait pris connaissance des avis des divers médecins et « spécialistes » (spécialistes de s’en mettre plein les poches, oui !) qui lui avaient tous conseillé de ménager sa cheville, surtout pour « un danseur de son âge » (il avait cessé d’intégrer les informations à partir du moment où ces mots avaient été prononcés) ; non, il ne comptait pas les écouter. Cette saine (non) et mûre (vraiment pas) décision l’avait donc conduit à négocier trois heures de paix absolue par semaine dans le studio de Miss Potts. Une fois que tous les adeptes de yoga de Dupree avaient débarrassé le plancher (emportant avec eux leurs leggings hideux et leur manque criant de souplesse), Bran récupérait les clés, se glissait sur les planches de parquet branlant et retrouvait ce pour quoi il était fait. It’s only temporary, s’était-il en se glissant pour la première fois dans la salle située à l’étage d’un petit bâtiment en briques. Dans un coin était installé un piano qui jouait là un rôle de figuration vu l’épaisse couche de poussière et les innombrables plantes en pot posées dessus (qui semblaient toujours changer de place alors qu’il avait le dos tourné ?). La baie vitrée donnait sur Richmond Street : de l’autre côté de la rue, en contrebas, Bran avait pu apercevoir les tatoueurs de l’Inkside Parlor prendre leur pause cigarette. D’on ne sait où, un énorme chat roux avait surgi un beau jour et l’avait observé pendant une heure, confortablement installé sur le tabouret du piano. Visiblement satisfait de la performance, il était ensuite venu quémander des caresses en se frottant à ses mollets et après s’être assuré que personne, vivant ou mort, ne pouvait le voir, Bran avait cédé aux miaulements plaintifs et accordé au félin toute l’attention qu’il exigeait. Et ainsi, sans s’en rendre compte, semaine après semaine, il avait apprivoisé le studio et le studio en avait fait de même. À New York, il avait l’habitude de salles immenses, placardées de miroirs, d’un pianiste en chair et en os qui dictait le rythme des répétitions. Chaque détail, pas était scruté, analysé, critiqué par les autres danseurs ; il n’y avait ni droit à l’erreur, pas de place pour l’approximation ou l’expérimentation. Mais dans l’intimité relative de la salle lumineuse et seulement armé de sa playlist Spotify, il pouvait échouer. Il pouvait rater une pirouette, retomber une seconde trop tôt, manquer un battement, sans que son monde ne s’écroule. Il pouvait se laisser aller, dévier de la chorégraphie pré-écrite, marquer ses propres pas, travailler de nouveaux pas. Son esprit devenait liquide, ses pensées partaient dans toutes les directions.

Skylar et le bébé à venir, et cette nouvelle équation dans laquelle il n’avait pas sa place.

Le fantôme de sa mère.

Et Jax, encore, toujours.
Bran se mordit la lèvre et accéléra le pas, son sac de sport sur l’épaule. Il ne pouvait pas prendre d’habitudes à Dupree, et espérer qu'elles mènent à... quelque chose. Il n’avait pas sa place ici, ne l’avait jamais eu. À New York, il savait qui il était, où il devait aller, ce qu’il attendait de l’existence : everything, and even more. Mais ici, tout semblait le chasser, le pousser vers la sortie. Fine then! I will! Il rentrerait à New York. Si le NYCB ne voulait plus de lui, fine, their loss, il irait voir ailleurs. Il prendrait des vacances (des vraies, cohabiter avec Sky dans la maison de ses grand-parents ne comptait pas), ferait la fête et tout un tas de bêtises, et tout rentrerait dans l’ordre - comme d’habitude. Exactly! Il allait partir loin de cette fichue ville qui n’avait jamais voulu de lui, vendre la maison de ses grand-parents, hell, il se débarrasserait même de sa Jeep, et pour faire bonne mesure, il mettrait le bateau de son père sur Craiglist gratuitement (oups !) ; quand à la situation Jax Beauchamp, il allait forcément trouver un moyen de prétendre que rien de tout ça n’était arrivé, tout irait parfaitement bien dans le meilleur des mondes. Rien ne le retenait ici. Rien ni personne à Dupree ne voulait de lui et—
Bran stoppa net. Something’s not right.
Grandview Park. Que faisait-il là ?
Déconcerté, Bran regarda autour de lui et tâcha de retracer ses pas. Il était sorti du studio, il avait remonté Richmond Street, il se rappelait avoir dépassé le salon de tatouage. Alors que fichait-il ici, dans la direction opposée de sa voiture ? 
Lentement, Bran tourna sur lui-même. Au lieu de rebrousser chemin, il resta en plein milieu du chemin. Il venait de dépasser un banc et avança instinctivement vers lui.
Une femme y était assise, étrangement repliée sur elle-même.
Une sensation que Bran aurait été incapable de décrire le cloua sur place, comme si quelque chose surgissait du sol pour attraper ses chevilles et l’empêcher de faire le moindre mouvement, l’exact opposé de ce qu’il ressentait une seconde plus tôt. Tout à coup, il eut l’impression que Dupree ne le laisserait plus partir sous aucun prétexte. Une énergie magnétique et implacable chargea l’air. Et si Bran n’avait pas été incapable de détacher son regard de la femme sur le banc, il aurait reconnu cette sensation familière qui avait couru le long de sa nuque quelques temps auparavant, à la bibliothèque, et bien avant encore, dix-huit ans plus tôt. Mais à cet instant, sa seule ancre était le visage de cette femme. Il reconnaissait ses traits - il gardait sa photo dans son portefeuille depuis des années, dissimulée derrière un cliché de Skylar et lui - mais était incapable d’admettre leur réalité. Ce n’était pas possible. Ce n’était tout simplement pas possible. « Stella. » articula-t-il. Il voulait avoir tord. Il allait avoir tord, forcément, car celle qu’il croyait voir aujourd’hui avait disparu il y a des années. « Stella Kahnwald. » parvint-il enfin à extraire. Ridicule. Elle allait le prendre pour un fou ; d’ailleurs, il agissait comme tel, sûrement une conséquence de sa trop longue exposition à ce fichu patelin. Son sac lui glissait sur l’épaule, mais Bran demeurait paralysé. La sensation s’accentua, l’impression de mettre le doigt sur quelque d’évident, d’instinctif.
Mom.

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Stella était enfin libre et elle ne savait que faire de cette liberté.
Il n’y avait plus ni murs ni ancêtre autoritaire pour la confiner à Dupree. Plus rien ne l’y retenait, plus rien ne l’y liait. Sa grand-mère était décédée moins de deux ans après sa disparition : de maladie ? De causes naturelles ? Stella n’en avait aucune idée et s’en fichait pas mal, en vérité – elle doutait que ce soit le cœur brisé d’ignorer où était son démon de descendante. Anton, sans surprise, avait refait sa vie, mais ce n’était pas comme si elle avait songé une seule seconde à lui lorsqu’elle était revenue. Il pouvait en être à sa cinquième femme et père d’une ribambelle de demi-fées que ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Il ne lui avait pas manqué, elle n’était même pas certaine de l’avoir aimé un jour – vraiment aimé – il n’avait été qu’un challenge, une course contre l’impossible. Stella l’avait voulu, elle l’avait eu et peut-être qu’il l’avait compris, trop tard, et que ça n’avait fait qu’ajouter à sa joie de la déposséder de la garde de leur enfant, leur unique lien. Elle aurait bien aimé voir sa tête, si elle débarquait, avec ses trente-six ans, alors qu’il devait doucement approcher de la soixantaine – l’ancienne Stella ne se serait pas gênée pour le narguer, la nouvelle était trop sonnée, trop éreintée pour s’abaisser à pareille manœuvre.
Quant à @Brandon Rose… 
Il vivait sa vie. Il n’était plus à Dupree. Il avait migré vers les lumières et l’effervescence de New York. Elle l’avait vu sur l’écran, en lisant des articles, en détaillant les photos promotionnelles de ses spectacles. Il ressemblait tellement à Anton qu’elle en avait fermé les yeux, la première fois qu’il était apparu, quand Auster lui avait montré comment se servir d’Internet. Lorsqu’elle les avait rouverts, c’était toujours le même homme qui souriait fièrement, dans sa tenue moulante, et elle avait eu beau chercher les traits de son petit garçon, celui qu’elle avait vu pour la dernière fois durant cet été fatidique qui avait eu lieu trente-et-un ans plus tôt (et non treize, comme elle l’avait vécu). Bran vivait mais c’était comme si elle l’avait perdu une seconde fois, pour de bon, ce coup-ci, et son cœur ne voulait pas faire le deuil de son enfant. 
Elle aurait dû être heureuse de le savoir en bonne santé, heureux, vivant pour ce qui semblait être sa passion, mais c’était l’amertume qui se répandait en elle, comme un poison. Elle voulait récupérer les années envolées, retrouver l’innocence d’un sourire qui ne la jugeait pas, les bras tendus, les doigts malhabiles qui jouaient avec ses mèches blondes. Elle n’aspirait pas à avoir vingt-trois ans à nouveau, elle voulait le reste, ce qui avait fait de sa vie ce qu’elle était : son petit appartement lumineux ; son lit dans lequel elle invitait des histoires éphémères, sans attaches, sans attentes ; son bureau bordélique duquel elle saluait les policiers, parfaitement consciente qu’elle avait la cote parmi les plus jeunes (et les moins jeunes aussi) ; son temps libre qu’elle réservait à Bran – mais si elle ne pouvait pas retrouver cet environnement-là elle voulait juste qu’on lui accorde le droit de voir Bran grandir. Était-ce trop demandé ? Apparemment, oui.
Ce n’était pas de la jalousie qui teintait son regard alors qu’elle fixait les silhouettes floues de ces parents inconscients de leur chance, mais de la colère, de la frustration. Des regrets. Et des remords.
Qu’était-elle supposée faire, à présent ? Elle avait si longtemps aspiré à fuir sa prison que maintenant que c’était fait, elle se trouvait face à un carrefour et aucune des directions ne lui convenait parce qu’aucune ne menait à la destination qu’elle désirait et dont elle devait faire le deuil. Maintenant, il ne lui restait que deux choix possibles : aller à New York ou n'importe où ailleurs.
Quitter Dupree, une bonne fois pour toutes, avec la ferme intention de ne jamais y revenir. Tant pis pour l’embryon de Cluster que son arrivée avait déclenché. Auster et elle ne se connaissaient pas suffisamment, ils ne se manqueraient pas, quant à la prétendue déchirure que l’éclatement d’un Cluster provoquait, serait-elle aussi terrible que de se savoir liés contre leur volonté ? Dans tous les cas, n’était-ce pas ce qui allait arriver ? Qu’elle quitte Dupree pour une destination inconnue ou pour rejoindre New York, cela revenait au même, non ? Elle abandonnerait la ville natale de sa mère dans son sillage, elle n’avait jamais été sa ville, son foyer, juste une prison, que ce soit à son arrivée, à quinze ans, ou plus tard, quand elle avait kidnappé Bran. 
— Stella.
La voix surgit du néant dans lequel Stella s’abimait et elle tourna vivement le regard vers l’homme qui l’avait interpelée. Anton, fut sa première pensée en le découvrant, un réflexe insensé qui enraya son cœur pendant une seconde avant que le portrait en noir et blanc d’un magazine en ligne vienne se superposer à l’inconnu qui la dévisageait et qui n’était pas un inconnu – pas tout à fait, du moins. 
— Stella Kahnwald.
Il portait un sac sur l’épaule. Il était plus grand qu’elle ne l’avait imaginé. Il était réel et il était à Dupree. 
C’était insensé.
Il était à New York. Elle avait vu les images, les articles. Il vivait la belle vie, loin d’ici.
Dans un mouvement instinctif qui tenait probablement de la survie, Stella se releva vivement et s’écarta du banc – et de Bran par la même occasion. Elle était si décontenancée par cette apparition subite qu’elle ne décela pas immédiatement l’appel muet qui faisait vibrer ses veines.
Ce n’était pas possible.
Et pourtant, c’était indéniable. 
N’en avait-elle pas déjà fait l’expérience avec Auster ?
— Bien sûr, tu m’enfonces jusqu’au bout..., marmonna-t-elle pour elle-même, en maudissant Dupree, sa source, et toute sa clique féérique. 
Son cœur n’allait pas tenir le coup, elle en avait la certitude. Il menaçait de s’effriter, sous le couvert de ses côtes, et il n’y aurait personne pour le raccommoder.
Stella dévisagea son fils, désormais adulte, en chair et en os. Il n’avait plus ses airs de papier glacé, il était vivant, athlétique. Son regard glissa le long de sa silhouette, de haut en bas, puis revint à ce visage à la fois étranger et familier.
Qu’était-elle censée dire ? Elle tenta de déceler dans son regard le mensonge avec lequel il avait grandi : l’avait-elle abandonné, était-elle morte depuis longtemps ou appartenait-elle à cette liste interminable de personnes qui avaient disparu sans laisser de traces et dont on ne savait s’ils vivaient ou si leur corps reposait quelque part et ne serait jamais retrouvé ? Impossible à dire. Le lien indéfectible – au-delà de la filiation – parasitait ses pensées. Le devinait-il, sous sa peau ? Le sentait-il se tatouer en lui ? Savait-il ce que c’était ? Stella ignorait tout du rapport de Bran à son côté Fae mais s’il vivait à New York – du moins c’est ce qu’elle avait cru jusque-là – il ne recherchait pas la proximité d’une source. Avait-il senti la formation du Cluster ? Était-ce la raison de sa venue à Dupree ? Pouvait-on la déceler à une telle distance ? Voilà que les questions sans réponses s’accumulaient et menaçaient de la faire tanguer à nouveau.
Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir : demander à Bran.
Easier said than done.
— S’il y avait le moindre doute sur l’identité de ton père, il s’est envolé. Tu es son portrait craché, lâcha-t-elle, recourant au seul mécanisme de défense qu’elle connaisse – une pointe d’ironie, plus douloureuse qu’à l’accoutumée toutefois. Que fais-tu si loin de New York ?
Elle réalisa une chose : toutes ces années, elle avait rêvé de retrouver son fils, mais jamais elle n’avait réfléchi à ce qu’elle lui dirait si elle le voyait.
Peut-être qu’elle aurait dû y songer. Peut-être qu’elle aurait dû se préparer à cette éventualité.
Mais rien ne pouvait la préparer à ce face-à-face.
— Tu le sens aussi ?
Ce lien.
Irrépressible.
Irrémédiable.
Irrévocable.

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L’absence de Stella avait rempli les marges de sa propre vie. Le vide qu’elle avait laissé derrière elle en disparaissant un beau jour avait pris sa propre forme et il suivait Bran comme une ombre. Ce n’était le même vide que son père, qui avait au moins le mérite d’être net et précis et au moins compensé par les chèques généreux qui tombaient avec la régularité de l’horloge d’une montre de luxe suisse (autre cadeau de prédilection, dont Anton Rose pensait visiblement qu’il remplaçait la présence paternelle et l’amour filial). C’était une absence délimitée, nette et précise. Elle avait un sens, une logique, des paramètres, que Bran avait manipulés à sa guise pour en tirer ce qu’il pouvait. Anton Rose n’avait fait peut-être que traverser (fuir serait d’ailleurs une plus exacte description) la vie de son fils, mais Bran possédait au moins des preuves de son incompétence pour le prouver.
Mais de Stella, il ne restait rien. Elle n’était que néant, floue, changeante, insaisissable. Tout ce qu’il possédait d’elle, Bran l’avait arraché à grand-peine à son père ou à ses grand-parents paternels qui avaient toujours soigneusement évité le sujet. La photo dans son portefeuille était d’ailleurs la seule concession qu’ils avaient bien voulu faire à ses réclamations incessantes. À l’époque, il n’avait pas voulu leur dire qu’il commençait à oublier le visage de sa propre mère - il avait eu trop peur qu’ils saisissent l’opportunité pour faire disparaître toute trace d’elle, pour la rayer définitivement de leurs vies et ne plus jamais l’évoquer, espérant peut-être que Bran fasse de même s’il effaçait enfin ces dernières bribes de Stella Kahnwald de sa mémoire.
Le visage de sa mère, quelques années avant sa disparition, voilà à quoi se résumait ce qu’il connaissait d’elle. Tout le reste s’était désagrégé. Son parfum, le calme rassurant de son étreinte, s’ils avaient eu un jour des jeux ou des mots secrets, s’ils avaient ri ensemble, s’il s’était un jour blotti contre elle pour se consoler d’un mauvais rêve ou d’un orage qui tonnait trop fort, Bran n’en gardait aucun souvenir.
Il avait très vite compris que pour survivre au néant, il fallait éviter de le remplir de peut-être et de what if, et de chimères, et d’espoir. Le vide devait le rester. Stella ne reviendrait pas, son père lui avait dit, ses grand-parents lui avaient répété, et Bran avait fini par arrêter d’attendre. Il ne se souvenait pas du moment où sa mère était passée de la simple absente dont on attend le retour, au souvenir qu’on ne peut que convoquer. Quelque part, entre ses cours de danse, les remariages successifs de son père, les étés à Dupree, Bran avait compris que la vie continuerait qu’importe que sa mère revienne ou pas. Fidèle à lui-même, il avait poli son armure et avait tourné le dos à ses espoirs d’enfant. N’avait-il pas cautérisé la plaie depuis ? N’était-ce pas sensé le protéger de ce genre d’hallucinations ?
What the hell is happening?
La jeune femme lui faisait face, bien réelle, plus os que chair, mais tangible. Ses yeux bleus, ses cheveux blond cendré, jusqu’à la pointe du nez ; . Elle parlait, respirait, et comble de l’incompréhension, évoqua Anton. Tu es son portrait craché. « Il paraît, oui. C’est sa plus grande déception. » para Bran, sourire de givre, yeux de glace, tout pour dissimuler la panique qui s’infiltrait en lui comme de l’eau le long d’un stalactite. Son corps n’était plus qu’un arc prêt à se rompre, sa mâchoire contractée, ses poings serrés. Ça n’avait pas de sens. Qui était cette femme ? Comment pouvait-elle savoir toutes ces choses sur lui ? « Sentir quoi ? » balbutia-t-il. « Je ne sens rien du tout. » décréta-t-il d’un ton péremptoire, en parfaite contradiction avec ce qui sévissait en lui - cette impression d’être avalé par la terre, d’être incapable de bouger, d’être appelé, appelé, appelé, mais par qui ou quoi, il aurait été incapable de le dire. It doesn’t make sense. None of this is making sense. Dans un mouvement de défense (inutile), il recula d’un pas et déplaça son sac devant lui, comme si l’inconnue-qui-n’en-était-pas-une allait brusquement tirer une couteau pour lui planter dans l’abdomen. You can take the boy out of New York, but not New York out of the boy. Il avait à faire à une déséquilibrée, voilà tout, une stalkeuse qui avait jeté le dévolu de ses attentions malsaines sur lui. Son imagination travaillait désormais plus vite que sa rationalité, et Bran se laissa submerger par la panique. Oh, il l’imaginait parfaitement suivre le moindre de ses mouvements, acheter la place la plus éloignée de la scène pour qu’il ne remarque pas la présence de cette femme à chaque représentation. Elle l’avait épié pendant des mois, des années même, elle possédait sûrement un tableau chez elle épinglé de photos de lui, une cartographie de points et de fil rouge, son visage passé au crible par les pointes des punaises ; et désormais, elle passait à l’acte. De quel acte en particulier, Bran n’en était pas certain, mais il fallait qu’il se défende. « Ne vous approchez pas de moi. » fit-il en reculant d’un pas, aussi lourd que si une enclume avait été attachée à sa cheville. Pourquoi ne pouvait-il donc pas bouger ? Son sac glissa de son épaule, tomba par terre, mais Bran ne fit aucun geste pour le ramasser. Il ne voyait rien d’autre que cette femme ; et Bran ferma brièvement les yeux pour la faire disparaître. Mais sous ses paupières soudain brûlantes, il revit une toute autre scène, à travers des yeux d’enfants : sa mère, sous les arbres de Sherdale, lui tendant la main. Quelque part, très loin, elle cria, effrayée. Bran!
Il rouvrit les yeux. L’inconnue était toujours là, familière jusqu’à l’étourdissement, l’absurde, l’impossible. Sans pouvoir s’en empêcher, Bran contredit son ordre précédent et tendit la main vers elle, avant de ramener brutalement sa main vers lui, comme s’il s’était brûlé. « Qu’est-ce que vous me voulez ? » demanda-t-il, le souffle court, le sang battant à ses tempes. La sensation le tenaillait au corps, refusait de le laisser bouger.
Autour de lui, l’air semblait se tordre.

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Stella Kahnwald
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À quoi servait cette disposition si elle ne permettait pas de corriger les erreurs, de revenir en arrière pour emprunter une autre voie, sachant que la précédente n’avait mené nulle part ou droit dans le mur ? Peut-être que si elle avait pris la peine de chercher à la maitriser, elle n’en serait pas là aujourd’hui, mais il était trop tard pour faire marche arrière et les regrets n’apporteraient rien. Longtemps, elle avait chassé leur poids, s’en délestant d’un coup d’épaule, d’un menton levé ou d’un regard défiant. Wanna see me fail and fall ? Try again. Stella Kahnwald préférait plonger jusqu’au cou dans les ennuis plutôt que d’avouer sa faute, plutôt que d’admettre qu’elle avait fait fausse route, qu’elle s’était trompée, qu’elle aurait dû écouter.
Désormais, qui restait-il pour lui rappeler ses choix désastreux ou pour la mettre en garde ? Personne. Elle avait toujours été seule, mais si ç’avait été sa décision par le passé, il s’agissait désormais d’un simple fait. Treize années loin de cette dimension temporelle avaient fait d’elle un fantôme. Une ombre.
C’était du moins ce dont elle persuadée, jusqu’à ce qu’une voix l’appelle, la reliant à nouveau à la vie. 
À Dupree.
— Il parait, oui. C’est sa plus grande déception.
La réplique fusa et Stella demeura interdite.
Que s’était-elle imaginé ? Que cet homme qui s’était matérialisé n’était pas tout à fait réel ? Qu’il resterait un pantin tout juste capable de confirmer son identité mais pas de formuler une phrase complète ? Elle n’avait pas anticipé la répartie corrosive et elle fronça imperceptiblement les sourcils. Si les circonstances n’avaient pas été aussi étranges et imprévues, elle aurait pu sourire, apprécier le fait que le père et le fils ne semblaient pas être sur la même longueur d’onde, qu’il y avait une pointe d’hostilité dans la voix de Bran, mais ce détail s’envola avec la brise légère qui faisait bruisser les feuilles des arbres et elle se borna à un regard indéchiffrable.
Stella scruta son fils, cherchant des similitudes entre eux, mais elle ne devina que la tension dans sa mâchoire et remarqua alors que tout son corps trahissait la crise qu’il traversait. 
— Sentir quoi ? Je ne sens rien du tout.
Liar, songea-t-elle, sans pour autant lâcher l’accusation à haute voix.
Il se débattait comme un insecte dans une toile d’araignée. Les fils se collaient à sa peau à chacun de ses spasmes, l’emprisonnaient. No need to fight back, it’s stronger than you. Le phénomène avait beau être incompréhensible et inexplicable, c’était une chose que toute Fae savait. On n’échappait pas au Cluster, on le subissait ou on l’embrassait, un point c’est tout. La seule façon de s’y soustraire était de mettre autant de distance que possible entre ses membres et même là, ça ne le brisait pas : au moindre rapprochement, les fils se tissaient à nouveau, les liaient entre eux à jamais. 
Bran recula et Stella le toisa, un froid polaire s’installa dans ses yeux clairs. Elle inspira, sa poitrine se soulevant à peine, et expira l’agacement qui la gagnait. Que croyait-il ? Qu’elle allait se jeter sur lui ? Lui braquer un pistolet sur la tempe pour le faire obtempérer ? Elle n’aurait pas besoin de faire pression sur lui, le Cluster se chargerait de tout.
Était-ce une chance ou une malédiction qu’il ait décidé de les lier ? Stella n’en avait aucune idée. Elle ne savait pas comment appréhender cette situation. Elle était forcée de regarder l’homme adulte qu’elle savait être son fils et qu’elle n’arrivait pas à identifier comme tel, cet homme qui suintait l’angoisse et n’aspirait qu’à fuir sans y parvenir. Il n’y avait pas d’issue, eut-elle envie de lui faire remarquer. It’s you and me, son. Ce que ça aurait dû être si le cours des événements ne lui avait pas échappé. Elle. Lui. Et Auster. Et un quatrième individu qui se promenait quelque part à Dupree. 
— Tu peux nier autant que tu veux, c’est in—, commença-t-elle avant d’être parcourue par une onde, comme une vague tiède et pétillante.
D’où sortait-elle ? 
Instinctivement, Stella balaya du regard les alentours, sur le qui-vive, avant d’être ramenée à @Brandon Rose, alertée par son geste avorté – une main tendue dans sa direction. 
— Qu’est-ce que vous me voulez ?
Ce qu’elle avait toujours voulu, c’était le retrouver, mais pas dans ces circonstances, par ici, pas maintenant. Elle avait su, au fond d’elle, que plus les années s’écoulaient, plus ses chances s’amenuisaient de retrouver Bran enfant, mais treize années n’étaient pas censées devenir trente-et-une et elle n’avait aucune réponse à lui offrir. Son esprit cherchait pourtant à en formuler une mais son attention fut détournée par les frémissements singuliers de l’air.
Comme si une chaleur intense le rendait flou et dansant.
Comme s’il se contorsionnait sous la douleur.
Autour de Bran.
Son instinct féérique la poussa à observer le phénomène avec une curiosité prudente, cherchant à deviner ce qu’il impliquait, quelle disposition s’y dissimulait. Avec son ascendance Comète, Bran avait forcément hérité d’une capacité liée au temps et à l’espace, mais cette connaissance ne permit pas à Stella d’identifier la disposition de Bran, seulement à déterminer qu’il était à l’origine de cette action à peine perceptible à l’œil nu. 
— Qu’est-ce que tu fais ? s’entendit-elle finalement demander, en reportant son attention sur le jeune homme.
Peut-être qu’elle était défectueuse, comme c’était souvent le cas avec les demi-faes. N’était-ce pas précisément ce contre quoi on les mettait en garde ? Pour éviter cette déchéance inévitable ? Mais Stella, par rébellion, avait dédaigné cette instruction et avait même trouvé un malin plaisir à choisir un Bright notoire. À l’époque, elle avait même regretté qu’il ne soit pas entièrement humain : le déshonneur aurait été total et sa satisfaction immense. Elle n’avait jamais songé à ce que cela signifierait pour son fils, déchu de rang de Fae. 
Qu’est-ce que cela lui avait apporté d’être une Fae, à elle ?
Que des malheurs.
Un voyage temporel instable dont elle avait été prisonnière. 
— Tu peux t’arrêter tout de suite, je ne vais pas t’attaquer, lui asséna-t-elle, consciente qu’il y avait une sorte de mécanisme de défense derrière cette torsion étrange.
Elle écarta les mains, comme pour lui prouver qu’elle était inoffensive et laissa retomber les bras le long de son corps.
— Quelle est l’histoire officielle ? Stella Kahnwald est morte et enterrée ? Elle t’a abandonné ? Elle a disparu ?
L’ironie dégoulinait de ses mots et de ses lèvres tordues en un rictus désabusé.
Qu’est-ce qui était pire ?
Qu’est-ce qui était pire que la terreur qu’elle semblait lui inspirer à cet instant précis ?

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Le monde tournait autour de lui, délavé de tous ses couleurs. Il ne voyait que l'étrangère - le mot inconnue ne la qualifiait plus, pas lorsqu'elle portait ce visage - et la terreur pure, enfantine qu'elle lui inspirait l'empêchait presque de respirer. Son coeur cognait contre sa cage thoracique, à lui en faire mal ; le sang pulsait contre ses tempes comme un tambour de sinistre augure. Le regard rivé à l'intruse, il ne remarquait pas le lampadaire  qui commençait à se balancer de gauche à droite sous un vent invisible et inexistant, les branches des arbres aux alentours qui pliaient, craquaient dans des angles impossibles. Qu'est-ce que tu fais ? Tu peux t'arrêter tout de suite, je ne vais pas t'attaquer. Bran laissa échapper un rire incrédule. « Exactement ce que quelqu'un sur le point de m'attaquer dirait. Et arrêter quoi ? » rétorqua-t-il. Il aurait voulu être tranchant et impitoyable, repousser l'étrangère par la seule force de son assurance, mais il se sentait faible, vulnérable, presque chétif. Tout à coup, il avait cinq ans à nouveau. Il avait peur du noir et des orages, appelait sans cesse sa mère jusqu'à ce qu'il s'endorme devant sa chambre vide, épuisé, malheureux et effrayé. « Il n’y a pas d’histoire. » répondit Bran, du tac au tac, livide. Il parait à chacune de ses tentatives comme si sa vie en dépendait, sa langue comme seule épée face aux attaques sournoises de l'inconnue. Mais elle se battait à la déloyale, esquivait ses questions pour mieux lui plante une dague entre les poumons et y retourner la lame, encore et encore.
Il n'y a pas d'histoire. Un goût de bile lui noya la bouche. Soudain, il se demandait si ce silence ne faisait pas partie d’un plan plus vaste, destiné à asseoir la domination des Rose sur un ennemi invisible. Il ne se souvenait pas que ses grand-parents aient cherché à ménager son coeur d’enfant, ni dans les mots, ni dans les gestes. Your mother is not coming back, Brandon. You’re better off, trust me.
Quand à son père...
Il terminait à peine ses études à l'époque, et revenait un week-end sur trois à Dupree, concession que ses propres parents lui avaient sans doute arraché à grands coups de menaces et de zéro en moins sur ses chèques mensuels. Chaque visite se transformait alors en rituel : la Porsche qui remontait le long de l'allée, le défilé des petites amies qui s'étonnaient de découvrir le sosie miniature d'Anton Rose trépignant sur le seuil de la maison, son père qui le soulevait pour le présenter. La pantomine du jeune père célibataire fonctionnait à merveille : elles fondaient toutes devant leur duo blond aux yeux bleus, si semblables qu'elles en oubliaient certainement qu'il y avait une mère quelque part qui avait dû contriber à son existence. La comédie avait continué tant qu'Anton avait pu le soulever sans qu'il ne se débate, tant qu'il n'était qu'un tout petit enfant qui cherchait l'attention de son père, ce héros qui conduisait une belle voiture et le couvrait de cadeaux, immense, invincible.
Et puis il avait grandi et son père rétréci.
Bran avait cessé d'attendre autre chose qu'un chèque à la fin de chaque mois, que son indifférence polie au mieux, gênée at worst. Bran l'avait toujours senti sur lui, ce regard hésitant qui semblait ne jamais pouvoir le dévisager plus de quelques instants. Dans les yeux de son père, Bran s'était toujours senti flou, incertain, divisé. Il savait qu'Anton n'aurait jamais pu le comprendre, même s'il l'avait voulu. Ils existaient dans deux mondes si différents que Bran aurait pu douter de son ascendance s'il ne lisait pas dans son reflet la trace de son père, indéniable, figée.
Mais Anton Rose avait eu le mérite d'exister, de traverser sa vie, d'être là, quelque part, loin, mais réel.
Stella, elle, n'avait pas eu cette amabilité.
Malgré ses dénégations farouches, il sentait quelque chose vibrer en lui - quelque chose d'effrayant, de familier, quelque chose qu'il ne voulait plus ressentir sous n'importe quel prétexte. « Il n’y a pas d’histoire. » répéta-t-il, pour lui-même cette fois. Ses yeux glissèrent dans le vague, quelque part au-dessus de l’épaule de cette inconnue au masque cruellement familier. « Elle est partie. C’est tout. » murmura-t-il, d’une toute petite voix d’enfant. Partie, disparue. Sans raison. Sans explication.
She left me.
Sans un regard en arrière, sans un scrupule.
She abandoned me.
La première à le faire, mais pas la dernière.
I was just a kid. Just a goddamn kid!
Sans s'en rendre compte, il avait serré les poings. Tout son corps n'était plus qu'un fil tendu, prêt à se rompre en une vague qui submergerait l'étrangère si elle s'approchait d'un peu trop près. « Mais je suppose que vous le savez déjà, puisque vous êtes Stella, après tout. » lança-t-il, glacial. S'il entrait dans son jeu, parviendrait-il à démasquer sa véritable identité ? Mais ne cherchait-il pas plutôt à se faire du mal ? Puisque cette femme prétendait être Stella, pourquoi ne pas obtenir les réponses à ses questions ? « Alors ? Prête à me donner une explication ? Puis qu'apparemment tu as eu trente-deux pour la préparer. » Il croisa les bras dans un mécanisme de défense, son sourire plus cruel et effilé qu'une dague - envers elle, envers lui-même, il n'était pas capable de le dire. « Ou pourquoi pas une preuve de ce que tu avances ? » Qu'ils en finissent, une bonne fois pour toutes. Qu'elle s'effondre devant lui, qu'elle bégaye et échoue misérablement à le convaincre, que tout son petit jeu s'écroule, pour qu'il puisse arracher l'espoir, cette mauvaise herbe. Qu'elle reparte d'où elle était venue et qu'il l'enterre, définitivement.

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Même si elle avait voulu se préparer à cette rencontre — cette confrontation ? — Stella savait que ç’aurait été impossible, mais elle avait toujours été une tête brûlée, refusant la compromission, ignorant les mises en garde, niant la réalité comme si cela allait changer les choses. Les conséquences avaient pourtant l’art de revenir vous mordre au moment où vous vous y attendiez le moins — elle aurait dû savoir, depuis le temps. À croire que la sagesse n’infusait pas en elle. Getting older but never wiser, entendrait-elle chanter à la radio quelques mois plus tard, et ces mots pénétreraient plus profondément que n’importe quelle insulte entendue dans sa jeunesse.
Alors elle était là, à dévisager l’étranger qu’était devenu son fils, étourdie par la tension qui se dégageait de lui, avec le sentiment d’être une éponge qui s’imprégnait des émotions de @Brandon Rose. Son incompréhension était plus douloureuse que son hostilité, parce qu’elle savait se défendre face aux attaques, mais elle n’avait aucune idée de la façon d’appréhender l’absurdité de la situation, la méfiance du jeune homme, et le trouble qu’elle provoquait par sa simple présence. Il fallait cependant que la demi-fae cesse d’user de sa disposition de la sorte, en public, où n’importe quel humain pouvait déceler le phénomène surnaturel — nulle tempête ne pouvait justifier que les lampadaires se mettent à danser et les branches des arbres à se recroqueviller comme les tentacules d’un escargot au moindre signe de danger.
— Exactement ce que quelqu’un sur le point de m’attaquer dirait. Et arrêter quoi ?
Stella laissa échapper un soupir impatient :
— C’est ridicule, marmonna-t-elle pour elle-même en portant les mains à ses tempes. Arrêter ça, peu importe ce que c’est !
Elle écarta les bras pour désigner l’ensemble de leur décor. Ne voyait-il donc pas que tout semblait déglingué autour d’eux ?
— Il n’y a pas d’histoire.
La réponse heurta Stella plus qu’elle ne s’y attendait. Elle porta sur Bran un regard indéchiffrable, où se mêlaient trop d’émotions et pensées différentes, affleurant à la surface un quart de seconde avant de laisser place à une autre. Son coeur encaissa difficilement la découverte que sa disparition n’avait rien suscité : ni détresse, ni colère, ni inquiétude, ni tristesse. S’étaient-ils même réjoui d’être enfin débarrassés de Stella Kahnwald ? Ou avaient-ils fait appel à une Faeraser pour nettoyer la mémoire de Bran, lui épargner le traumatisme d’avoir perdu sa mère à un si jeune âge ? La voyageuse égarée serra les mâchoires. Rarement à court de mots pour répliquer, elle se trouvait pourtant bien muette face à cette allégation tranchante. Ses lèvres s’entrouvrirent mais rien ne s’en échappa, tandis que son regard d’un bleu polaire restait rivé à son interlocuteur. It can not be true, s’étouffait son coeur alors même que son esprit reprenait les commandes, rétorquant avec amertume, of course it can, what did you expect ?
— Il n’y a pas d’histoire. Elle est partie. C’est tout.
Elle, you mean me.
Il parlait d’elle comme si elle n’était pas là, la voix à peine audible. Alors c’était ça ? Elle était partie et personne ne s’était demandé où ni si elle allait revenir ? Personne n’était parti à sa recherche ? Of course not. You kidnapped your own son. You left him in these fucking woods. Oh, comme elle aurait voulu que sa conscience lui fiche la paix, cinq minutes, et la laisse s’apitoyer sur son sort. Elle avait disparu et cela n’avait ému personne. Elle avait beau savoir qu’elle l’avait cherché, qu’elle avait repoussé toute occasion de nouer des liens avec des gens de Dupree, elle peinait tout de même à croire qu’on puisse se contenter de ça. Elle est partie. C’est tout. Incrédule, Stella laissa échapper un ricanement, secouant la tête.  Valait-il mieux qu’elle voyage à nouveau, peu importe où, puisque de toute manière, elle n’avait nulle part où aller, ni personne à retrouver ? Une autre ville, un autre temps. Une nouvelle identité. Rayer les trente-six dernières années, oublier qu’elle venait de passer treize années à n’avoir qu’une obsession : retrouver Bran. Well, voilà qui était chose faite, non ? Cela résolvait-il quoi que ce soit ? Clearly not.
— Mais je suppose que vous le savez déjà, puisque vous êtes Stella, après tout.
Le sarcasme ramena Stella à la réalité et elle lança à Bran un regard si furieux que la blessure qui y transparaissait disparut, recouvert par la lave de sa rancoeur.
Il voulait des explications, des preuves, mais il était évident, au sourire qu’il arborait, qu’il n’y croyait pas une seule seconde, qu’il la prenait pour une patiente échappée d’un hôpital psychiatrique, prête à endosser l’identité d’une femme disparue depuis trente ans, alors qu’elle n’avait pas l’âge attendu, juste la ressemblance frappante. Elle détesta le sourire de Bran, elle aurait voulu le lui faire ravaler. Les coins de ses propres lèvres se retroussèrent en un sourire aigre, un rire sec glissa à l’air libre et elle haussa les épaules :
— Est-ce que tu te souviens seulement de la dernière fois où tu m’as vue ? Le matin qui a suivi les célébrations du 4 juillet ? Je parie que non. Et j’ai l'impression que tu ne sais même pas ce que tu es, je me trompe ?
C’était à son tour d’afficher un sourire similaire, narquois, acerbe. Peut-être que Bran avait bien hérité de l’un de ses traits, finalement, songea-t-elle en se pinçant les lèvres, secouant la tête. Son regard balaya les alentours, comme si elle y cherchait l’inspiration, le moyen de lui faire voir qu’elle était qui elle était. Son regard se posa sur l'aire de jeux qu’elle contemplait quelques minutes plus tôt :
— Nous venions ici quand tu étais petit. Ton père avait la garde, je ne pouvais pas m’éloigner alors c’était notre refuge. C’était le mien, en tout cas. C’était le seul moment où je n’avais pas le sentiment d’être constamment observée, jugée, mais peut-être que je me voile la face. Peut-être qu’ils continuaient à me surveiller, pour être certains que je ne m’enfuie pas avec toi…
Elle pouvait se les figurer, les silhouettes menaçantes dissimulées derrière les arbres, prêtes à intervenir si elle faisait mine d’emmener Bran hors du parc. Stella reporta son attention sur l’homme qui lui faisait face, le sourire vainqueur envolé. Elle n’avait plus envie de rire. Elle voulait qu’il sache qu’elle n’était pas partie, c’est tout. C’était sans doute injuste et égoïste de sa part, mais à quel moment de l’histoire Stella Kahnwald s’était-elle souciée de ce qui était juste ?
— Que t’est-il arrivé après que j’aie disparu ? Quand tu t’es retrouvé seul dans les bois ? Crois-tu vraiment que c’était ce que je voulais ? Oui, je voulais partir. Loin d’ici. Mais pas sans toi.
Ce qu’elle racontait ne devait avoir aucun sens pour lui, elle le savait. Elle aurait dû mesurer ses aveux, ce qu’elle choisissait de lui révéler, surtout s’il ignorait sa condition de Bright, comme elle le suspectait, mais la tension de l’échange procurait également une sensation d’urgence, de désespoir nu et puis, c’était connu, Stella n’avait jamais su faire la part des choses, agir de façon responsable, réfléchie.
— Je pourrais te dire où j’étais, ces treize dernières années, mais je doute que tu me croies. Quoi que je dise, que je te montre, tu le repousseras, tu le nieras, n’est-ce pas ?
Elle le défia de dire le contraire, les lèvres pincées.
Pouvait-elle lui en vouloir ? Finalement, il était aussi ignorant qu’un humain. Bien sûr que tout cela devait lui paraitre insensé.
Il avait tellement de choses à apprendre.

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tw - langage psychophobe, négligence émotionnelle (?)

Il aurait dû partir à la seconde où cette folle dangereuse avait prétendu être sa mère, mais Bran ne trouvait pas en lui la force de tourner les talons. Quelque chose le maintenait là, fermement ancré sur ce sentier de Grandview Park. L’endroit lui était d’ailleurs vaguement familier, malgré le peu de temps qu’il avait véritablement passé à Dupree. Toutefois, il ne pouvait penser à rien d’autre qu’aux mensonges de la femme en face de lui. Oh, she did her fucking homework. Comment pouvait-elle savoir pour les festivités du quatre juillet ? Qui avait parlé ? Qui avait trahi ? Bran se mordit la lèvre, livide. Ses grand-parents étaient morts il y a une dizaine d’années et n’auraient eu aucun intérêt à ébruiter l’affaire. Son père était Dieu sait où. Et il savait que Skylar n’aurait rien dit. Alors ? Quelqu’un à Dupree cherchait-il à lui faire payer un outrage passé ? Well, get in line, buddy, you’re not the first and won’t be the last, songea-t-il en expirant brutalement.
J’ai l’impression que tu ne sais pas ce que tu es, je me trompe ?
Il n’aurait pas su dire pourquoi, mais cette pique trancha plus profondément qu’il ne s’y attendait pas et Bran haussa un sourcil. « Je sais parfaitement ce que je suis. » répliqua-t-il, troublé. Du moins, il pensait le savoir, jusqu’à ce que sa blessure le contraigne au chômage technique. Une nouvelle pointe empoisonnée s’enfonça entre ses côtes à cette pensée, alors que l’intruse souriait, d’un sourire qui aurait pu être le sien.
Puis elle détourna les yeux et avant de suivre son regard, Bran observa son profil. La ressemblance était si parfaite qu’il en avait presque la nausée. C’était impossible, et pourtant, elle était la Stella des photos, simplement vieillie de quelques années. Mais pas assez pour que le puzzle ne soit terminé. Bran l’imita alors, balayant l’aire de jeux du regard.

Nous venions ici quand tu étais petit… 
Un mensonge, forcément un mensonge. Mais dans ce cas, pourquoi eut-il la sensation de comprendre Grandview Park lui était familier ? Ses tempes le brûlaient. La tête lui tournait. Les explications de la jeune femme le terrifiaient, mais il refusa de le montrer, préférant la bravade. « Ils ont bon dos. » répliqua-t-il, acide. Mais à nouveau, la jeune femme le poussa au pied du mur, se servant de détails qui n’auraient jamais dû sortir d’entre les murs de l’élégante maison des Rose. Que t’est-il arrivé après que j’aie disparu ? Crois-tu que c’est ce que je voulais ? Ébranlé, Bran ne répondit pas tout de suite. De toutes façons, il doutait que l’inconnue attende une quelconque réponse de sa part. « Papa m’a trouvé… » murmura-t-il, plus pour lui que pour elle. Il le faisait toujours. Pour un père absent et irresponsable, Anton Rose se tenait remarquablement au courant des allées et venues de son fils. Papa m’a trouvé. C’était les mots d’un gamin, blotti dans les replis de l’enfance. Ce matin-là, il avait échappé à la vigilance de sa babysitter et avait trotté jusqu’à la lisière de la forêt, et Anton l’avait héroïquement sauvé. L’anecdote avait régalé des dizaines d’invités, de dîners élégants en cocktails mondains - du moins, Bran le supposait, car son invitation se perdait toujours en cours de route. Papa m’a trouvé. En était-il vraiment certain ? Ou était-ce qu’on lui avait répété, année après année, jusqu’à ce que cette version des faits devienne la vérité ?
Nous venions ici quand tu étais petit. L’affirmation résonna à nouveau et le fit vaciller.
Plus elle persistait dans le mensonge et moins il pouvait tolérer sa présence. Stop. Please, stop. Chaque mot s’enfonçait en lui comme un coup de poignard. Elle ressortait la lame pour mieux la presser et la retourner entre ses côtes. Et pourtant, Bran ne pouvait pas bouger. Il restait stupidement planté là, à écouter les élucubrations de cette femme, au lieu de tourner les talons. Pourquoi ? Quelque chose l’empêchait de fuir, peut-être ces détails qui ancraient le récit de la jeune femme dans une réalité qu’il refusait tout net d’accepter.
Le 4 juillet. Les bois. Le parc.
Comment savait-elle ?
Pourquoi semblait-elle y croire si fort ?

Je pourrais te dire où j’étais, ces treize dernières années.
L’erreur l’extirpa de ses propres souvenirs, si grossière et si évidente qu’elle devait forcément prouver la mythomanie de celle qui lui faisait face. Bran eut presque envie de rire, mais il ne parvint qu’à arracher un ricanement interloqué. « Treize ans ? » répéta-t-il, la voix presque étranglée. Il fixa Stella - autant lui donner ce nom, puisqu’elle était prête à persister dans le mensonge - alors que la surprise se muait en colère, que son sang passait de feu à glace. « Il faut revoir les bases du calcul. » siffla-t-il en faisant un pas vers la jeune femme. Comment pouvait-elle s’entêter à ce point ? Elle portait la vérité sur son visage, qui ne dépassait pas les quarante ans. Comment aurait-elle pu être sa mère ? Qu’espérait-elle de lui ? « Ça fait trente- Trente ans que j’attends une réponse. Un signe. N’importe quoi. » Longtemps, il avait guetté une lettre. Il connaissait par coeur l’horaire de passage du facteur, ouvrait la boîte aux lettres les mains tremblantes, épluchait religieusement les brochures publicitaires, secouait les catalogues en espérant décoller une missive qui se serait perdue entre deux pages. En partant pour son école privée, il avait plus craint de manquer le courrier que de se retrouver dans cet univers inconnu et implacable. En grandissant, ses attentes s’étaient émoussées. Comme lorsqu’il dansait à s’en faire mal, il avait appris à suturer les plaies et à faire semblant qu’elles n’existaient pas. Mais comme toujours, la peine le trouvait, dans le creux de la nuit, dans un hall d’entrée rempli de parents anxieux de savoir si les chèques exorbitants qu’ils signaient à Edgewater étaient justifiés par les progrès de leurs enfants, qu’ils venaient observer le temps d’un gala ou d’une représentation. Bran les détestait tous et le dépit le poussait alors à faire regretter à chacun d’entre eux de s’être déplacé. Il était le meilleur, avec ou sans parents. « J’ai grandi seul. Seul. À chaque rentrée, mon père ne pouvait pas signer le chèque de mon école privée assez vite. » asséna-t-il, la voix glaciale. « Mais quoi que je fasse, quoi que je réussisse, ça ne méritait visiblement jamais autant d’attention que sa lubie du moment. » La voiture de collection, la petite amie aux jambes interminables, un business trip, un empêchement de dernière minute. Bran collectionnait les excuses comme d’autres des cartes. Il aurait pu construire des châteaux avec celles de son père, des structures aussi fragiles et bancales que les compétences parentales d’Anton Rose. Bran se mordit la lèvre. « Mais lui, au moins, il existait. Quelque part. » Le tranchant de sa voix se brisa en deux, comme une lame chauffée à blanc qu’on aurait écrasé.
Il baissa les yeux et le bout de ses chaussures lui parut flou.

Ne pas pleurer, ne jamais pleurer, ne montrer aucune faiblesse, aucune faille, ne pas pleurer, même lorsqu’il avait peur du noir, que les souvenirs de sa mère s’estompaient de sa mémoire, ne jamais pleurer, même quand il aurait voulu qu’on le prenne dans les bras pour lui dire que tout irait bien, qu’il n’avait pas à s’épuiser à la tâche pour être aimé. Être fort, intouchable, insaisissable, ne donner à personne l’opportunité de lui faire du mal, de le connaître. Would anyone love me if they really knew me?
Il avait perdu la seule personne qui lui ait donné la réponse. 

Une larme roula sur sa joue.
Mais fidèle à lui-même, Bran l’effaça rageusement. Il prétendrait qu’elle n’avait jamais existé. « Classic case, right? Le pauvre petit garçon riche ne reçoit pas l’attention de ses parents, il va la chercher ailleurs. » fit-il en relevant un regard féroce sur Stella. Elle voulait la vérité ? Il allait la lui donner. « Je ne pouvais rien accepter d’autre que la première place. » Still can’t, to this day. Il se mordit l’intérieur de la joue. Il aurait dû déballer tout ça sur le divan d’un professionnel, mais l’impostrice était-elle si différente ? Elle n’était qu’une toile vierge, une inconnue, sur laquelle il était facile de projeter toutes les émotions qui remontaient en lui. Sans s’en rendre compte, il avait serré les poings. « C’est la première place qui garantit les articles, les interviews. J’espérais qu’elle les lise. Qu’elle voit que je m’en sortais parfaitement sans elle. Je voulais qu’elle regrette, qu’elle se traîne à mes pieds pour me supplier de la pardonner. Je voulais qu’elle revienne pour lui claquer la porte au nez. » It would have felt so good. Il rejouait la scène, encore et encore, y ajoutait toujours un détail sanglant, une pique dévastatrice, ajustait le bruit que la porte faisait lorsqu’il la refermait sauvagement sur le visage flou de sa mère. « Je voulais qu’elle souffre comme elle m’avait fait souffrir. » trancha-t-il, féroce. 

Mais ce n’était que des revanches enfantines.
Il avait atteint l’âge auquel sa mère avait disparu - vingt-deux ans - et il avait continué à vivre sa vie, quand celle de Stella semblait s’être arrêtée nette.
Bien sûr, il avait envisagé que Stella n’était pas revenue tout simplement parce qu’elle était morte. Une autre famille fleurissait peut-être sa tombe. Un autre fils, qu’elle lui préférait pour toute une myriade de raisons inconnues. Bien entendu, Bran haïssait ce frère-fantôme, mais il finissait toujours par disparaître, remplacé par l’évidence : si Stella ne se montrait pas, c’était parce qu’elle ne le voulait pas.
Parce qu’elle ne l’aimait pas.
Parce qu’elle ne voulait pas de lui.
Une autre larme glissa sur sa joue et Bran l’effaça du revers de la main. « Mais je voulais aussi qu’elle vienne me voir, un soir. » avoua-t-il. Il regard quelque part au-dessus de l’épaule de Stella. « Qu’elle toque à la porte de ma loge, et qu’elle me dise qu’elle était désolée d’être partie si longtemps. Qu’elle me serre dans ses bras et qu’elle m’aime. Mais ça n’arrivera pas. » C’était si stupide. Il avait honte de ses mots, de ses chimères de gamin, de les livrer à cette inconnue. Malgré tout, en focalisant à nouveau sur Stella, il n’arriva pas à retenir ces mots qui suintaient de douleur enfantine : « Qu’est-ce que tu aurais à me dire qui puisse excuser le mal que tu m’as fait ? » Sa mère et l’intruse ne faisaient soudain plus qu’une.
Qu’avaient-elles à répondre à ça ?

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Stella Kahnwald
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De la Comète
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Allait-elle voir des infirmiers débarquer chez Auster dans quelques jours ? Ou un envoyé des Crépuscules ? Viendrait-on gérer le cas Kahnwald qui, à peine revenu après treize années — trente-et-une, se corrigea-t-elle avec amertume — de silence et d’absence, était à nouveau à l’origine d’un scandale à Dupree. À ce stade, s’en souciait-elle seulement ? Elle se fichait de subir les conséquences de ses paroles trop vibrantes. Qu’on l’enferme dans une sorte de prison, physique ou mentale, pour ce que ça pouvait lui faire, puisque sa seule raison d’être s’était évaporée dès qu’elle avait décelé la peur dans le regard de son fils devenu adulte.
Jamais elle ne pourrait réparer, jamais elle ne pourrait retrouver les années perdues. C’était le vide qui s’étendait devant elle. L’avenir, jusque-là obscur, était éclairé par cette nouvelle réalité et il n’y avait que les traces de son absence — ou l’absence de traces, justement. Passée inaperçue, sa disparition, sa situation rocambolesque. Passée sous silence, un soupir de répit après le tumulte. Stella Kahnwald n’était plus à Dupree et le monde s’en portait mieux. Elle aurait pu en rire si elle n’avait pas eu l’impression que la terre cherchait à l’engloutir.
Elle n’avait aucune défense et aucun angle d’attaque. Elle était coincé dans une sorte de No Man’s Land où elle n’était ni la jeune femme envolée dont Bran devait se souvenir, ni la femme qu’elle aurait dû être si elle avait suivi le cours normal du temps, au lieu de jouer les filles de l’air. Elle n’aurait pas dû être ici, elle était une anomalie spatio-temporelle. Elle n’avait jamais su trouver sa place, avait toujours eu le sentiment d’être une pièce qui ne s’insérait nulle part — ni entre ses parents, ni auprès de sa grand-mère, pas plus qu’auprès d’un homme ou d’un groupe d’amis. Et pas davantage aux côtés du garçon qu’elle avait mit au monde, constata-t-elle, le coeur en ébullition, la rage lui collant à la peau. Pourtant, le Cluster s’était éveillé à son arrivée. That must count for something, right ? Or was their old magic wrong too ?
— Je sais parfaitement ce que je suis, lui asséna Bran et Stella dut se mordre la langue pour ne pas le traiter de menteur.
Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure qu’il n’avait aucune idée de ce dont elle parlait, malgré ses efforts pour le cacher. Nice try, buddy, you can’t teach an old dog new tricks.. Le regard qu’elle lui rendit devait sûrement en dire long sur le fond de sa pensée, et elle s’abstint de le contredire, consciente que son silence serait plus révélateur que la moindre tentative de l’acculer.
Il aurait été plus simple de lui prendre la main et de le ramener en arrière, au souvenir que ce lieu  leur évoquait à chacun — autant dire que c’était mission impossible. Stella n’aurait pas su comment faire, ni les conséquences que cela aurait eu. Deux versions d’eux-mêmes pouvaient-elles cohabiter au même moment, dans la même ville ? Était-ce pour empêcher une telle irrégularité qu’elle avait été aspirée dans le temps ? Que ce serait-il passé si elle y était restée coincée jusqu’à l’année de son naissance ? Elle ne le saurait jamais et ne souhaitait pas se pencher sur les what ifs ? qui en découlaient. Stella Kahnwald n’avait jamais été de celles qui envisageait toutes les issues, elle n’allait certainement pas commencer aujourd’hui.
— Papa m’a trouvé…
La réponse de @Brandon Rose lui hérissa la peau, s’insinua dans ses veines et Stella ne parvint pas à cacher le dégoût que lui inspirait l’évocation d’Anton Rose. Elle aurait pourtant dû savoir que la demi-Fae qui servait de géniteur n’aurait aucun mal à localiser son fils — c’était sans doute la seule chose qu’il soit capable de faire, avec sa disposition affaiblie par sa moitié humaine. Il s’était sûrement bien gardé de s’en servir pour la chercher elle et, d’un autre côté, fallait-il s’en étonner, au vu de la façon dont leur mariage s’était terminé, de leur relation chaotique ?
— Bien sûr. Anton Rose, toujours au bon endroit, au bon moment, marmonna-t-elle en retour, secouant légèrement la tête, sans chercher à dissimuler son cynisme.
Elle savait que la discussion ne prendrait jamais le tournant espéré. Elle était piégée par sa propre réalité, par les mensonges que le père avait dû servir au fils, par l’ineptie de la situation. Néanmoins, Stella était incapable d’user de prudence, de chercher une tactique pour convaincre Bran. Elle voulait tout lâcher et le laisser se dépêtrer avec ces révélations, subir ces conséquences qu’elle avait toujours chassées d’un haussement d’épaules désinvolte. You seem so sure of yourself, let’s see what happens with the truth. How are you gonna handle it, smart-ass ?
— Treize ans ? Il faut revoir les bases du calcul.
Le regard que Stella darda sur son fils était électrique, teinté de cette fureur qui couvait et ne pouvait exploser. L’aurait-il crue si elle avait affiché la cinquantaine qu’elle était censée avoir aujourd’hui ? Sans doute. Si les choses s’étaient passées normalement — si tant est qu’on puisse considérer qu’il puisse y avoir une normalité à ces voyages temporels — elle aurait dû revenir à l’été 2004 et non 2022. Elle ne pouvait expliquer cette erreur d’aiguillage et il n’allait pas manquer une occasion de le pointer.
Bran s’avança vers elle et sans doute aurait-elle dû s’inquiéter pour sa sécurité, s’il n’avait aucune maitrise de sa disposition, mais il n’était pas encore venu, le jour où Stella Kahnwald reculerait face à un homme. Alors elle se borna à un pincement de lèvres buté, les paupières légèrement plissées — les muscles légèrement contractés, prêts à l’action s’il osait tenter quoi que ce soit.
— Ça fait trente ans que j’attends une réponse. Un signe. N’importe quoi. J’ai grandi seul. Seul. À chaque rentrée, mon père ne pouvait pas signer le chèque de mon école privée assez vite. Mais quoi que je fasse, quoi que je réussisse, ça ne méritait visiblement jamais autant d’attention que sa lubie du moment. Mais lui, au moins, il existait. Quelque part.
La réponse la heurta plus que s’il l’avait giflée et durant un court instant, le chagrin enflamma les yeux clairs de la Fae égarée. Elle vit la douleur fissurer le masque de Bran. Son air grandiloquent n’était qu’une façade de carton et elle éprouva une vague de haine pour Anton, qui n’avait pas profité de la chance qu’il avait, tandis qu’elle se morfondait, seule, si proche et si loin à la fois, à des années lumières de la vie qu’elle avait espérée. Comment lui dire qu’elle avait cherché tous les moyens pour le retrouver ? Qu’elle n’en avait eu aucun pour lui révéler où elle était ? Comment était-elle supposée avertir quiconque, à cinquante ans d’intervalle ?
— Classic case, right ? Le pauvre petit garçon riche ne reçoit pas l’attention de ses parents, il va la chercher ailleurs.
Bran continuait à déverser sur elle son mal-être et elle l’accueillait, silencieuse. Ou, plutôt, elle était ensevelie dessous, les membres ankylosés, la gorgée nouée, incapable de proférer le moindre mot pour le faire taire ou lui assurer qu’elle n’avait jamais voulu tout ça. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était soutenir son regard, accepter qu’elle était responsable de cette situation, que ce n’était que le juste revers de ses décisions insensées. Détourner le regard, ç’aurait été admettre qu’elle était dépassée par leur échange, lui laisser croire qu’elle faiblissait, qu’elle mentait.
— C’est la première place qui garantit les articles, les interviews. J’espérais qu’elle les lise. Qu’elle voit que je m’en sortais parfaitement sans elle…
Elle avait ouvert la bouche pour répliquer qu’elle n’aurait eu aucun moyen de les lire, ces articles, ces interviews, mais la suite de la tirade lui fit refermer les lèvres et elle vit là le digne fils de sa mère. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire amer et elle secoua la tête. Il parlait à nouveau d’elle comme d’une tierce personne qui ne se tenait pas face à lui, qui n’était pas écorchée par chacune de ses déclarations.
— Qu’est-ce que tu aurais à me dire qui puisse excuser le mal que tu m’as fait ?
Bran la regardait mais elle n’était pas certaine qu’il la voie vraiment. Elle le dévisagea, étranger et familier. Elle savait qu’il n’entendrait rien de ce qu’elle lui disait. Sa réponse importait-elle seulement ? Ne s’était-il pas déjà fait un avis sur la question ? Pourtant il lui offrait une occasion de parler, ne devait-elle pas la saisir ?
— J’ai souffert, finit-elle par extraire de sa gorge serrée. Chaque jour, chaque nuit, depuis le jour où j’ai eu la bêtise de croire que je pouvais disparaitre avec toi. Il n’aurait jamais pu nous retrouver, là où je projetais d’aller. Il y a des endroits où Anton Rose ne pouvait pas me suivre. Je nous voyais déjà vivre la belle vie, loin de Dupree. Personne pour nous dicter qui nous étions, ce que nous devions faire. Juste toi et moi.
Son attention s’échappa, alors qu’elle se figurait cette vie manquée. À l’époque, cela lui avait semblé le plan parfait, elle n’avait pas envisagé toutes les choses qui pouvaient déraper. Aujourd’hui, elle réalisait à quel point elle avait été naïve, irréfléchie, agissant ainsi parce qu’elle se sentait manipulée, piégée.
— Mais les choses ne se sont pas passées comme prévues. Tu es resté ici et je me suis retrouvée coincée ailleurs. Tu ne crois pas que j’ai regretté chaque seconde depuis ce jour-là ? Que je n’ai pas essayé de revenir ? Je n’ai aucun moyen de réparer mes erreurs passées. Je dois vivre avec les conséquences de mes actes, avec le temps qui s’est envolé et que je ne rattraperai jamais.
Sa voix était sur le point de se briser et elle se tut, déglutissant pour maitriser ses émotions.
— Je n’avais aucun moyen de te contacter. Aucun moyen de savoir ce que tu étais devenu, et même si tu étais vivant. J’ai souffert de t’avoir perdu, rongée à l’idée d’avoir pu causer ta mort. La dernière image que je gardais de toi, c’était ton regard apeuré et ta fuite quand j’ai voulu te forcer à venir avec moi.
Elle ferma les yeux, ne supportant pas ce souvenir du jour où tout avait basculé, où sa vie lui avait échappé.
— Je n’ai jamais été une sainte, Cabeswater m’en est témoin, mais je refuse que quiconque dise que je n’ai pas aimé mon enfant. Je n’ai jamais aimé personne d’autre que Bran. Je ne supportais pas l’idée qu’on me l’enlève, qu’on m’empêche de le voir, qu’on me juge indigne d’être sa mère. Je passais mes journées à attendre le moment où on me laissait le voir. Ce n’était pas une vie. C’est pour ça que j’ai voulu partir, que je suis allée le chercher à l’aube, quand tout le monde dormait. Nous n’avions pas à aller loin. Il fallait juste que ce soit assez proche de la source. Ensuite, nous aurions été saufs, libres de nos mouvements et de nos vies.
Elle parlait de son fils comme Bran parlait d'elle, comme d’un être disparu, parce que c’était bien ça, non ? Elle ne retrouverait jamais son enfant, elle l’avait perdu à jamais. Elle avait ruiné sa propre existence et réalisait maintenant qu’elle avait gâché celle de Bran. Jamais il ne lui était venu à l’esprit que son absence avait pu le faire souffrir autant. Il devait forcément la croire morte, avoir fait son deuil, pas se demander chaque jour pourquoi elle l’avait abandonné.
Lorsqu’elle rouvrit les paupières, son regard avait retrouvé sa détermination teintée de hargne et la suite, elle le dit les dents serrées de colère, la voix rauque :
— Je sais que tu ne me croiras pas alors va voir ton père. Interroge-le. Demande-lui d’où tu viens, ce qui coule dans ton sang. Il m’a peut-être effacée de votre vie mais il n’effacera jamais ta disposition. Dis-lui que s’il ne le fait pas, c’est moi qui le ferai.
La Fae de la Comète fit un pas vers Bran, l’étudia un instant, subjuguée par sa réalité, puis elle ajouta, le ton voilé d’une ombre mystérieuse :
— Et s’il te prend l’envie de vérifier si je mens, je te suggère de consulter les archives de la gazette de Dupree. L’été 1948. Lorsque la fête foraine s’est installée près du lac. J’y étais. Le 4 juillet. Tu constateras que je peux être là-bas et ici et tu m’expliqueras pourquoi je ne pourrais pas être celle que je prétends être.
Elle posa l’index contre son torse et appuya une seconde avant de laisser retomber sa main :
— Nous n’étions pas prêts pour cette rencontre mais j’ai appris à vivre avec les imprévus. Tu t’y feras.
Il y serait bien obligé, songea-t-elle, alors qu’elle sentait les liens du Cluster se tisser entre eux. Il pourrait nier tant qu’il voulait, un jour ou l’autre, il faudrait qu’il affronte la réalité.
Il état un fils de la Comète.
À jamais à elles, songea-t-elle alors qu’elle le laissait digérer ce qu’il venait d’entendre.

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I'll stare directly at the sun but never in the mirror
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